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INSOLITE - Parmi les « scoops » du magazine : Cheney est un robot et Elvis Presley n’est pas mort « Le seul journal fiable au monde » met la clef sous la porte

C’est bien connu, la presse ne dit pas tout. Sauf bien sûr « Weekly World News » (WWN), le plus saugrenu des hebdomadaires américains, « le seul journal fiable au monde » comme il se présente lui-même ironiquement, qui va cesser sa parution à la fin du mois. Fondé en 1979, imprimé en noir et blanc sur un papier de piètre qualité, vendu principalement dans les supermarchés, Weekly World News a couvert l’actualité comme aucun autre magazine. Dans son dernier numéro, WWN annonce, photo à l’appui, qu’« une femme a donné naissance à un ange ». La une est illustrée d’un chérubin, auréole au-dessus de la tête et ailes blanches accrochées dans le dos. « Naturellement, écrit sans rire le magazine, la naissance de ce qui apparaît comme le premier croisement humain-ange des temps modernes a créé une certaine sensation à l’hôpital général de Reno (Nevada). » Ainsi va le monde dans les pages de WWN, le journal qui a fait de l’absurde sa raison d’être. Sans jamais se départir d’un ton sérieux, l’hebdo donne libre cours à l’imagination farfelue de ses rédacteurs parmi lesquels se cachent, paraît-il, quelques anciennes plumes de journaux très respectables. Pour ceux qui seraient tentés de croire aux nouvelles extravagantes imprimées dans les 48 pages du WWN, une note, en petits caractères en bas de la page deux, précise que « la plupart des faits relatés sont des fictions ». « Le lecteur devrait renoncer à croire à ce qui est écrit et juste prendre du plaisir », ajoute judicieusement la note. Parmi les « scoops » du magazine, la révélation que le vice-président Dick Cheney est un robot, qu’Elvis Presley n’est pas mort et vit à Kalamazoo, ville bien réelle du Michigan, ou que douze membres du Congrès sont des extraterrestres. Le journal a également inventé quelques personnages qui sont devenus des figures de la culture populaire américaine comme le fameux « Bat Boy », mi-chauve-souris, mi-humain qui, au fil des numéros, a déjoué nombre de complots terroristes, s’est livré à maintes poursuites automobiles avec les autorités et a cherché en vain à se présenter au poste de gouverneur de Californie. « Dès le début, nous voulions faire quelque chose de totalement différent », explique Iain Calder, ancien président d’American Media Inc., éditeur du WWN. Différent, le WWN l’est sans conteste, mais il fait face aux mêmes difficultés que beaucoup d’autres journaux. Alors qu’au début des années 80, le magazine vendait jusqu’à 1,2 million d’exemplaires, il ne compte plus qu’environ 80 000 lecteurs. Pratiquement sans ressources publicitaires, il doit faire face à la concurrence impitoyable de l’Internet où le bizarre n’est parfois qu’à un clic de souris. Parmi les lecteurs célèbres du WWN figure le président George W. Bush, photographié pendant la campagne présidentielle de 2000 avec un numéro du magazine proclamant : « Les extraterrestres soutiennent Bush comme président ! » America Media Inc., qui publie également National Enquirer et Star, des magazines spécialisés dans les ragots sur des personnalités du monde du spectacle, n’a pas donné d’explication à l’arrêt de WWN. Le magazine continuera d’être publié en ligne (www.weeklyworldnews.com), a assuré son éditeur. Mardi, le Washington Post a rendu hommage au WWN qui, selon le grand quotidien de la capitale, « a pris des libertés avec les faits, mais a su capturer l’esprit de l’époque ». Emporté par son élan, le quotidien aux multiples Pulitzer n’hésite pas à comparer les titres abracadabrants de son confrère aux meilleurs des haïkus. « Nous n’avons jamais pris ce que nous faisions au sérieux. Cela n’a jamais été du journalisme au sens où on l’entend. C’est peut-être la raison du succès que nous eûmes », a estimé, modeste, M. Calder.

C’est bien connu, la presse ne dit pas tout. Sauf bien sûr « Weekly World News » (WWN), le plus saugrenu des hebdomadaires américains, « le seul journal fiable au monde » comme il se présente lui-même ironiquement, qui va cesser sa parution à la fin du mois.

Fondé en 1979, imprimé en noir et blanc sur un papier de piètre qualité, vendu principalement dans les...