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Actualités - CHRONOLOGIE

Le provocateur flamand Jan Fabre à l’assaut de Salzbourg

L’artiste belge Jan Fabre franchira une nouvelle étape sur le chemin de la consécration en faisant fin août ses débuts au Festival de Salzbourg, où son travail sans tabou sur le corps, l’animalité et la mort ne devrait pas laisser indifférent. Dans la très soignée ville natale de Mozart, le regard de défi de cet homme de 49 ans orne la façade du Manège des rochers (Felsenreitschule), signe de la place d’honneur accordée localement cet été à un créateur polymorphe, à la fois plasticien, chorégraphe et metteur en scène. C’est là que Jan Fabre va présenter du 26 au 29 août sa nouvelle création, Requiem pour une métamorphose, avant de la donner en septembre à Bochum (Allemagne) dans le cadre de la RuhrTriennale puis à Vilnius. En attendant le spectacle, le public peut se familiariser avec l’univers singulier de l’artiste grâce à une intéressante exposition évoquant son travail à travers 150 œuvres présentées jusqu’au 28 octobre au musée d’art moderne MdM (Museum der Moderne) Rupertinum. Les dessins, croquis préparatoires et maquettes de Jan Fabre voisinent avec des clichés, souvent dans un noir et blanc léché, de photographes ayant accompagné la démarche et immortalisé les productions de l’artiste, tels l’Américain Robert Mapplethorpe et l’Australien Helmut Newton. Né à Anvers, où il a monté en 1986 sa propre compagnie, Troubleyn, Jan Fabre, qu’un hebdomadaire bruxellois a récemment classé parmi « les 100 qui font la Belgique », a très tôt pris sa part dans le bouillonnement de l’avant-garde artistique flamande. Dès la fin des années 1970, il se lance dans des « money performances » au cours desquelles il brûle des liasses de billets de banque prêtés inconsciemment par les spectateurs et dessine avec leurs cendres, traitant ainsi de façon polémique de la relation entre l’œuvre et la marchandise. L’exposition du MdM, « Le temps emprunté », remonte précisément celui de Jan Fabre depuis Le pouvoir de la frénésie théâtrale, pièce scandaleuse de 1984 sur la cruauté et la vulnérabilité de l’homme, que l’auteur a préparée par des schémas touffus griffonnés à la pointe d’un stylo bic bleu. Plusieurs des spectacles de l’artiste anversois ont témoigné de son rapport obsessionnel aux sécrétions corporelles sous toutes leurs formes (sang, larmes, salive, sueur, urine, sperme). Jan Fabre utilise ainsi son propre sang pour enluminer les esquisses, aux allures de codex moyenâgeux, réalisées en amont de Je suis sang, son Conte de fées médiéval créé en 2001 dans la Cour d’honneur du Palais des papes d’Avignon (France). La suite naturelle de ce travail fut The Crying Body (« Le corps criant »), spectacle présenté en 2004 à Anvers, où des femmes urinaient sur scène, un homme au physique christique était couvert de crachats et des danseurs parodiaient péniblement l’acte sexuel. Avec son théâtre très visuel agrémenté d’une prose poétique que certains jugent fumeuse, Jan Fabre bouscule voire agace un public qui lui manifeste parfois bruyamment son hostilité. Il témoigne sur scène de l’humanité dérisoire en la mettant crûment à nu ou en la croisant avec l’animalité, comme dans Les guerriers de la beauté – surnom affectueux qu’il donne à ses danseurs-comédiens – où des scarabées grouillent autour du sexe d’une femme recouverte d’un film plastique. Ce presque parfait homonyme de l’entomologiste français Jean-Henri Fabre (1823-1915) confirmera sa passion pour les insectes dans son Requiem pour une métamorphose, où un omniprésent papillon participera à une messe des morts qui devrait interpeller le public salzbourgeois.

L’artiste belge Jan Fabre franchira une nouvelle étape sur le chemin de la consécration en faisant fin août ses débuts au Festival de Salzbourg, où son travail sans tabou sur le corps, l’animalité et la mort ne devrait pas laisser indifférent.
Dans la très soignée ville natale de Mozart, le regard de défi de cet homme de 49 ans orne la façade du Manège des rochers...