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Le président du Parti socialiste italien analyse la conjoncture au P-O Gianni De Michelis : Les prochains mois seront décisifs pour la région

«Les prochains mois seront cruciaux pour la région qui témoigne en ce moment d’une course entre deux options contradictoires, mais décisives pour l’avenir, à savoir l’option de la paix et du dialogue ou celle d’une déflagration générale. » C’est ce qu’a affirmé hier l’ancien ministre italien des Affaires étrangères, actuellement président du Parti socialiste italien et membre du Parlement européen, Gianni De Michelis. Dans un entretien express accordé à L’Orient-Le Jour, le député a souligné « la précarité de la situation au Proche-Orient », notamment dans des pays comme le Liban, l’Irak ou la Palestine. « Nous assistons désormais à une course entre l’option de la paix et celle de la guerre, d’où le souci de l’Europe de promouvoir le dialogue politique en le privilégiant sur l’escalade », précise-t-il. « Si l’on ne fait pas prévaloir une solution politique dans ces pays, nous devons certainement nous attendre à une éruption de la violence qui ne manquera pas de faire tache d’huile », a ajouté le député. M. De Michelis a insisté à ce propos sur le rôle joué par son pays dans la région en général et au Liban en particulier depuis la guerre de juillet surtout, l’Italie ayant choisi de favoriser « une approche multilatérale qui favorise les solutions politiques plutôt que militaires », a-t-il dit. Preuve en est, « la contribution politique, diplomatique et même militaire » (au sein de la Finul), autant d’instruments qui ont aidé à parvenir à la cessation des hostilités entre le Liban et Israël, rappelle le député. Tout en essayant de convaincre Israël et les États-Unis de l’utilité d’un dialogue politique dans la région, l’Italie a clairement opté pour la prise en compte des suggestions parues dans le rapport Baker-Hamilton établi sur requête de l’Administration US. « Depuis l’an dernier, la diplomatie italienne tente de favoriser l’approche multilatérale qui consiste notamment à privilégier le dialogue, que ce soit avec la Syrie ou l’Iran », a-t-il précisé, soulignant que l’option du dialogue est également partagée par des pays comme la France et la Grande-Bretagne, qui ont tous deux connu des changements respectivement à la tête de la présidence et du gouvernement, après l’Italie avec l’accession de Romano Prodi à la tête du gouvernement. « Rome, Paris et Londres ont ainsi opéré un revirement notable dans leur politique étrangère avec le remplacement par exemple de Berlusconi (Sylvio), de Chirac (Jacques), et de Blair (Tony) », autant de décideurs qui, selon lui, avaient privilégié une politique plus musclée dans la région, et pour la France chiraquienne, « une politique de parti pris au Liban », a affirme M. De Michelis. « C’est la raison pour laquelle nous pouvons dire qu’il y a un nouvel espoir aujourd’hui avec des leaders européens tels que Brown, Angela Merckel, Nicolas Sarkozy et Romano Prodi qui optent pour une nouvelle politique rendant possible une position européenne unifiée », a ajouté M. De Michelis. « Ce qui est certain c’est qu’il est désormais impossible de garder le statu quo actuel. Les dés seront jetés d’ici à la fin de l’année tout au plus et les choix réduits à deux : le dialogue ou la guerre », a-t-il tranché. Place au dialogue donc, à l’échange et au développement des institutions dans le monde arabe, une vision que l’Europe encourage en essayant de favoriser une attitude constructive plutôt que destructrice. C’est à ce titre d’ailleurs que M. De Michelis, également président de l’Ipalmo (Institut pour les relations entre l’Italie, d’une part, et les pays d’Afrique, de l’Amérique latine, du Moyen et de l’Extrême-Orient, d’autre part), est venu au Liban. Au lendemain de la signature, en juillet 2006, d’un accord de coopération avec l’ONU, l’Ipalmo vient de lancer un projet portant sur « le renforcement des capacités des institutions parlementaires et la promotion de la participation citoyenne dans les pays arabes et le Moyen-Orient ». Le projet concerne, dans un premier temps, dit « phase pilote », le Liban, l’Irak – représentés chacun par 12 parlementaires – et la Jordanie, qui aura six parlementaires. Soutenu par le Programme sur la gouvernance dans le monde arabe (Pogar), le projet vise à encourager la participation citoyenne aux affaires publiques en renforçant les capacités et potentialités des parlementaires concernés en vue de promouvoir le dialogue politique et social, et ce dans le respect du principe de représentation des différents groupes sociaux et communautaires qui constituent les sociétés plurales, telles que la société libanaise. C’est dans cette logique que l’on comprend d’ailleurs l’insistance de M. De Michelis pour que ce premier séminaire se tienne au Parlement libanais même – symbolique oblige – fermé devant les députés depuis plusieurs mois déjà. Si cette fois-ci les parlementaires de l’opposition étaient en nombre important – aux côtés de leurs homologues irakiens et jordaniens –, cela ne signifie pas que ceux de la majorité ne participeront pas à la seconde phase du projet qui se tiendra dans quelques mois à Rome, précise le député Italien, ou encore à celui prévu ensuite à Bruxelles. Tout en profitant aux représentants des trois pays qui sont appelés à partager leurs expériences respectives avec celles des députés italiens, le projet bénéficie également au Parlement italien qui ambitionne de se familiariser avec les institutions démocratiques du pays, leurs institutions et leur société civiles, explique le député. D’où l’invitation faite aux intellectuels, académiques et membres d’ONG à exploiter cette tribune pour enrichir l’échange et faire entendre leur voix. Je. J.
«Les prochains mois seront cruciaux pour la région qui témoigne en ce moment d’une course entre deux options contradictoires, mais décisives pour l’avenir, à savoir l’option de la paix et du dialogue ou celle d’une déflagration générale. »
C’est ce qu’a affirmé hier l’ancien ministre italien des Affaires étrangères, actuellement président du Parti socialiste italien et...