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Turquie - Erdogan sommé de s’expliquer sur les revenus de son fils À la veille des élections, les adversaires durcissent le ton

À la veille des législatives turques, le discours politique des principaux adversaires a cédé la place aux attaques personnelles, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, dont le parti est donné gagnant, étant sommé de s’expliquer sur les revenus de son fils. Le ton est brusquement monté lorsque le chef du principal mouvement d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), Deniz Baykal, a attaqué M. Erdogan au sujet de son fils aîné. Ahmet Burak Erdogan, 28 ans, dont les études à l’université ont été payées par un riche homme d’affaires, ancien ami de son père, s’est récemment lancé dans le transport maritime en acquérant un cargo pour 2,1 millions de dollars (1,5 million d’euros). M. Erdogan, interrogé par les télévisions sur l’origine de cet argent a voulu dédramatiser : « Il y a bateau et petit bateau », a-t-il noté, affirmant que le cargo avait été acheté grâce à un prêt bancaire concédé à son fils et son associé. « Pourquoi ne pas l’acheter s’il peut être amorti en quelques années ? » a-t-il lancé, défendant le droit de son aîné de faire des affaires. Cela n’a pas empêché M. Baykal de contre-attaquer et de demander comment un jeune homme avait pu trouver une telle somme pour s’acheter un bateau de 96 mètres de long, « suffisamment grand pour contenir 200 poids lourds », sans avoir recours aux relations de son père. « Si le fils d’un Premier ministre qui affirme lutter contre la corruption s’achète un cargo qui vaut des millions de dollars, bien sûr que cela devient un sujet de campagne. Quelle banque a accordé ce prêt et avec quelle garantie ? » a insisté M. Baykal jeudi soir sur la chaîne d’information NTV. Le CHP a fait fabriquer des pin’s en forme de bateau pour tourner en dérision les explications d’Erdogan. Le parti a également fait publier des affiches d’une page dans les quotidiens où figurent Erdogan et plusieurs de ses ministres, dont celui des Finances accusé de népotisme, sous le slogan « grande corruption » avec la photo d’un cargo. M. Erdogan, dont le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) est au pouvoir depuis les législatives de 2002, a répliqué en demandant à M. Baykal de rendre public le montant de sa fortune et celle de son épouse. Avant d’arriver au pouvoir en 2003, M. Erdogan avait dû s’expliquer devant la justice sur l’origine de sa fortune qui dépasse le million de dollars. Il avait été blanchi. Originaire d’une famille modeste et disposant d’un grand charisme auprès des classes populaires, il avait ensuite publiquement annoncé qu’il se retirait des affaires. Malgré la polémique, l’AKP reste le grand favori du scrutin, devançant largement ses adversaires, selon les derniers sondages. Plusieurs quotidiens ont cependant critiqué des enquêtes qui vont jusqu’à créditer l’AKP de 48 % des suffrages, estimant qu’elles sont le fruit de la « propagande » du parti. Une délégation de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe doit assister aux élections anticipées de dimanche, convoquées après une grave crise déclenchée par la tentative de l’AKP d’imposer au Parlement l’élection de son candidat à la présidentielle, le chef de la diplomatie Abdullah Gül, ex-figure de la mouvance islamiste. L’armée était intervenue avec une mise en garde contre toute remise en cause du principe de la laïcité. Après l’annulation du 1er tour de la présidentielle par la Cour constitutionnelle, Erdogan a décidé de convoquer des élections pour sortir de la crise.

À la veille des législatives turques, le discours politique des principaux adversaires a cédé la place aux attaques personnelles, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, dont le parti est donné gagnant, étant sommé de s’expliquer sur les revenus de son fils.

Le ton est brusquement monté lorsque le chef du principal mouvement d’opposition, le Parti républicain du...