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Actualités - OPINION

Interrogation respectueuse

Le siège du patriarcat de Bkerké est considéré, à juste titre, comme un recours (marja’) auprès duquel on vient chercher des directives ou, du moins, des clarifications pour, selon l’expression courante, « éclairer sa religion ». Or, dans la conjoncture présente où tout est brouillé, nous sommes, avec raison, perplexes sur la situation institutionnelle de ceux qui détiennent le pouvoir. Pour être plus précis, nous sommes perplexes sur ce que pense ce siège supérieur chrétien qui pèse lourd dans la scène politique. À cet égard, en tant que chrétiens et comme citoyens, nous nous estimons suffisamment justifiés à formuler respectueusement une interrogation pour clarifier et surtout comprendre la position de nos autorités spirituelles. 1°) Dans son homélie dominicale du 15 juillet, le patriarche a dénoncé « la confusion qui affecte les groupes nationaux, comme si chaque groupe ou communauté voudrait avoir une patrie qui lui est propre ou gérer, seul, les affaires du pays, indépendamment des autres communautés » (L’Orient-Le Jour du 16/7/07, p.2). Cela pourrait-il viser une situation (imaginaire) où les Libanais formeraient comme des communautés tribales diverses, sans un pouvoir centralisateur responsable de l’ordre dans ce pays ? Serait-ce l’intention de ces propos dominicaux ? Nous ne le pensons pas car alors, faudrait-il hâtivement recourir à des « réexplications » et des mises au point embarrassées, comme cela a dû être fait lors de précédents pas lointains ? 2°) Depuis les troubles déclenchés après juillet 2006, lorsque l’opposition, renforcée par les numéros un et deux de l’État, s’est attaquée au gouvernement Siniora, les protagonistes ont gardé contact avec les autorités spirituelles, essayant chacun de gagner celles-ci. Or, du côté musulman, la plus entière clarté a caractérisé les propos énergiques du mufti de la République, qui a soutenu « le gouvernement légal » sans sinuer, et condamné avec véhémence les procédés de l’opposition (descente dans la rue, manifestations qui allaient dégénérer en violences, sit-in en violation du domaine public et des propriétés privées). Il a mis en garde contre les torts graves qui allaient être causés au pays dans tous les domaines et dénoncé les périls que ces actions illégales faisaient courir. Par contre, du côté chrétien, il semble que, délibérément, on se soit scrupuleusement tenu « à égale distance des parties », plaçant l’opposition sur le même pied que le gouvernement quoique celui-ci, contre vents et marées, tienne la barre d’une main ferme, un gouvernement reconnu par la communauté internationale, qui conclut – et continue de négocier – d’importants accords, notamment Paris III. Or les critiques et reproches que prononce (encore) la hiérarchie chrétienne frappent indistinctement tout le monde, aussi bien le pouvoir légitime en place que l’opposition laquelle, toutes affaires cessantes, s’emploie de toutes ses forces à le renverser. Même jusqu’à ce jour, la hiérarchie évite soigneusement de prononcer le mot « gouvernement légal », comme si elle avait honte de témoigner aux gouvernants un minimum de considération. Les dures remontrances assénées aux acteurs sur la scène politique ne font toujours pas de distinction entre les antagonistes, « tous également reprochables », comme s’il n’existait pas au Liban de pouvoir responsable qui devra inéluctablement rendre compte de sa gestion. Tout cela a abouti à la « confusion » dénoncée dans la dernière homélie dominicale qui a déploré l’existence de « groupes ou communautés », triste constat d’une situation à laquelle, toujours selon l’homélie, « les responsables » nous ont amenés. Ne pouvons-nous donc pas, pour une fois, formuler respectueusement ces interrogations ? Albert SARA Avocat
Le siège du patriarcat de Bkerké est considéré, à juste titre, comme un recours (marja’) auprès duquel on vient chercher des directives ou, du moins, des clarifications pour, selon l’expression courante, « éclairer sa religion ». Or, dans la conjoncture présente où tout est brouillé, nous sommes, avec raison, perplexes sur la situation institutionnelle de ceux qui...