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La cour d’honneur du Palais des papes transformée en lieu de vie

Du linge sèche sur un rebord, des cris d’enfants résonnent : sans se contenter d’y représenter Feuillets d’Hypnos de René Char, Frédéric Fisbach a fait du plateau de la cour d’honneur du Palais des papes d’Avignon un lieu de vie pour lui, son équipe, voire le public. Durant trois jours, jusqu’à demain mercredi, une dizaine de comédiens et d’artistes, accompagnés pour certains de leurs ami(e)s, conjoint(e)s et enfants, ont prévu d’habiter la vaste scène (40 mètres d’ouverture) du lieu emblématique du Festival d’Avignon depuis 60 ans. Le spectateur, depuis toujours au centre de la démarche artistique de Frédéric Fisbach, y est naturellement le bienvenu, avec pour seule limite celle des places disponibles. Le matin, quarante-cinq chanceux peuvent partager un petit-déjeuner avec les membres de l’équipe artistique, qui anime plus tard dans la matinée un atelier de pratique théâtrale ouvert à une centaine de personnes. Après le repas du midi et la sieste des habitants de la cour, trois visites successives sont organisées par groupes de 15 à la découverte du dispositif scénographique des Feuilles d’Hypnos. Puis l’ouverture au public prend un ton plus docte lors de causeries avec des intellectuels invités, tels les philosophes Marie-José Mondzain et Étienne Balibar Les festivaliers, qui n’ont pas l’habitude de fouler cette scène chargée d’histoire, sont comblés. « Merci de nous recevoir, c’est formidable ! » lance une spectatrice à Frédéric Fisbach, qui fait la visite avec beaucoup de gentillesse et de pédagogie. Son scénographe Laurent P. Berger a conçu une suite de modules d’habitation en mélaminé, matériau idéal car éphémère et peu onéreux. De jardin à cour, le spectateur passe devant des chambres pas plus grandes qu’un lit double, traverse les douches collectives, arrive dans la cuisine, qui donne sur les gradins et un terrain de volley-ball dessiné au sol. Sous le ciel provençal, ce dispositif s’organise selon une « chaîne climatique » agréable avec léger brouillard dans le couloir, rideau de pluie rafraîchissant devant une chambre, zones d’ombre ou plus ensoleillées, etc. « La question s’est posée : est-ce qu’on accorde autant d’importance aux visites qu’à la représentation ? Pour moi, oui. Pour moi, le théâtre est un lieu d’habitation », explique Frédéric Fisbach à une poignée de visiteurs. « Ce lieu, on se l’est très vite approprié », poursuit le metteur en scène, qui parle de « doux enfermement ». Ces locataires temporaires se sont en effet engagés à ne pas quitter la cour pendant trois jours. « Mais nous avons des frères qui vont chercher à l’extérieur ce dont nous avons besoin », s’amuse Frédéric Fisbach.
Du linge sèche sur un rebord, des cris d’enfants résonnent : sans se contenter d’y représenter Feuillets d’Hypnos de René Char, Frédéric Fisbach a fait du plateau de la cour d’honneur du Palais des papes d’Avignon un lieu de vie pour lui, son équipe, voire le public.
Durant trois jours, jusqu’à demain mercredi, une dizaine de comédiens et d’artistes,...