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Espionnage - Le ton est monté entre les deux capitales après le refus russe d’extrader Andreï Lougovoï Affaire Litvinenko : Londres a une marge de manœuvre réduite pour répondre à Moscou

Londres envisage des mesures de rétorsion envers Moscou, après le refus des autorités russes d’extrader le principal suspect de l’empoisonnement de l’ex-agent russe Litvinenko, mais la marge de manœuvre de la Grande-Bretagne est très étroite, soulignent les experts. Le ton est monté entre Londres et Moscou cette semaine, après le refus officiel russe reçu par le parquet britannique quant à sa demande d’extradition d’Andreï Lougovoï. Cet ex-membre du KGB reconverti dans les affaires est considéré par Scotland Yard comme le principal suspect de l’empoisonnement au polonium – une substance radioactive rarissime – d’Alexandre Litvinenko, ex-agent russe devenu opposant au Kremlin qui est décédé à Londres en novembre. Le gouvernement britannique a qualifié mardi d’« extrêmement décevant » le refus russe, précisant n’écarter « aucune option ». De son côté, le parquet général russe a accusé hier la Grande-Bretagne d’être une terre d’accueil pour les criminels russes. « Il n’est un secret pour personne que ces dernières années la Grande-Bretagne est devenue l’un des pays “préférés” où l’on peut se cacher des crimes commis en Russie », affirme le parquet général dans un communiqué. Le parquet russe dénombre 21 cas où Moscou demande en vain depuis 2002 à Londres d’extrader en Russie des personnes accusées d’« assassinat, de terrorisme, d’enlèvement et de blanchiment d’argent ». « Je pense que vous pouvez vous attendre à quelque chose (une réponse) sous peu », a précisé jeudi Michael Ellam, le porte-parole du Premier ministre britannique Gordon Brown, sans vouloir commenter les mesures possibles. « Nous recherchons une relation constructive avec la Russie, mais il s’agit d’un crime vraiment grave commis à l’encontre d’un citoyen britannique sur le sol britannique », a souligné M. Ellam. « Je pense que les Britanniques vont prendre des mesures de représailles et que les Russes vont y répondre de façon musclée », observe Richard Sakwa, professeur de politique à l’Université du Kent, qui prévoit une escalade. Plusieurs quotidiens britanniques affirment que Londres s’apprête à expulser des diplomates russes. Et le Guardian, qui ne cite pas ses sources, indique que d’autres options sont également à l’étude, comme une révision de la coopération dans les domaines du commerce, de la lutte contre le terrorisme ou de l’éducation. « Les autorités britanniques veulent avant tout envoyer un signal, mais cela ne veut pas dire qu’il s’agira de mesures décisives au vu des intérêts en jeu », souligne Philip Hanson, analyste associé au centre de recherches en relations internationales Chatham House. M. Hanson souligne que la Grande-Bretagne a d’importants intérêts économiques en Russie, et que la diplomatie britannique comme ses homologues européennes cherchent à obtenir la coopération de Moscou sur le dossier nucléaire iranien. Les Occidentaux cherchent également à obtenir le soutien de Moscou à une résolution sur le statut du Kosovo. M. Sakwa estime, pour sa part, que « la Grande-Bretagne a réagi de façon disproportionnée » et que l’affaire Litvinenko, qu’il qualifie de « douteuse », « ne mérite pas d’entrer dans une nouvelle guerre froide avec la Russie ». Un analyste, qui a tenu à garder l’anonymat, ne partage pas cet avis. Il estime que la Grande-Bretagne ne peut rester inerte face à « ce qu’a fait Andreï Lougovoï (qui) peut être qualifié de terrorisme nucléaire ». Londres pourrait chercher à sanctionner des agences étatiques russes ou des individus, considérés comme responsables de l’empoisonnement, ou d’entrave à l’enquête de Scotland Yard, avance-t-il. Cet analyste estime qu’une révision de la coopération britannique dans la lutte contre le terrorisme, l’éducation, ou l’économie, est possible, « mais je ne sais pas qui perdra ou gagnera dans cette guerre », observe-t-il.


Londres envisage des mesures de rétorsion envers Moscou, après le refus des autorités russes d’extrader le principal suspect de l’empoisonnement de l’ex-agent russe Litvinenko, mais la marge de manœuvre de la Grande-Bretagne est très étroite, soulignent les experts.
Le ton est monté entre Londres et Moscou cette semaine, après le refus officiel russe reçu par le...