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CIMAISES - Jusqu’au 15 juillet, à la Cité internationale des arts à Paris Images du Liban, protagoniste de culture et non de douleur

Jusqu’au 15 juillet, à la Cité internationale des arts (18, rue de l’hôtel de ville, Paris IVe), des expositions qui « parlent du Liban au-delà de la guerre ». Cette manifestation, mise en place à l’initiative de Serge Akl, directeur de l’Office du tourisme du Liban, et de Jean Merhi, vidéaste et responsable des archives-vidéo de la Maison européenne de la photographie, vise à « observer ce pays à travers une optique de création afin de le rendre un protagoniste de culture et non de douleur ». Pour ce projet, lancé juste après le conflit de l’été 2006, trois artistes photographes résidant en France, P. Lomascolo, Anne-Françoise Pélissier et Robert Holden, ont été invités « en décembre 2006, dans le contexte difficile d’une crise politique grave, de manifestations et de contre-manifestations, et d’un ballet diplomatique tendu au sein de toute la région du Moyen-Orient, à visiter le Liban », indique Serge Akl. Ces artistes ont utilisé leur regard contemporain pour figer une nouvelle mémoire culturelle du pays du Cèdre. Cette exposition est le résultat de leurs expériences. À eux, s’associent également Joanna Andraos et Caroline Tabet, photographes libanaises, qui abordent les thèmes de la destruction et de l’absence dans un pays en perpétuel reconstruction Mon Liban : images et électrodes À travers une série de 35 images, de format 120 x 180 cm, collées directement aux murs (en tirages papier affiche mat), P. Lomascolo offre à voir Mon Liban ; My Lebanon. « Des hommes, des femmes, des enfants, croisés dans les rues libanaises. Multiples émotions, ethnies et religions coude à coude. Une idée toute personnelle du pays qu’ils habitent et qui les habite. Et une envie de capter la vision qui les traverse quand ils pensent et rêvent d’un Liban meilleur, de leur Liban idéal. » P. Lomascolo a demandé à ces inconnus de se prêter à cet effort imaginatif : visualiser la date à laquelle leur pays parviendrait à cet état idéal. Ceux qui ont accepté sont photographiés ici, yeux clos et électrodes posées sur le front, comme pour mieux laisser au public recréer dans sa tête les images – si liées à ce moment de l’histoire – qui traversent le cerveau de ces personnages. Le spectateur, délesté des stéréotypes et des constructions médiatiques et engagé d’une façon interactive, n’a plus qu’à se figurer quelle image personnelle ces Libanais se font de leur pays. Plasticien italo-espagnol, P. Lomascolo a étudié la neurobiologie et les sciences politiques à UCLA (Los Angeles) avant de collaborer au département d’art, où enseignent notamment Paul McCarthy et Chris Burden. S’il a recours à la photographie, il utilise aussi la vidéo et la performance, notamment pour explorer la stimulation du pouvoir imaginatif du cerveau du spectateur. Son travail fait partie de la collection de photographies contemporaines de la Bibliothèque nationale de France. Apnée et radiographie Témoin fasciné de la reconstruction après la guerre civile, Anne-Francoise Pelissier « radiographie », depuis 10 ans, le Liban. La guerre de l’été 2006 l’a particulièrement affectée et c’est avec son projet photographique qu’elle transcende une réalité de la vie ordinaire d’hommes, de femmes, de familles enracinés avec la perspective d’un départ éventuel, voire radical. Dans « Apnée », série de 24 images, en format 60 x 80 cm (tirages sur papier « Fine Art », collés sur plaque d’aluminium), Anne-Françoise Pélissier nous parle du monde réel tel qu’il l’entoure et nous plonge dans sa vision d’un Liban en « suspension ». « Quand je fixe ces lieux publics ou privés, soupape de sécurité des Libanais qui sont restés, qui restent, je ne peux taire la douleur des silhouettes. Et, comme pour vouloir rendre moins chaotiques les extérieurs, je m’accommode de la simple réalité des intérieurs. Portes grandes ouvertes, non pour fuir mais pour accueillir... entre le plein des êtres et le vide des lieux en apnée, moi je respire avec mes yeux un passé, un présent, un avenir », indique-t-elle dans le texte de l’exposition. Photographe indépendante, après une formation professionnelle à l’École nationale supérieure Louis Lumière, Anne-Francoise Pélissier évolue dans un monde visuel pour aller au plus proche d’un profond réalisme. Ses travaux concernent le reportage de société, l’urbanisme, l’architecture, le tourisme, l’identité et le mode de vie. « Lebanese Bride » de Holden et Chakra Dans Lebanese Bride, une vidéo-installation réalisée par Robert Holden, en collaboration avec le couturier Georges Chakra, trois projections numériques sur trois façades de tente de réfugiées, mélangées à des tissus de haute couture, rappellent la double identité paradoxale du Liban : la crise et la fête, la guerre et l’hédonisme. « Au Liban, toutes les femmes se marient en blanc, quelle que soit leur religion. L’esthétique du mariage traverse la société entière. La robe de mariée est un trait d’union et un symbole de vie. » Le photographe Robert Holden a amorcé son projet en partant de cette réflexion. L’image de la photoreporter Christine Spengler, baptisée La mariée libanaise, cliché montrant une mariée devant les ruines beyrouthines, a aussi inspiré Robert Holden. Une femme en robe de mariée tourne sur elle-même en montrant uniquement son dos. « Le Liban est un pays unique et multiple, mais frustrant. La paix s’en détourne sans cesse, comme cette mariée dont on ne saisira jamais le visage. » Robert Holden, photographe « sans nationalité » – c’est ainsi qu’il se définit – interprète à travers une vision très personnelle les atmosphères de voyage, mode et style de vie. Il multiplie les collaborations éditoriales : Condé Nast Traveller, l’Officiel Voyage, Air France Magazine, Elle Decor Italy, Le Figaro Magazine… Il a également réalisé trois courts-métrages. « 290, rue du Liban » Dans 290, rue du Liban, Engram, un collectif d’expression visuelle créé au Liban en 2003 par Joanna Andraos et Caroline Tabet, « traque les présences éphémères, les absences marquées et les trajectoires des individus qui peuplent la ville, théâtre minéral des solitudes existentielles ». Au 290, rue du Liban se trouvait une vieille demeure traditionnelle libanaise, de celles qui disparaissent chaque jour un peu plus dans la furie de la spéculation immobilière. Construite à la fin du XIXe siècle et située à deux pas de la ligne de démarcation, elle a vu passer plusieurs générations de locataires. Bien que celle-ci fasse partie du patrimoine, cela n’a pas empêché pour autant sa destruction au courant de l’année 2005. Sous les fondations de la maison, une nécropole romaine fut mise à découvert. Quelles traces a laissé l’histoire des générations qui, à un moment ou à un autre, ont vécu entre ces murs ? Comment alors capturer ces spectres, morts-vivants dans la chair de la ville, quand ils s’échappent des décombres de l’ordre ancien que l’on saccage ? C’est à cette expérience que s’est livré Engram. La série principale de photographies (20 tirages argentiques en noir et blanc, 80 x 80 cm et 60 x 90 cm) a été réalisée à l’intérieur de cette maison et incarne la présence singulière d’êtres fantasmatiques. Des clichés témoignant du processus de destruction ainsi que des images d’archives sont également présentés. Documentaire Parallèlement aux accrochages présentés, un documentaire, filmé en Beta numérique,16 mn, par Jean Merhi, livre le parcours des artistes photographes au Liban dans un contexte de tension sociopolitique. Il recherche une vision plus claire de la situation au pays du Cèdre à travers des témoignages d’artistes libanais et de personnalités de la société civile. Rappelons que Jean Merhi a été l’instigateur en 1998, avec Henry Chapier (président de la Maison européenne de la photographie), du Mois de la photo au Liban. L’année suivante, en collaboration avec le ministère libanais de la Culture et de l’Unesco Paris, il a organisé une exposition-photos collective et itinérante intitulée « Un autre regard sur le patrimoine », réunissant les œuvres d’une vingtaine de photographes franco-libanais. Depuis 1998, il réalise des films documentaires, comme L’enfermement avec Bernard Lamarche-Vadel et Passion française avec Roger Thérond (Rencontres d’Arles 2002). Entrée libre, de mardi à dimanche et de 14 à 19 heures.
Jusqu’au 15 juillet, à la Cité internationale des arts (18, rue de l’hôtel de ville, Paris IVe), des expositions qui « parlent du Liban au-delà de la guerre ». Cette manifestation, mise en place à l’initiative de Serge Akl, directeur de l’Office du tourisme du Liban, et de Jean Merhi, vidéaste et responsable des archives-vidéo de la Maison européenne de la...