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Les lecteurs ont voix au chapitre

Couples au foyer On a beau faire, on a beau dire, les Libanais sont certainement avant-gardistes en matière de sociologie. À une certaine époque, nous avons connu les « femmes au foyer », qui y restaient faute d’éducation validée sur le marché du travail, ou alors, par choix d’éduquer leurs enfants à travers une présence maternelle accrue. Ces femmes étaient plus ou moins satisfaites de leur condition, qui impliquait le grand luxe pour certaines, mais aussi le rude asservissement pour d’autres. Peu importe, cette époque est bien révolue et lui a succédé la période inattendue du chômage des hommes. Selon toute apparence, ceux-ci n’ont jamais choisi de rester oisifs pour soi-disant élever leur progéniture, mais ont subi l’enfermement domestique comme une longue période sabbatique, nuisant aux nombreuses ambitions professionnelles, qu’ils avaient nourries depuis leur petite enfance. Et puis, un homme au foyer, « il n’y a rien d’aussi encombrant ni d’aussi superflu », toutes les femmes vous l’affirmeront. Cependant, ce à quoi on assiste actuellement n’a jamais eu d’antécédent. Femmes et hommes sont souvent exclus de manière « égalitaire » (pour une fois) du rude marché de travail. On leur a simplement donné congé, car souvent, surqualifiés. Une nouvelle forme de vie familiale est à l’essai, où la productivité professionnelle n’a plus sa place. C’est la déferlante de couples modernes, au foyer, se consacrant à leur passe-temps favori : la recherche d’un emploi rémunéré (parce que l’un n’implique pas nécessairement l’autre). Retraite anticipée ou profession précocement avortée ? Tout semble alors concorder au bonheur – ou au malheur – des petits rejetons qui se croient le centre du monde et des occupations parentales exclusives. État de fait tout à fait aliénant, pour les uns et pour les autres. N’empêche que ces hommes et femmes emplissent la liste d’attente des ambassades, prêts à partir, avec armes et bagages pour retrouver une vie économique normale, dans le fol espoir d’un jour, revenir. Tout départ portant en lui la douce promesse du retour, aussi irréaliste que cela puisse paraître. . Carla ARAMOUNI Une visite à Kozhayya Entrer dans cette église, c’est plonger dans un passé présent ou dirais-je dans un passé non passé. Sur les pierres de ce décor saint, tu liras les multiples chapitres d’histoire d’un peuple qui a écrit son épopée avec de l’encre rouge. Les moines, tous en noir comme s’ils voulaient être totalement dans l’oubli, élevaient leurs prières du soir. Ils chantaient un chant, aussi vieux que le temps, et qui ne pouvait trouver son identité que dans un décor pareil. L’accompagnement à l’harmonium, bien que très humble, était le seul intrus. Les très vieux étaient presque tout le temps assis, mais participaient aux différents gestes d’une manière plus profonde. En les voyant, on comprend que la prière se fait aussi avec le corps. J’ai voulu prendre quelques photos pour me servir d’appui, voire de drogue, une fois retourné au monde, mais je n’ai pas osé toucher à mon rêve. Alors j’ai pris un papier laissé pour les visiteurs et participé à leurs chants avec une joie et une union qu’on n’effleure que rarement. Au moment où je crus que la prière était terminée, je vis tous ces moines se mettre à genoux demandant pardon au Seigneur pour tous les péchés qu’ils avaient commis. Et je me suis dit : mais quelle sorte de péchés pourraient-ils faire, ces gens-là ? Peut-être que le péché trouvait en ce lieu un sens beaucoup plus profond et beaucoup plus pur que celui qu’on connaît dans le monde extérieur. Poursuivant mon voyage dans le passé, je suis sorti de ce petit décor pour plonger dans un autre, plus ample, feuilletant les pages d’un nouveau chapitre sur le chemin qui mène à la cellule de l’ermite. Jean-Marie FRANÇOIS

Couples au foyer

On a beau faire, on a beau dire, les Libanais sont certainement avant-gardistes en matière de sociologie. À une certaine époque, nous avons connu les « femmes au foyer », qui y restaient faute d’éducation validée sur le marché du travail, ou alors, par choix d’éduquer leurs enfants à travers une présence maternelle accrue. Ces femmes étaient plus...