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Actualités - interview

Interview - Le nouveau président de l’ordre refuse de mettre le dossier de la Maison du médecin en veilleuse Une priorité pour Georges Aftimos, la retraite du praticien et la relation avec la CNSS

Anapathe, fort de sa réputation, le nouveau président de l’ordre des médecins, Georges Aftimos, déclare n’avoir pas « froid aux yeux », surtout lorsqu’il s’agit de dévoiler des vérités, aussi dures soient-elles. Diplomate dans le choix de ses mots, se caractérisant par un humour fin, il affirme avoir « autant de prérogatives que le chef de l’État avant l’accord de Taëf ». Des prérogatives qui l’habilitent à opérer des changements au sein de l’institution qu’il présidera pour les trois prochaines années, avec à l’ordre du jour de son mandat des dossiers aussi épineux que la Maison du médecin, la relation avec la CNSS et la retraite du praticien. Mais aussi, œuvrer à améliorer le niveau de la pratique, tout en insistant sur la formation continue. «Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. » D’emblée, le Dr Aftimos coupe court à tous ceux qui essaient, implicitement ou explicitement, de remettre en cause sa bonne volonté de poursuivre ce que son prédécesseur, le Dr Mario Aoun, avait déjà entamé, notamment en ce qui concerne le dossier de la Maison du médecin. « Je vais certainement poursuivre ce que le Dr Aoun a déjà commencé, rassure le Dr Aftimos. Le dossier de la Maison du médecin ne peut pas être mis en veilleuse. Ce n’est pas normal, car il s’agit du dû des médecins dont je suis responsable. Cet argument a été malheureusement soulevé durant la campagne électorale, et, me connaissant, je vous assure qu’il s’agit d’un faux argument. Je ne suis pas du genre qui peut cacher les choses. Vous savez, au cours de ma carrière, j’ai rencontré des cas beaucoup plus difficiles. J’ai même, en pleine période policière, rédigé des comptes-rendus tout à fait contre le pouvoir en place, et je n’ai pas eu froid aux yeux. Et cela m’a valu des amitiés et le respect. De toute façon, l’avenir nous le dira. » S’occupant de « tous les dossiers à la fois », le Dr Aftimos a commencé par activer les différentes commissions de l’ordre (scientifique, financière, administrative, de tarifications, enquêtes, etc.), leur imposant des délais pour présenter des solutions concrètes, parce qu’il refuse que ces commissions « soient le cimetière des projets ». « L’ordre avait déjà soumis à la Chambre trois projets de loi concernant le conseil disciplinaire de l’ordre, le rôle du comité médical dans les hôpitaux et la relation avec la CNSS, souligne le Dr Aftimos. Malheureusement, l’Assemblée nationale ne se réunit pas et nous n’avons pas les moyens de faire avancer les choses. » « Le problème qui se pose au niveau du conseil disciplinaire, c’est que deux des membres du conseil sont élus par l’assemblée générale, qui n’est pas véritablement maître de ses choix, mais sujette à des influences partisanes et électorales, explique-t-il. Le projet de loi soumis par le Dr Aoun stipule la nomination de tous les membres. En ce qui concerne le comité médical dans les hôpitaux, il faut leur donner leurs prérogatives. Ces comités sont les représentants des médecins et de l’ordre au sein de l’hôpital et ne doivent plus faire partie du “décor”. Quant à la CNSS, le projet de loi stipule que les médecins qui n’ont pas payé leurs cotisations n’ont rien à régler puisqu’ils n’ont pas bénéficié des prestations de la CNSS. Je ne pense pas que ce projet de loi sera voté. Mais le dossier est épineux et nécessite des négociations prolongées. » Changer de style Pour pouvoir résoudre tous les problèmes qui se posent au niveau de l’ordre, le Dr Aftimos déclare « changer de style », en ce sens « que je ne viens pas avec des idées préconçues ». « J’essaierai ainsi de conclure un gentleman agreement avec le syndicat des propriétaires des hôpitaux, note-t-il. J’estime que le corps médical et les hôpitaux ont les mêmes intérêts. Et si nous arrivons vraiment à trouver une plate-forme commune, nous pourrons faire beaucoup de choses ensemble. Je ne demande pas la lune, mais que chacun ait ses droits. » Les programmes de santé à la télévision et à la radio demeurent un des problèmes auxquels le Dr Aftimos voudrait s’attaquer. « Lors du mandat du Dr Aoun, l’ordre des médecins, l’ordre des pharmaciens et l’Association pour la protection du consommateur avaient intenté un procès contre ces programmes sur la médecine naturelle et la médecine des herbes, souligne le Dr Aftimos. Trop souvent, les informations diffusées dans le cadre de ces programmes ne sont pas scientifiques et peuvent être dangereuses pour la santé du public. Ces programmes ne sont pas acceptables. » Et d’ajouter : « Par ailleurs, je refuse qu’on parle du corps médical, comme on le fait dans le cadre de certains programmes. Ce n’est pas sain. Nous avons une commission d’enquête qui a le statut d’un tribunal de première instance. Tous les dossiers sont examinés minutieusement. Les fautes médicales ne peuvent pas être traitées de façon légère. Il faut établir la faute médicale et que ce ne soit pas une affaire de diffamation. » Développer et moderniser les lois et les règlements de l’ordre, en collaboration avec les facultés de médecine, est l’un des objectifs que le Dr Aftimos s’est fixés pour les trois prochaines années. « Je voudrais dans ce cadre que l’ordre des médecins soit une partie prenante dans les décisions importantes qui concernent la pratique sanitaire pour essayer de limiter le nombre de médecins, les orienter vers de nouvelles spécialisations, mieux les répartir sur le territoire, remarque-t-il. Mais l’ordre devra pouvoir également intervenir au niveau du colloquium pour qu’il soit spécialisé. Il faudrait former un comité pour surveiller les programmes au sein des facultés, mettre au point un système d’accréditation pour les facultés, les laboratoires, etc. L’ordre des médecins doit intervenir à tous ces niveaux et pouvoir donner ses directives et ses conseils. Je voudrais par ailleurs installer un programme de formation continue qui soit gratuit pour l’ensemble des spécialisations. Sans oublier bien sûr la nécessité d’améliorer le statut du médecin à la retraite, qui touche un salaire minable et dérisoire. » Et le Dr Aftimos de conclure : « Je voudrais que les responsables commencent à réfléchir sur la politique de santé à appliquer au Liban, pour que la médecine libanaise soit saine, que les médecins puissent travailler convenablement et que les besoins du pays soient remplis d’une façon adéquate. » Propos recueillis par Nada MERHI

Anapathe, fort de sa réputation, le nouveau président de l’ordre des médecins, Georges Aftimos, déclare n’avoir pas « froid aux yeux », surtout lorsqu’il s’agit de dévoiler des vérités, aussi dures soient-elles. Diplomate dans le choix de ses mots, se caractérisant par un humour fin, il affirme avoir « autant de prérogatives que le chef de l’État avant...