Rechercher
Rechercher

Actualités

CORRESPONDANCE - Les femmes-peintres de la Renaissance italienne sur cimaises américaines Un chevalet gagne-pain, ou envie de s’exprimer

WASHINGTON, d’Irène MOSALLI Lorsqu’on demande à quelqu’un de donner le nom d’un peintre de la Renaissance italienne ou de l’époque baroque, il est très probable qu’il réponde : Michel-Ange, de Vinci ou le Caravage. Le Musée national des femmes à Washington a voulu élargir cet éventail et y inclure d’autres artistes de grand talent qui avaient réussi, à la même époque, tout en étant du sexe opposé. Ce musée a monté une exposition intitulée « Femmes artistes italiennes : de la Renaissance à l’époque baroque ». La directrice du musée, Judy Larson, précise : « En ces temps, les femmes ont pu réellement avoir leur dû. Pour la première fois dans l’histoire, on a pu associer le nom d’une femme à une œuvre d’art donnée. Et, pour la première fois, les femmes ont eu la liberté et la possibilité d’être à égalité avec les hommes dans un marché de l’art extrêmement actif. » Une quinzaine de ces peintres-femmes de renom sont présentes à travers une soixantaine d’œuvres. Parmi elles, Sofonisba Anguissola, Lavinia Fontana, Artemisia Gentileschi, Elizabetta Sirani, Giovanna Garzoni, Barbara Longhi et Feda Galizia. Toutes avaient du talent et toutes ont mené leur carrière en véritables professionnelles. Certaines pour faire de l’argent et d’autres uniquement par envie de s’exprimer. Deux d’entre elles faisaient beaucoup parler d’elles : Gentileschi et Anguissola. À l’actif de la première, deux œuvres marquantes : une très belle interprétation du mythe de Danaé, qu’elle a peint sur un lit de pièces d’or, et Judith assassinant Holopherne. Cette toile, de la veine du Caravage, est inspirée d’un drame personnel : Gentileschi avait été violée par son professeur de dessin. Elle avait ensuite enduré le douloureux processus de son procès. Les mêmes défis que pour les hommes Sofonisba Anguissola, elle, et ses cinq sœurs ont été poussées par leur père à faire de la peinture, afin qu’elles se constituent une bonne dote. Parmi ses œuvres, un remarquable autoportrait la montrant devant son chevalet. Le besoin du gain a souvent contribué au développement d’un talent pictural féminin. C’est notamment le cas d’une religieuse dominicaine, Plautilla Nell, qui faisait des portraits pour subvenir aux besoins de sa communauté. Les pinceaux féminins de la Renaissance n’étaient pas en reste avec ceux de leurs homologues masculins. Ils maîtrisaient avec brio et savoir-faire les mêmes genres : natures mortes, portraits, scènes religieuses et mythiques. Ces artistes, dites du sexe faible, ne craignaient pas non plus de faire de la provoc. Ainsi, Lavinia Fontana a réalisé l’un des tableaux-gags les plus illustres : le portrait d’une femme à barbe. Cette œuvre visualisait ce qu’il n’était pas permis à une femme : d’être laide ou virile. Par la même occasion, cette toile prenait de l’importance, car elle relevait d’une approche masculine. Elle révélait aussi la sympathie du peintre pour une femme affublée d’une déficience physique. Pour que soit bien éclairé l’aspect féminin du paysage pictural de la Renaissance, l’exposition a été divisée en cinq sections qui en soulignent les grands traits : les « Virtuoses de la Renaissance », « Apprentissage », « Stratégie du marché », « Pouvoir et mécénat » et « Identité publique ». Ceci pour éliminer l’idée que les femmes artistes ne figurent pas en bonne place dans l’histoire de l’art, parce que leur production manquait de qualité. Et faire savoir qu’elles devaient faire face aux mêmes défis et aux mêmes obstacles que tout artiste, hier comme aujourd’hui, doit surmonter : avoir de bons professeurs, trouver les sponsors adéquats et se faire un nom.
WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

Lorsqu’on demande à quelqu’un de donner le nom d’un peintre de la Renaissance italienne ou de l’époque baroque, il est très probable qu’il réponde : Michel-Ange, de Vinci ou le Caravage. Le Musée national des femmes à Washington a voulu élargir cet éventail et y inclure d’autres artistes de grand talent qui avaient réussi, à la...