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Un sous-comité européen pour surveiller l’application des réformes en Égypte Quel rôle pour l’UE dans la promotion des droits de l’homme au Caire ?

Tortures, arrestations arbitraires, impunité, discriminations… Chaque année, l’Égypte figure parmi les pays les plus critiqués sur la question des droits de l’homme par des organisations internationales, telles que Amnesty International et Human Rights Watch. Mais cette année, la pression sur l’Égypte pourrait croître avec la mise en place, grâce à l’adoption d’un accord d’association entre Le Caire et Bruxelles, d’un sous-comité d’experts européens chargé de surveiller l’application des réformes. En mars 2007, le plan d’action UE-Égypte, afférent à la politique européenne de voisinage (PEV), a enfin été adopté par le gouvernement égyptien après deux ans et demi de négociations. Ce plan d’action fixe les priorités en matière de coopération entre l’Union européenne et Le Caire dans un grand nombre de secteurs, dont les réformes économiques, sociales et politiques. La mise en œuvre de ces réformes fera l’objet d’une surveillance commune exercée par huit sous-comités constitués d’experts, dont un concerné par les droits de l’homme et la liberté d’expression, pour la période 2007-2010. En d’autres termes, l’UE s’engagera à promouvoir l’État de droit et la libéralisation du commerce en Égypte qui, en contrepartie, bénéficiera d’un appui financier et technique, notamment par le biais de l’instrument de jumelage de l’Union européenne. Mais l’accord, bien que positif sur la forme, est loin de faire le bonheur des ONG égyptiennes. « Malheureusement, la partie consacrée aux questions des droits de l’homme dans le plan d’action n’a rien d’un programme engageant », ont déploré les organisations non gouvernementales égyptiennes dans un communiqué de presse conjoint. En effet, aucun calendrier n’a été fixé, et la « torture », décrite comme systématique dans la plupart des rapports internationaux, n’est pas mentionnée dans le document d’entente. Les ONG sont surtout déçues car le plan d’action s’est inspiré du modèle israélien et non pas de l’ukrainien. Ce dernier favoriserait une plus grande participation de la société civile dans la surveillance de la mise en œuvre des réformes. « Le principal point de désaccord entre le gouvernement égyptien et Bruxelles concernait les droits de l’homme, explique une source européenne qui a voulu garder l’anonymat. Les Européens, par exemple, contrairement au gouvernement égyptien, ne considèrent pas les Frères musulmans comme une menace à la démocratie. L’UE, bien sûr, préfère l’émergence d’une opposition laïque, mais même celle-ci est opprimée en Égypte. » Bruxelles et Washington continuent, en effet, de dénoncer la détention de l’opposant Ayman Nour comme une « grave erreur judiciaire ». Par ailleurs, plus de 120 membres des Frères musulmans ont été arrêtés depuis le début de la semaine dernière par les autorités égyptiennes. « La réforme est le mot de base de notre politique, explique un diplomate européen sous le couvert de l’anonymat. Pendant les deux ans et demi de négociations, le gouvernement égyptien nous a donné l’impression de ne pas vouloir s’engager sur les questions des droits de l’homme. » Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, le gouvernement égyptien a, en effet, qualifié à maintes reprises la PEV d’«ingérence» dans la politique intérieure égyptienne. « L’UE ne cherche pas, à travers la PEV, à imposer par la force ses valeurs sur ses voisins, rétorque le diplomate. La politique adoptée par l’Europe, surtout au Proche-Orient, est “douce” (Soft Power) et non contraignante. » « Il importe à présent que le plan d’action obtienne des résultats concrets et mesurables, et soit jugé utile par toutes les composantes de la société égyptienne, a affirmé Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux Relations extérieures. Sa mise en œuvre est donc une priorité essentielle, à laquelle nous œuvrerons de concert dans les années qui viennent. » Malgré toutes les critiques qui pourraient être formulées contre le plan d’action UE-Égypte, une chose est sûre : le gouvernement égyptien va désormais devoir réfléchir sérieusement avant de contrôler les « chats », de supprimer des blogs ou même d’emprisonner un bloggeur pour avoir publié et partagé des informations en ligne. Pendant les trois à cinq années à venir, la liberté d’expression et la situation des droits de l’homme en Égypte feront l’objet d’une surveillance par les Européens, et les violations ne seront plus passées sous silence. Du moins, c’est ce qu’espèrent les ONG locales et internationales. R. M.
Tortures, arrestations arbitraires, impunité, discriminations… Chaque année, l’Égypte figure parmi les pays les plus critiqués sur la question des droits de l’homme par des organisations internationales, telles que Amnesty International et Human Rights Watch. Mais cette année, la pression sur l’Égypte pourrait croître avec la mise en place, grâce à l’adoption d’un accord...