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Actualités - CHRONOLOGIE

La vendetta à la sauce zghortiote

Entre 1911 et 1975 (à la veille de la dernière guerre civile), 140 personnes environ ont trouvé la mort et des dizaines d’autres ont été blessés dans les « événements de Zghorta » qui ont opposé successivement, les unes aux autres, toutes les familles sociopolitiques. Ce bilan concernait uniquement les conflits interzghortiotes survenus au cours du XXe siècle (victimes de représailles ou personnes tuées accidentellement dans des circonstances de représailles). Il englobe donc les victimes des événements de 1958, mais ne porte pas sur ceux de la guerre du Liban (1975-1977) à Zghorta (une soixantaine de morts) ni sur ceux de l’attaque phalangiste contre Ehden (juin 1978) qui a fait 31 morts. Un cas typique de « vendetta pure » Le seul cas de vendetta pure, c’est-à-dire non directement lié aux différends politiques entre les cinq familles de Zghorta, a été le long conflit meurtrier qui a opposé entre les années 1930 et l’année 1977, donc durant plus de quarante ans, les deux groupes consanguins des Abou Kassab et des Ghaleb-Nassif. Une vingtaine de victimes sont tombées dans les actes de représailles auxquels se sont livrées les deux familles antagonistes. La paix (la « solha ») définitive a été établie entre les deux parties, lors d’une réunion à laquelle ont assisté tous leurs membres le 2 octobre 1977, en présence des leaders de Zghorta. Les règles implicites de la violence zghortiote Elle n’était pas régie par un code coutumier explicite. Cette violence respectait néanmoins, d’une façon plus ou moins consciente, les principes suivants : . Les représailles ne portent jamais sur les femmes ou les enfants, ni sur les personnes âgées (à l’exception d’un ou de deux cas extrêmement rares). Les seules victimes signalées parmi ces catégories sont tombées lors de l’insurrection de 1958, au cours de laquelle des batailles rangées accompagnées par des tirs d’artillerie ont opposé pendant plusieurs mois les deux camps de Zghorta. . La maison de l’individu et de la famille réduite, ainsi que le quartier de la famille sociopolitique semblent jouir d’une immunité de fait. Il n’y a pas eu de meurtres ou d’actes de représailles commis à l’intérieur d’un foyer. Il n’y a pas eu non plus d’attentats organisés à l’intérieur d’un quartier adverse. . La mutilation des cadavres n’existe pas, non plus que l’usage des armes tranchantes ou la pratique des attentats à la bombe. . Les représailles ont très rarement atteint des chefs. La seule exception est celle du meurtre de Rachid Moawad, le zaïm de la famille Moawad, en 1929. Ce fait est toutefois intervenu à une période où les familles sociopolitiques ne s’étaient pas encore affirmées dans leur forme et dans leur rôle d’organisations sociales prédominantes. Une ou deux tentatives de meurtre contre le chef Doueihi sont également à signaler. P.-S. : Lire « Learning English » (Actes Sud, 2002) de Rachid al-Daïf, romancier au succès mondial, originaire de Ehden (caza de Zghorta)
Entre 1911 et 1975 (à la veille de la dernière guerre civile), 140 personnes environ ont trouvé la mort et des dizaines d’autres ont été blessés dans les « événements de Zghorta » qui ont opposé successivement, les unes aux autres, toutes les familles sociopolitiques. Ce bilan concernait uniquement les conflits interzghortiotes survenus au cours du XXe siècle (victimes de...