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Témoignages Les survivants libanais de Nahr el-Bared racontent...

Ces gens-là ont vu plus que la mort en face, la barbarie dans toute sa brutalité. C’est l’impression qui ressort lorsqu’on rencontre les survivants libanais des affrontements de Nahr el-Bared. Le regard vague et l’allure hagarde, ils semblent comme hantés, traînant en eux des fantômes qu’ils n’osent pas affronter mais qu’ils ne parviennent pas non plus à oublier. Certains ont vu devant eux les massacres des soldats au premier jour des affrontements, deux dimanches plus tôt, alors que ceux-ci se rendaient à leurs positions, n’ayant pas encore appris la nouvelle du début des opérations. D’autres ont recueilli les témoignages des soldats membres de leurs familles qui se trouvaient sur place et qui ont été soit blessés, soit rappelés ailleurs. Ils racontent ainsi qu’un officier a dû « faire le mort » pendant plusieurs heures, couché à plat ventre sur le sol, pour tromper ses agresseurs et rester en vie, alors que cinq de ses soldats avaient été tués, assassinés par surprise par des éléments armés encagoulés. Les secours l’auraient trouvé inerte sur le sol et auraient réussi à le transporter à l’hôpital. Un autre soldat refuse, selon ses proches, de fermer les yeux, par peur de revivre le cauchemar du premier jour des affrontements lorsque son unité avait été attaquée par traîtrise par les hommes de Fateh el-Islam qui ont agi comme de véritables barbares. D’ailleurs, il fait des cauchemars la nuit et ses cris déchirent les oreilles et le cœur de son entourage. Tous sembleraient très éprouvés. Quant aux civils, ceux de Tripoli et des environs de Nahr el-Bared, ils sont littéralement traumatisés... L’horreur, les survivants des affrontements de Nahr el-Bared l’ont vue en face, et s’ils se confinent le plus souvent dans un silence choqué, lorsque leurs langues se délient, ils ont des dizaines d’histoires de courage et d’héroïsme de la part des soldats ainsi que de sauvagerie de la part des miliciens à raconter. L’heure n’est pas encore venue de rapporter tous ces témoignages, puisque les combats font encore rage et les survivants craignent encore les réactions de ces « fous de la violence », qui ont mis le camp et ses environs à feu et à sang. Mais, un jour, il faudra écouter et surtout offrir le soutien psychologique nécessaire à tous ceux qui ont vu et vécu cette horreur à l’état pur. Un jour aussi, il faudra juger avec justice, mais sans complaisance ni compassion. Mais, pour l’instant, il s’agit surtout d’être solidaires. S.H.
Ces gens-là ont vu plus que la mort en face, la barbarie dans toute sa brutalité. C’est l’impression qui ressort lorsqu’on rencontre les survivants libanais des affrontements de Nahr el-Bared. Le regard vague et l’allure hagarde, ils semblent comme hantés, traînant en eux des fantômes qu’ils n’osent pas affronter mais qu’ils ne parviennent pas non plus à oublier....