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Pour l’ancien général, la Syrie accumule les échecs au Liban Katicha : « Fateh el-Islam a perdu la bataille dès le premier jour des accrochages »

« La Syrie est en train d’accumuler ses échecs au Liban. » C’est ce qu’a indiqué hier dans un entretien avec « L’Orient-Le Jour » le général à la retraite Wehbé Katicha, expert en géostratégie. Il a exposé la stratégie adoptée par l’armée libanaise dans les combats qui l’opposent à Fateh el-Islam. « Dans ce genre de combats, a indiqué le général Katicha, il est impossible de fixer de délais précis », soulignant que « Fateh el-Islam a perdu la bataille dès le premier jour des accrochages ». «Sur le plan militaire, le camp est tombé dès le premier jour », note le général Katicha, soulignant que « les armées mènent des batailles dans des zones ouvertes, quand elles arrivent à des zones habitées, elles les encerclent et poursuivent leur combat ; ce qui n’est pas le cas dans le camp de Nahr el-Bared ». Au nord de Tripoli donc, « l’armée mène une très rude bataille pour plusieurs raisons. Premièrement, elle évite par tous les moyens possibles de tuer des civils. Deuxièmement, elle se bat contre ce qu’on appelle une bande de malfaiteurs ; mais le groupe en question est une armée professionnelle car Fateh el-Islam n’est autre que Fateh el-Intifada, le groupe ayant seulement changé de nom. Ces terroristes sont donc entraînés à la guerre et possèdent un important arsenal militaire, la preuve étant les armes utilisées durant les combats comme les RPG, les obus de mortier et les roquettes antichars, qui sont uniquement en la possession des armées régulières. Et troisièmement, parce que les membres du groupe terroriste ne se battent pas selon les principes de la convention de Genève ou selon les règles de combats menés par les armées régulières. Dans ce cadre, les troupes qui se savent encerclées se rendent. L’armée également ne se bat pas dans le but de tuer mais de vaincre et imposer un point de vue politique », explique le général Katicha. En ce qui concerne le plan de l’armée libanaise, l’expert militaire indique que « la troupe a dans un premier temps encerclé le camp laissant à la demande du gouvernement, la chance aux négociations. Quand les négociations sont arrivées à une impasse, l’armée a entamé son attaque ». « Le prélude à l’attaque s’est traduit par des bombardements ciblant les divers axes du camp. Ces bombardements ont été suivis d’une attaque du front est et avaient pour but d’isoler la partie nord du camp, où se trouvent les miliciens de Fateh el-Islam, pour les encercler et les isoler de la partie sud afin d’épargner les civils, qui se sont réfugiés dans cette zone », explique-t-il. Anéantissement « La première étape de l’offensive s’est probablement achevée quand l’armée a mis la main sur les bâtiments et les permanences principales à l’est du camp. La deuxième étape consiste à poursuivre les attaques en direction de l’axe est jusqu’à arriver à la mer pour isoler complètement les miliciens », indique le général Katicha, soulignant que « la troisième étape est de nettoyer les poches du camp où se réfugient les miliciens. Cela les obligera à se rendre, mais ils peuvent aussi se battre, comme ils disent, jusqu’à la dernière goutte de sang ». Et de poursuivre que « c’est pour cette raison qu’il est impossible de fixer des délais précis pour ce genre d’opérations militaires ». Mais une chose est sûre, « la bataille que l’armée livre actuellement ne peut s’achever que par l’anéantissement complet de la milice », indique-t-il. En réponse à une question, le général Katicha souligne que le 20 mai dernier, date du déclenchement des incidents au Liban-Nord, « ceux qui se cachent derrière Fateh el-Isam voulaient effectuer ce jour-là une opération d’envergure contre l’armée libanaise afin de paralyser la troupe et la diviser. De plus, à cette même date, plusieurs partis et groupes prosyriens au Liban-Nord, notamment dans le Akkar, à Tripoli, à Kalamoun et au Koura, s’étaient mobilisés. Les alliés de la Syrie voulaient contrôler le Liban-Nord et bloquer l’accès à cette région, comme l’a montré l’enquête, en dynamitant les deux tunnels de Chekka ». « Comme les autres plans syriens au Liban, celui-ci a échoué », indique le général Katicha, soulignant que « les autres tentatives étaient notamment celle du 1er décembre 2006, date du début du sit-in au centre-ville quand la Syrie a voulu faire chuter le gouvernement Siniora, et celle du 23 janvier quand Damas a voulu couper Beyrouth-Est du reste du Liban pour la contrôler ». Le cas de Aïn el-Héloué À la question de savoir quelles sont les chances de transposer les problèmes de Nahr el-Bared à un autre camp, notamment celui de Aïn el-Héloué, l’expert militaire note que « la situation à Aïn el-Héloué est différente de celle qui sévit à Nahr el-Bared ». « Le camp de Nahr el-Bared était contrôlé par les membres de Fateh el-Intifada prosyriens. Ils constituent une véritable armée. À Aïn el-Héloué, c’est l’OLP qui est chargée du camp, même s’il existe des groupuscules comme Jound el-Cham et Isbat el-Ansar. Le nombre des membres de ces groupuscules n’est pas aussi important que celui de Fateh el-Islam, et donc les chances qu’ils puissent maîtriser le camp sont réduites », explique-t-il. Le général Katicha estime que la série noire des explosions, attentats, et autres incidents ne s’arrêtera pas de sitôt au Liban, soulignant qu’il y a des étapes difficiles à franchir dans ce cadre ; ces attentats s’articuleront autour du 23 novembre prochain, date de l’échéance présidentielle, et de la date de l’émission de l’acte d’accusation relevant du tribunal international sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri. Selon lui, les tentatives de déstabilisation se poursuivront encore. Mais le général Katicha est catégorique : « Ceux qui dirigent l’axe du mal au Liban ne peuvent plus mener des batailles militaires d’envergure comme c’est le cas actuellement à Nahr el-Bared qui est, dit-il, sous la coupe syrienne depuis 25 ans. » Le général Katicha tient à préciser également que « dans ce genre de crise comme c’est le cas actuellement à Nahr el-Bared, dans le monde entier, les responsables politiques, même s’ils font partie de l’opposition, soutiennent leur gouvernement. Ils mènent leur bataille antigouvernementale après la fin de la crise. Les responsables qui disent soutenir l’armée libanaise tout en critiquant le gouvernement sont en train de soutenir d’une manière indirecte, inconsciemment ou consciemment, Fateh el-Islam ». L’expert en géostratégie dénonce enfin « la politique stupide des frères syriens qui sont en train de traiter le dossier libanais avec l’esprit de 1969, quand ils s’ingéraient dans les affaires libanaises. À cette époque, le monde subissait l’influence de deux pôles, les pays arabes était divisés, les Libanais aussi, les sunnites et les druzes soutenaient les Palestiniens ». « Les Syriens n’ont pas réalisé que le monde a changé. » Propos recueillis par Patricia KHODER
« La Syrie est en train d’accumuler ses échecs au Liban. » C’est ce qu’a indiqué hier dans un entretien avec « L’Orient-Le Jour » le général à la retraite Wehbé Katicha, expert en géostratégie. Il a exposé la stratégie adoptée par l’armée libanaise dans les combats qui l’opposent à Fateh el-Islam. « Dans ce genre de combats, a indiqué le général...