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Difficile de se départir de l’image de mémorial à la gloire du passé sécessionniste et esclavagiste À Richmond, un musée de la Confédération politiquement incorrect

«Quoi que l’on fasse, notre image n’est pas politiquement correcte. » Waite Rawls III, le directeur du musée de la Confédération sudiste de Richmond (Virginie), a bien du mal à trouver une stratégie consensuelle pour sortir son musée de l’ornière financière. Avec ses drapeaux des États du Sud, regroupés au sein de la Confédération lors de la terrible guerre civile (1861-1865), le musée, créé seulement vingt ans après le conflit, peine à se défaire de son image de mémorial à la gloire du passé sécessionniste et esclavagiste. Le musée a obtenu à l’arraché 400 000 dollars de la part de l’État de Virginie, soit de quoi survivre un an. Mais d’un accès difficile, coincé entre les hauts bâtiments de l’hôpital de la ville, le musée a vu le nombre de ses visiteurs diminuer de moitié en dix ans (50 000). « Il y a pourtant toujours un intérêt romantique pour la guerre civile. 10 % de nos visiteurs viennent de l’étranger, surtout des Anglais », assure M. Rawls. Uniformes, fusils, drapeaux historiques : les 15 000 objets du musée constituent la plus importante collection se rapportant à la guerre civile, un évènement majeur de l’histoire américaine qui avait fait au total plus de 600 000 morts et autant de blessés. Le lit de camp, les bottes et la selle de général Robert E. Lee, leader des Sudistes, sont en bonne place, tandis que le service en porcelaine de la marine confédérée, estampillé de la devise, en français, « Aide- toi et Dieu t’aidera », côtoie les gravures de bals de dames à crinoline. Adjacente au musée, enserrée entre les tours, la « Maison-Blanche » sudiste, qui logea le président Jefferson Davis, est restée en l’état avec ses moustiquaires qui protègent les dorures des miroirs monumentaux. De l’esclavage, cause essentielle de la guerre, il n’est guère question dans les collections permanentes. Des reçus de soldes montrent que des Noirs s’étaient enrôlés dans l’armée sudiste, « mais ils ne pouvaient pas avoir de fusil », explique Sam Craghead, du musée. « Ils creusaient les tranchées, conduisaient les chariots. On ne leur donnait pas de fusil parce qu’on n’était pas sûr de ce qu’ils auraient fait », ajoute-t-il. Cherchant un second souffle, le musée veut déménager. Richmond, ville à majorité noire, dit vouloir le garder à défaut de l’aider matériellement. « Nous voulons qu’ils restent où ils sont parce qu’ils font partie de l’histoire de Richmond », assure Linwood Norman, porte-parole du maire noir Douglas Wilder, interrogé par l’AFP. « Nous avons eu très peu de soutien politique de la part de la municipalité », rétorque le directeur du musée. « C’est à la fois une question politique et économique. À Richmond, il y a beaucoup de problèmes raciaux, et certains en rejettent la cause sur la guerre civile. Encore aujourd’hui », assure-t-il. Il a envisagé de déplacer la « Maison-Blanche » sur pied et de changer le nom du musée, mais cela a suscité une levée de boucliers dans l’autre camp. Les Fils des vétérans de la Confédération ont crié au sacrilège. Cette société historique, qui défend le souvenir de la cause sudiste, a des membres au conseil d’administration du musée. « Ce musée est controversé, dites-vous ? Cela dépend à qui vous parlez », ironise Harry Kollatz, journaliste à Richmond Magazine. « Certains membres des Fils des vétérans de la Confédération veulent qu’on ait une vue partisane de l’histoire », admet le directeur du musée. Pour faire bonne mesure, à l’autre bout de la ville s’est ouvert à l’automne dernier un autre musée, le Centre sur la guerre civile, chargé de donner une lecture plus équitable de la guerre : du point de vue de l’Union, de la Confédération et surtout des Afro-Américains.

«Quoi que l’on fasse, notre image n’est pas politiquement correcte. » Waite Rawls III, le directeur du musée de la Confédération sudiste de Richmond (Virginie), a bien du mal à trouver une stratégie consensuelle pour sortir son musée de l’ornière financière.
Avec ses drapeaux des États du Sud, regroupés au sein de la Confédération lors de la terrible guerre...