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Actualités

Les guerres ratées

À l’instar de nombreux Libanais dans le monde, je passe le plus clair de mon temps libre à suivre l’actualité politique de mon pays. Si tant est que l’on puisse parler de politique en évoquant ce machin que l’on nomme système politique libanais. Comment rester objectif et placer l’intérêt du Liban par-dessus tout quand la classe politique elle-même est incapable de se mettre d’accord pour condamner l’assassinat des protecteurs de la nation ? Tous les protecteurs de la nation, les Premiers ministres et les journalistes, les soldats et les résistants. Comment en effet se forger une opinion, lorsque les discours et les arguments de chacun sont assez puissants pour persuader quiconque s’attarderait quelques minutes à les entendre pour essayer de comprendre ? À entendre l’un, il faut croire qu’un grand complot se tisse contre le Liban, toujours en tête du cortège des pays arabes pour subir le machiavélisme occidental. À entendre l’autre, c’est justement l’un de ces pays arabes qui, de même que notre véritable ennemi commun, cherche à plonger notre patrie dans le chaos. L’Occident nous paraît alors être le meilleur ami sur lequel nous puissions compter pour nous épauler face au mal qui nous entoure. Où que soit la vérité et quel que soit le chemin à parcourir pour la découvrir, quelques questions subsistent. Sommes-nous, ce peuple qui a payé fort le prix de son arabité et de sa spécificité, aussi vils pour mériter un tel sort ? Nous n’avons, que je sache, volé les terres de personne pour vivre terrés dans nos maisons par peur des bombes aveugles. Nous n’avons pas non plus bombardé à coups d’armes non conventionnelles des contrées entières pour voir nos jeunes soldats égorgés dans leur sommeil. Nous n’avons pas usurpé les richesses d’autrui pour voir notre économie livrée en pâture aux aléas de la politique internationale. Nous avons, au contraire, brandi l’étendard de la cause beaucoup plus haut que nos capacités ne nous le permettent. Nous avons protégé, accueilli et livré nos terres les plus fertiles à un peuple de combattants. Jusqu’à quand devrons-nous systématiquement payer pour les autres ? Il paraît que les peuples n’ont que les dirigeants qu’ils méritent. Si cela est vrai, nous méritons donc ce système uniquement parce que nous nous sommes laissé berner après des années de sacrifices. Nous n’avons même pas été capables de nous entendre sur l’issue de nos guerres et nous avons raté nos après-guerres. Aujourd’hui, je prie pour que nous rations celle qui nous attend au tournant de l’histoire. Marwan EL-TIBI
À l’instar de nombreux Libanais dans le monde, je passe le plus clair de mon temps libre à suivre l’actualité politique de mon pays. Si tant est que l’on puisse parler de politique en évoquant ce machin que l’on nomme système politique libanais.
Comment rester objectif et placer l’intérêt du Liban par-dessus tout quand la classe politique elle-même est incapable de...