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En Irak, les Kurdes sont « fiers » de pouvoir défendre leur patrie

Le foulard rouge noué autour du cou et les mains gantées de blanc, les peshmergas paradent dans Erbil. Les bottes claquent et les baïonnettes se lèvent sur fond de marche militaire kurde. Le drapeau kurde, un soleil sur trois bandes verte, blanche et orange, est cousu sur les manches des uniformes. « Nous sommes si heureux et si fiers. Cela faisait si longtemps que nous attendions ce jour. C’est en soi une sorte d’indépendance, une grande source d’espoir », s’exclame le colonel Shadman Ali. L’hymne kurde retentit. Les officiers se lèvent et font le salut militaire. Le gouvernement régional du Kurdistan vient d’obtenir des mains des Américains la responsabilité de la sécurité dans les trois provinces kurdes d’Erbil, de Dohouk et de Soulaimaniyah, dans le nord de l’Irak. Depuis juillet 2006, l’armée américaine transfère la responsabilité de la sécurité des provinces irakiennes aux forces de sécurité nationales. Ce nouveau transfert porte à sept, sur dix-huit, le nombre de provinces irakiennes gérant leur propre sécurité. Mais pour la première fois, cette responsabilité n’est pas attribuée au gouvernement central, mais à une instance régionale. « À travers ce transfert, nous reconnaissons que le gouvernement kurde peut gérer sa propre sécurité », explique le général Kurt Cichowski, adjoint au commandant des forces américaines en Irak, David Petraeus. Alors que l’Irak sombre dans la guerre confessionnelle, le Kurdistan est en effet largement épargné par les violences qui ensanglantent le reste du pays. Les peshmergas filtrent l’entrée dans les provinces kurdes et tout Arabe qui veut s’y installer doit présenter des garanties. Plus sûr que le reste du pays, le Kurdistan attire les investisseurs étrangers et l’économie locale explose. Sur le fond cependant, ce transfert ne fait qu’officialiser la situation existante. « C’est le fruit de 16 ans d’expérience », se félicite le Premier ministre du gouvernement régional kurde, Nechirvan Barzani. Depuis la fin de la guerre du Golfe en 1991, le Kurdistan est autonome et les peshmergas, « ceux qui sont prêts à mourir » en langue kurde, y assurent la sécurité. La police kurde compte environ 20 000 membres, mais il est beaucoup plus difficile d’estimer le nombre de peshmergas, les chiffres allant de 20 000 à 100 000. Si l’accord de transfert prévoit une future coopération entre les forces kurdes, l’armée irakienne et les Américains, il reste encore à définir le nombre de peshmergas qui intégreront les forces régionales kurdes. Disposant déjà de son propre Parlement et de son propre gouvernement, avec sa propre armée, le Kurdistan jouit désormais d’une autonomie renforcée. Et pour beaucoup de Kurdes, c’est un pas de plus vers l’indépendance, même si les autorités de Bagdad ne veulent pas en entendre parler. « Les forces kurdes sont des forces irakiennes », dit sèchement le conseiller national à la Sécurité irakienne, Moaffaq al-Roubaïe. « C’est un problème supplémentaire », reconnaît le général Cichowski, « mais je suis confiant » dans la bonne coopération entre les Kurdes et le gouvernement central. « Nous avons fait le choix du fédéralisme, nous ne le regrettons pas », assure de son côté le Premier ministre kurde. Avant d’appeler une nouvelle fois à un référendum sur le rattachement de la province de Kirkouk, riche en pétrole, jadis occupée par les Kurdes mais victime d’une politique d’arabisation forcée sous le régime de Saddam Hussein. Aujourd’hui, les Kurdes sont de nouveau majoritaires à Kirkouk et les résultats du référendum, promis par la Constitution irakienne adoptée en octobre 2005, sont quasiment acquis à la cause kurde. L’intégration de Kirkouk renforcerait considérablement le pouvoir des Kurdes d’Irak, au risque de provoquer une intervention de la Turquie voisine, inquiète du sort de la minorité turcomane de la ville et des aspirations à l’indépendance des Kurdes vivant sur son territoire. Mathieu GORSE/AFP
Le foulard rouge noué autour du cou et les mains gantées de blanc, les peshmergas paradent dans Erbil. Les bottes claquent et les baïonnettes se lèvent sur fond de marche militaire kurde. Le drapeau kurde, un soleil sur trois bandes verte, blanche et orange, est cousu sur les manches des uniformes. « Nous sommes si heureux et si fiers. Cela faisait si longtemps que nous...