Rechercher
Rechercher

Actualités

Assainissement des villes, stations d’épuration, aménagement des hôpitaux… Les projets de développement financés par l’UE font le bonheur des Marocains, mais suscitent parfois des critiques

L’Union européenne, soucieuse d’encourager le développement durable dans les pays voisins, subventionne régulièrement des projets destinés à élever le niveau de vie de la population locale. Au Maroc, l’UE est impliquée dans le financement de plusieurs projets dans les régions rurales, comme l’assainissement de certains quartiers pauvres, la construction de stations d’épuration des eaux ou l’aménagement d’hôpitaux régionaux. Ces projets ne laissent pas les Marocains indifférents. Certains apprécient l’implication de l’Europe alors que d’autres y voient une forme d’ingérence indésirable. Sidi Slimane. Une petite ville de quelque 22 000 habitants dans la province de l’Oriental au Nord-Est du Maroc. Un visiteur ne peut que s’étonner du grand nombre de chantiers dans cette petite agglomération. Traversant les rues principales, plutôt bien entretenues et bordées de magasins de toutes sortes, on distingue de part et d’autre des ruelles en rénovation. Quasiment fermées à toute circulation, elles sont investies par les enfants qui y jouent au foot ou bâtissent des châteaux avec le sable destiné à combler les tranchés creusées dans le cadre d’un vaste programme d’assainissement des quartiers sous-équipés. Un projet lancé par les autorités locales avec l’aide de l’Union européenne. L’UE finance en effet plusieurs programmes d’assainissement dans certaines villes marocaines, dans le but d’améliorer la collecte des eaux pluviales et usées, ainsi que le traitement de ces dernières en tenant compte de l’impact sur l’environnement. C’est dans ce contexte que la station d’épuration de Berkane a vu le jour il y a plus d’un an. Quatorze mois ont été nécessaires pour la construction du site qui permettra le traitement des eaux usées collectées par le réseau local. Le coût global de la station s’est élevé à quatre millions d’euros et a été financé par l’UE. Les responsables locaux de ce projet précisent toutefois que le montant assez dérisoire pour ce genre de station est dû au système d’épuration utilisé. En effet, les méthodes employées sont toutes naturelles et biologiques. Aucun produit chimique n’est utilisé dans le processus d’épuration, ce qui permet en outre d’avoir recours à une main-d’œuvre non qualifiée et bon marché. Sans oublier que le projet a été construit sur un terrain domanial et non privé, ce qui a permis d’éviter tout problème d’expropriation. Les eaux une fois dépolluées sont rejetées dans l’oued Cherrâa. Elles ne sont pas utilisées pour l’irrigation, puisque les normes actuellement usitées sont des normes marocaines, et non pas européennes. Enfin, avec le temps, les responsables du projet espèrent se servir des déchets pour en faire des engrais pour les terres agricoles. Le projet de Berkane n’est pas le seul dans la région de l’Oriental. Un autre, presque identique, a été réalisé à Taourirt. Ils comprennent par ailleurs un second volet qui vise à l’amélioration des conditions d’alimentation en eau potable des populations rurales dans ces régions. Selon le médecin responsable au sein du conseil communal de Sidi Slimane, l’assainissement de la ville semble avoir éloigné le spectre des épidémies de typhoïde. Ce constat est dû essentiellement à l’éradication des problèmes d’hygiène dans certains quartiers de la ville. « Les gens savent que ces projets sont faits grâce au financement de l’UE », affirme, de son côté, le président du conseil communal, qui remercie chaleureusement l’Union européenne pour sa contribution. Toutefois, le rôle de l’Union européenne au Maroc reste controversé. Hicham Baraka, président de ABCDS (Association Beni Znassen pour la Culture, le développement et de solidarité), une ONG qui s’occupe des immigrants clandestins à Oujda, considère que « le Maroc et les autres pays du Maghreb subissent de très fortes pressions de la part de l’UE pour stopper les immigrants africains, en contrepartie des aides et dons offerts par les Européens ». M. Baraka, jeune militant, fustige, d’une part, l’hégémonie de l’Europe et, d’autre part, le manque de collaboration entre les pays du Sud. Son opinion n’est pas toutefois partagée par Hachemi Bentahar, professeur d’économie à l’Université d’Oujda et dirigeant d’une ONG locale, qui estime que le Maroc n’a pas la capacité ni les moyens de lutter seul contre le phénomène d’immigration clandestine : « Le Maroc ne peut pas les (les immigrants) accueillir car il a déjà ses problèmes à lui », affirme M. Bentahar qui appelle l’Union européenne à aider financièrement l’armée marocaine à assurer la sécurité de la frontière avec les pays voisins. Pour le Dr Abdelkader Bastoun, directeur régional de la santé de la province de l’Oriental, la population locale bénéficie énormément des aides européennes. Ces dernières ont notamment permis de financer l’hôpital d’Oujda, sa mise à niveau grâce à la construction de nouveaux bâtiments, l’achat de nouveaux équipements, et l’apport d’une assistance technique afin d’améliorer lesavoir-faire du personnel et la qualité des soins. « Il est trop tôt pour parler de l’impact de ces projets sur la santé de la population », estime toutefois M. Bastoun, tout en remerciant, lui aussi, la contribution fondamentale de l’UE dans les projets destinés à améliorer, d’une part, la santé dans la région de l’Oriental et, d’autre part, la performance du système de santé régionale. Ce contraste dans les points de vue illustre le conflit qui existe entre ceux qui voient dans l’aide européenne une ingérence dans les affaires intérieures du Maroc, et ceux qui y voient une opportunité sérieuse et bienvenue pour le développement du pays. A.A.
L’Union européenne, soucieuse d’encourager le développement durable dans les pays voisins, subventionne régulièrement des projets destinés à élever le niveau de vie de la population locale. Au Maroc, l’UE est impliquée dans le financement de plusieurs projets dans les régions rurales, comme l’assainissement de certains quartiers pauvres, la construction de stations...