À l'USJ, deux types de sécurité

À l’université Saint-Joseph (USJ), faculté des sciences humaines, le responsable de la sécurité du campus, Fouad Maroun, tient à distinguer entre deux types de sécurité : celle qui est liée au climat qui règne dans le pays, puis celle, plus routinière, qui a trait a la sécurité de tous les jours. M. Maroun souligne que la première est étroitement liée à la politique et qu’il convient de l’adapter de manière quotidienne, selon les circonstances. « En fonction du climat politique, nous décidons de surveiller uniquement les accès ou bien de contrôler les usagers en plus des entrées principales », affirme à cet égard M. Maroun. Sur le campus des sciences humaines, l’USJ a opté pour deux politiques : embaucher, d’une part, des membres du personnel pour qu’ils remplissent des fonctions de gardiennage et de surveillance, mais aussi, avoir recours aux services d’une entreprise privée. Les premiers font régner une ambiance quasi familiale, rassurante pour les élèves et le corps enseignant. Les seconds, plus distants par rapport aux usagers, font preuve de plus réserve pour mieux contrôler le campus. Néanmoins, les deux remplissent la même fonction : veiller à la sécurité de tous. Il convient de souligner que, sur le campus des sciences sociales, l’administration a choisi de confier les questions de sécurité à une entreprise privée seulement. Lorsqu’il est interrogé à propos d’éventuels incidents, Fouad Maroun indique que leur pourcentage est très réduit, grâce notamment à la politique d’interactivité avec les étudiants, qui est adoptée par l’administration du campus. « Partant du fait que tout est absolument politisé, il est donc impératif de favoriser le dialogue. Nous organisons ainsi régulièrement une série de contacts pour relancer constamment le dialogue avec les présidents des différentes amicales. Il n’y a pas eu, à ce jour, d’incident majeur à signaler, justement grâce à cette politique d’ouverture », explique aussi Fouad Maroun. Quelles peuvent être les plus grandes craintes d’un responsable de la sécurité dans une université ? D’emblée, M. Maroun insiste sur un principe fondamental : « Nous n’avons pas peur de nos étudiants et nous sommes très sereins car nous leur faisons confiance. » Cela étant dit, M. Maroun confie : « Nous sommes parés à toutes les éventualités » car en tant que responsable, il faut « tout envisager, penser à tout » sans pour autant perdre de vue un point fondamental : « Notre travail est d’éduquer. » La tragédie qui a touché Virginia Tech ? Rien de tel sur le campus de l’USJ, précisément parce que « chacun remplit son rôle, les responsables de la sécurité, les psychologues et les associations antidrogue ». « Jusque-là, en termes d’incidents, nous n’avons heureusement rien de marquant à relever. Si, une fois seulement, il y avait un véhicule garé près du bâtiment de l’université, et qui était là depuis plusieurs jours, sans que personne ne sache à qui il appartient. » Cela s’est néanmoins soldé par le retour du propriétaire du véhicule. Pour Fouad Maroun, « les gens ne réalisent pas qu’être gardien, c’est une tâche et un travail très ingrats. Les responsables de la sécurité ne sont jamais appréciés à leur juste valeur, ils sont toujours constamment critiqués ou insultés. Pourtant, c’est grâce à leur présence que le campus est un lieu aussi sûr ». À l’USJ, c’est donc la liberté et le dialogue qui priment et qui sont choisis comme instruments de lutte contre toute tentative de déstabilisation du campus. « Garantir un maximum de liberté à nos étudiants tout en dialoguant avec eux, mais aussi en leur imposant d’obtenir les autorisations nécessaires pour certaines activités sur le campus. L’important est surtout de rester à l’écoute. Les avantages du dialogue permanent sont nombreux. » Ce dialogue, il se fait aussi bien avec les étudiants, les responsables des amicales, les représentants des partis politiques et le rectorat.