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L’Administration US marque une évolution accompagnée toutefois de messages de fermeté Les réalités irakiennes forcent Bush à discuter avec l’Iran

L’urgence irakienne a contraint George W. Bush à accepter des discussions avec l’Iran, une évolution que l’Administration accompagne de messages répétés de fermeté pour rassurer ses alliés et ne rien paraître céder à sa bête noire. Américains et Iraniens, qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, viennent d’annoncer qu’ils étaient prêts à parler de l’Irak dans les prochaines semaines, voire avant. Les entretiens devraient avoir lieu à Bagdad entre ambassadeurs. L’Administration américaine assure qu’ils se limiteront strictement à l’Irak et qu’il n’est pas question de dialogue sur les autres innombrables sujets de querelle mutuelle tant que le régime islamique n’aura pas suspendu ses activités nucléaires les plus sensibles. En même temps qu’ils se préparaient à parler aux Iraniens, les Américains leur délivraient un message aux accents presque martiaux. Dépêché dans le Golfe, le vice-président Dick Cheney devait y rallier les soutiens au gouvernement irakien. Mais il devait aussi signifier aux pays comme l’Arabie saoudite sunnite, inquiets d’une influence iranienne grandissante et d’une menace nucléaire qui viendrait de l’Iran chiite, que l’Amérique était un « pays qui tient ses promesses », selon les mots du vice-président. Au même moment, les États-Unis poursuivaient les efforts récents pour rouvrir un canal de communication avec l’autre « régime voyou » de la région à leurs yeux, la Syrie. Avec l’Iran, une première tentative de dialogue avait échoué il y a environ un an. M. Bush a refusé jusqu’à récemment toute discussion tant que l’Iran ne suspendait pas son programme d’enrichissement d’uranium. Mais il est soumis à de fortes pressions. L’Irak menace toujours de sombrer dans le chaos. Ses adversaires démocrates, désormais majoritaires au Congrès, tentent de mettre fin à la guerre. D’éminentes personnalités affirment la nécessité d’impliquer l’Iran dans la recherche de la stabilité en Irak. L’urgence s’accentue aussi pour M. Bush. Ses généraux se sont informellement donné jusqu’en septembre pour juger du succès d’une nouvelle stratégie irakienne considérée comme celle de la dernière chance. En cherchant la discussion, l’Administration entend exploiter « toutes les voies possibles pour soutenir le gouvernement irakien », a dit le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow, réfutant que le double message de la Maison-Blanche soit « schizophrène ». Iraniens et Américains se sont parlé lors d’une conférence sur l’Irak en avril. En mai, la secrétaire d’État Condoleezza Rice s’est employée lors de la conférence de suivi à rencontrer son homologue iranien Manouchehr Mottaki, qui lui a faussé la politesse. Officiellement, les Américains comptent dire aux Iraniens qu’ils doivent cesser d’approvisionner les insurgés en engins explosifs qui font des ravages dans les rangs américains et qu’ils doivent empêcher les infiltrations de combattants à partir de leur territoire. Mais toute rencontre posera inévitablement la question d’un dialogue plus large. À ce sujet, une dizaine de députés iraniens, y compris des conservateurs, ont signé une pétition pour créer un groupe d’amitié irano-américain, ont rapporté hier les médias iraniens. « Le dialogue ne peut être uniquement établi par les gouvernements, nous pouvons aussi le nouer à travers des groupes d’amitié et les organisations non gouvernementales », a déclaré le député Morteza Tamadon, cité par l’Agence centrale d’information, une agence de presse dépendant de la télévision d’État. « Il ne faut pas considérer que cette proposition est un reniement de nos valeurs ou une façon de vendre notre pays », a-t-il ajouté. « L’objectif de cette proposition est de créer de la bonne volonté entre les deux peuples iranien et américain », a déclaré Seyed Jalal Hosseini, un autre signataire de la proposition. La proposition devra être soumise au vote du Parlement. Pour son adoption, elle doit obtenir l’approbation de la majorité des députés. Toutefois, le président de la commission des Affaires étrangères du Parlement, Alaeddine Boroujerdi, s’est opposé à la création d’un tel groupe. En outre, des députés et des journaux conservateurs iraniens ont critiqué la décision du gouvernement d’entamer des discussions avec les États-Unis à propos de l’Irak. « Négocier avec les États-Unis, en dépit de la haine que ressent le peuple musulman d’Irak envers les Américains et la stratégie de confrontation des États-Unis vis-à-vis de l’Iran, n’est pas fructueux », a déclaré le député conservateur Reza Talaie-Nik. « Discuter avec les États-Unis est synonyme de danser avec les loups et de serrer la main de Satan », avait affirmé dès lundi Hossein Shariatmadari, directeur du quotidien ultraconservateur Kayhan.

L’urgence irakienne a contraint George W. Bush à accepter des discussions avec l’Iran, une évolution que l’Administration accompagne de messages répétés de fermeté pour rassurer ses alliés et ne rien paraître céder à sa bête noire.
Américains et Iraniens, qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, viennent d’annoncer qu’ils étaient prêts à...