Sfeir : Nous vivons des temps dramatiques

Pour le dixième anniversaire de la visite historique du pape Jean-Paul II au Liban (10-11 mai 1997), une messe solennelle a été célébrée hier dans la cour extérieure du siège patriarcal de Bkerké par le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir. La messe a été concélébrée par le patriarche Pierre II des syriens-catholiques ainsi que des représentants de plusieurs Églises catholiques, en présence du nonce apostolique, Mgr Luigi Gatti. Dans son homélie, le patriarche a cité en particulier un passage de l’Exhortation apostolique remise par Jean-Paul II à l’Église du Liban, au terme d’une assemblée spéciale du synode des évêques consacré au Liban (1995). Le passage du document cité porte sur « la convivialité ». « Il est particulièrement nécessaire d’intensifier la collaboration entre les chrétiens et les musulmans, dans les domaines où cela est possible, avec un esprit désintéressé, c’est-à-dire pour le bien commun, et non pour le bien des personnes privées ou d’une communauté particulière, ou encore dans l’espoir d’obtenir davantage de crédit ou de pouvoir dans la société », affirme notamment le document, que le patriarche a invité à redécouvrir. Les anciens ministres Michel Eddé et Youssef Salamé ont assisté à l’office divin, ainsi qu’une délégation des anciens des écoles catholiques. Dans ses entretiens avec ses visiteurs, après la messe, le patriarche a tenu des propos plutôt pessimistes. « Les temps que nous vivons sont dramatiques, a affirmé le patriarche maronite. Nous sommes dispersés, c’est le moins qu’on puisse dire et chacun y va de sa chanson, en particulier dans les rangs chrétiens ». « La patrie est en danger, a surenchéri le chef de l’Église maronite, mais seuls ses propres fils pourront la sauver. Certains viennent chez nous et souhaitent nous aider, nous les en remercions, mais notre salut dépend de nous. Il faut le vouloir et agir pour le bien (…). Nous ne voulons pas d’un Liban paralytique (…). Le patriarcat fait de son mieux pour unir les rangs, mais vous savez bien les obstacles qui se dressent devant lui, et sur lesquels nous ne voulons pas nous étendre. »