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INTERVIEW - Le secrétaire général de Reporters sans frontières évoque la situation avec des « amis » libanais Robert Ménard exhorte les journalistes à « œuvrer pour éviter la guerre civile »

Luttant pour les droits de l’homme, notamment ceux des journalistes dans le monde, le secrétaire général de Reporters sans frontières, Robert Ménard, en visite récemment au Liban, appelle ses « confrères » libanais à se montrer « solidaires » et à œuvrer pour « éviter la guerre civile ». Invité par les laboratoires Sanofi-Aventis pour participer à l’expédition au mont Kneissé pour marquer la Journée mondiale de la santé, Robert Ménard a profité de son séjour à Beyrouth, qu’il n’a plus visité depuis la guerre de juillet-août, pour faire le point de la situation avec « des amis », notamment Ghassan Tuéni, Nayla Tuéni, Gisèle Khoury, May Chidiac, Melhem Karam et Mohammad Baalbacki. Il a de même participé au rassemblement organisé, à l’ordre de la presse, en solidarité avec le reporter britannique Alan Johnston. « Il ne faut pas oublier aussi les reporters détenus en otages dans plusieurs autres pays, comme les douze journalistes irakiens retenus à Bagdad, souligne-t-il. Plus de 180 journalistes ont été tués depuis mars 2003 en Irak, soit un chiffre deux fois supérieur au nombre des journalistes tués en vingt ans durant la guerre du Vietnam. » « Dans les zones de guerre, personne ne respecte les journalistes ni les civils d’ailleurs, déplore Robert Ménard. On remarque une dégradation inquiétante de la liberté de la presse et je ne sais pas comment y répondre. Je ne sais pas comment protéger les journalistes en Irak, ni dans la bande de Gaza, ni ailleurs dans le monde. Alan Johnston est le quatorzième journaliste pris en otage à Gaza, depuis janvier 2005. Les journalistes sont devenus une cible d’autant plus tentante pour certains, parce que cela leur permet de faire parler de leur cause. » Rappelant que 140 journalistes sont prisonniers dans le monde, Robert Ménard critique les Occidentaux qui, à son avis, « ne déploient pas les efforts nécessaires pour améliorer la situation ». « Les pays occidentaux ou de grandes institutions comme l’Union européenne tiennent un discours en faveur des droits de l’homme, mais pour des raisons géopolitiques, financières ou de commerce et d’échange, ne sont pas prêts à mettre leurs paroles en équation avec leurs actes. » Les médias libanais jouent-ils leur rôle dans la crise ou bien ont-ils un rôle contre-productif au niveau de l’émergence de la culture de la citoyenneté ? « Sans vouloir être offensant avec mes confrères libanais, je pense que la presse libanaise est trop politisée et liée aux engagements politiques des uns et des autres, répond-il. Cela est légitime, mais il faut être attentif pour que ces convictions n’empiètent pas sur les plates-bandes du journalisme. L’un des problèmes de la presse libanaise demeure cette incapacité dans certains cas de tenir à distance ses propres sentiments et analyses et le travail de journaliste. Je ne veux pas dire que le journaliste doit être apolitique, mais ce ne doit pas être un engagement militant. Il s’agit toutefois d’un discours facile à tenir dans un pays en paix où les journalistes ne risquent pas leur vie. Le Liban est un pays où l’ingérence étrangère, pas uniquement syrienne, est omniprésente. Les journalistes y ont payé dans leur chair l’exercice du métier. Dans ces conditions-là, l’engagement est essentiel, mais en même temps, il faut tenir le plus à distance possible la politique des médias. » Dans la crise actuelle, les médias doivent-ils jouer un rôle de rapprochement ou doivent-ils être mobilisés ? « La presse doit être la mémoire d’un peuple. De même, elle doit être solidaire encore plus que par le passé, même lorsqu’il s’agit de journalistes qui sont placés sur un autre bord de l’échiquier politique. Il faut éviter la guerre civile et ne pas jeter de l’huile sur le feu. Il faut trouver d’autres solutions. Et la presse a un rôle à jouer. Elle doit d’abord rappeler qu’il y a d’autres solutions aux différends que les armes et les affrontements violents. Personne ne gagne à la violence. Et je crois que si la presse a un rôle à jouer, c’est d’être un modérateur par rapport à cela. Elle doit éviter que les vieux démons ne ressurgissent. » N. M.
Luttant pour les droits de l’homme, notamment ceux des journalistes dans le monde, le secrétaire général de Reporters sans frontières, Robert Ménard, en visite récemment au Liban, appelle ses « confrères » libanais à se montrer « solidaires » et à œuvrer pour « éviter la guerre civile ».
Invité par les laboratoires Sanofi-Aventis pour participer à...