Rechercher
Rechercher

Actualités

People - Le célèbre violoncelliste repose au cimetière historique Novodevitchi de Moscou Rostropovitch, musicien génial et libre, enterré sous les applaudissements

Le violoncelliste de génie et défenseur de la liberté, Mstislav Rostropovitch, a été enterré dimanche au cimetière historique Novodevitchi de Moscou sous des applaudissements nourris. Près de 2 000 personnes venues faire leurs adieux au musicien qui avait défié en homme libre le pouvoir soviétique, dont des personnalités de nombreux pays, ont applaudi solennellement une fois le cercueil mis en terre. Mstislav Rostropovitch, mort vendredi à l’âge de 80 ans, repose à présent non loin des compositeurs Dmitri Chostakovitch et Sergueï Prokofiev, qu’il avait connus personnellement, ainsi que des écrivains Anton Tchékhov, Nikolaï Gogol et Mikhaïl Boulgakov. La reine Sofia d’Espagne et l’épouse du président français Bernadette Chirac étaient présentes aux côtés de l’épouse de Rostropovitch, la cantatrice Galina Vichnevskaïa. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, chef d’État de l’ex-république soviétique où est né Rostropovitch le 27 mars 1927, était aussi venu. Étaient également là le violoniste Maxim Venguerov, la famille du compositeur Dmitri Chostakovitch, la veuve du premier président russe Boris Eltsine décédé lundi dernier, Naïna Eltsine, la veuve du compositeur Alfred Schnittke, selon les agences de presse russes. Un millier de personnes assistaient en fin de matinée à un office des morts en la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou pour le violoncelliste et chef d’orchestre qui avait défié en homme libre le pouvoir soviétique. Au son d’un chœur de femmes puis d’un chœur mixte, a capella selon la tradition orthodoxe, des prêtres ont célébré l’office des morts, dans l’immense cathédrale blanche au dôme doré. Cet édifice décoré à l’intérieur de mosaïques, marbres et dorures chargés fut reconstruit dans les années 1990 en partie à l’aide de fonds recueillis par Rostropovitch lui-même après avoir été dynamité sur ordre de Staline en 1931. Avant la fermeture du cercueil, Galina Vichnevskaïa a très longuement embrassé et caressé la tête de son mari. Le président Vladimir Poutine et des milliers de Russes s’étaient déjà rendus la veille au Conservatoire de Moscou devant le corps du violoncelliste. « La Russie est orpheline », a dit hier en larmes dans la cathédrale Leïla Katcharava, une Géorgienne de 49 ans qui enseigne l’anglais dans la région de Moscou. « Il était un guide dans la vie. Nous nous souvenons de ce qu’il a fait en 1991. C’était un acte citoyen, d’un grand courage », dit-elle. Elle n’est pas seule à se rappeler ce moment où Rostropovitch était revenu de son exil à l’étranger en août 1991 pour soutenir Boris Eltsine contre les putschistes et avait joué un récital impromptu devant le siège des services secrets soviétique, le KGB. « Je ne connais rien à la musique, mais je le respectais beaucoup en tant qu’homme et j’ai jugé indispensable de venir, dit Mikhaïl Somov, 53 ans, homme d’affaires. Je me souviens en premier lieu de son geste de 1991. » « Je pense que des gens comme Mstislav Leopoldovitch sont là pour que nous soyons meilleurs », dit Nikolaï Lichankov. « Je n’oublierai jamais ce petit homme frêle que j’ai vu en août 1991 défendre la Maison blanche (le Parlement) », dit ce juriste moscovite de 37 ans. Rostropovitch avait émigré à l’Ouest en 1974. En 1978, il avait été déchu de la nationalité soviétique pour ses activités de défense des droits de l’homme. Il avait refusé depuis toute citoyenneté. En URSS, il était tombé en disgrâce en soutenant ouvertement l’écrivain dissident Alexandre Soljenitsyne. Il est enterré non loin de Boris Eltsine, décédé lundi dernier. « Je trouve cela très symbolique, que ces deux hommes qui se sont trouvés l’un l’autre en 1991 se retrouvent à nouveau cette semaine et reposent ensemble », dit le juriste Nikolaï Lichankov.
Le violoncelliste de génie et défenseur de la liberté, Mstislav Rostropovitch, a été enterré dimanche au cimetière historique Novodevitchi de Moscou sous des applaudissements nourris.
Près de 2 000 personnes venues faire leurs adieux au musicien qui avait défié en homme libre le pouvoir soviétique, dont des personnalités de nombreux pays, ont applaudi solennellement une...