Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Arts tabous et censure: des artistes refusent qu’on limite leurs créations

La multiplication des polémiques judiciaires contre des œuvres d’art et leurs auteurs suscite l’inquiétude d’acteurs du monde culturel, qui ont refusé, dans le cadre d’un forum à Bordeaux, qu’on limite leurs créations et veulent croire que la subversion a encore un avenir. À l’occasion d’un forum intitulé «Arts tabous, (auto) censure» organisé jeudi par une association en partenariat avec l’Université Montesquieu de Bordeaux, artistes, juristes et directeurs artistiques ont débattu du rôle de chacun face aux œuvres d’art que « l’esprit général de la société » récuse. Pour Thomas Bernard, directeur d’une galerie d’art contemporain à Bordeaux, Cortex Athletico, « l’artiste évolue dans une société où il peut prendre de moins en moins de risques car il heurtera toujours une sensibilité quelconque ». Excédé de s’attirer les foudres des passants, parfois choqués par les tableaux, ce galeriste envisage une parade : un nouveau lieu d’exposition sans vitrine visible de la rue pour que le débat public ne s’empare pas du débat artistique. La censure, qui émanait auparavant de l’État, s’est en quelque sorte « privatisée » depuis plusieurs années, souligne Me Agnès Tricoire, avocate spécialisée en propriété littéraire et artistique, et fondatrice de l’Observatoire des libertés d’expression en matière de création. Des associations de protection de l’enfance et des associations d’extrême droite notamment sont devenues, selon elle, des « suractifs du droit », en multipliant les procédures pénales contre des expositions, publicités, films ou livres jugés attentatoires à la dignité humaine ou aux religions. Récemment, le directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Henry-Claude Cousseau, a ainsi été mis en examen à Bordeaux pour l’organisation d’une exposition d’art contemporain, « Présumés innocents », dénoncée par une association comme attentatoire à la protection de l’enfance. L’avocate souligne la délicate tâche du juge à aborder une œuvre d’art, par nature subjective. Denis Driffort, directeur d’une résidence d’artistes plasticiens à Montflanquin (Lot-et-Garonne), juge, lui, que la prise de risque des acteurs dépend d’abord du financement des structures et que « le financement public est souvent lié à la censure ». Tout dépend aussi de la façon dont l’œuvre est présentée au public, renchérit Éric Chevance, directeur du théâtre TNT à Bordeaux.
La multiplication des polémiques judiciaires contre des œuvres d’art et leurs auteurs suscite l’inquiétude d’acteurs du monde culturel, qui ont refusé, dans le cadre d’un forum à Bordeaux, qu’on limite leurs créations et veulent croire que la subversion a encore un avenir.
À l’occasion d’un forum intitulé «Arts tabous, (auto) censure» organisé jeudi par une...