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La plupart des bons emplois sont occupés par les immigrants marocains, dénoncent les indépendantistes Rabat veut conquérir la raison et le cœur de la population sahraouie

Le Maroc continue de mettre en valeur le Sahara occidental, confiant d’obtenir un jour de la communauté internationale la reconnaissance du fait accompli créé lorsqu’il a occupé en 1975 l’ancienne colonie espagnole dans la foulée de la « marche verte ». Le royaume espère ainsi conquérir la raison et le cœur de sa population sahraouie, dont le Front Polisario entretient toujours le rêve d’indépendance, hier par la force des armes, aujourd’hui devant les instances internationales. Depuis la trêve de 1991, le Maroc a transformé el-Ayoune, comptoir commercial d’à peine 2000 âmes du temps de la colonisation espagnole, en une agglomération de 180 000 habitants, en majorité venus du Nord. Attirés par des exemptions fiscales et des traitements généreux, les Marocains surpassent en nombre aujourd’hui la population autochtone, marginalisée par le chômage et la pauvreté. Des centaines de villas et d’immeubles d’habitation ont poussé dans le désert, alimentés en eau par la plus importante usine de dessalement du contingent africain, tandis qu’une centrale électrique de 150 megawatts d’un coût de 20 millions de dollars permettra sous peu à el-Ayoune de ne plus dépendre du courant fourni par le Nord. Le petit « wharf » situé à proximité de la ville est devenu le plus grand port sardinier de l’Afrique, et un marché aux poissons plus vaste que n’importe quel autre au Maroc se développe à proximité des quais encombrés de chalutiers. Un second port est prévu en 2008 à Boujdour, plus au sud. Plus de chômage, moins de pauvreté En vertu du droit international, les richesses naturelles du Sahara occidental, dont aucun pays au monde ne reconnaît l’occupation, ne devraient pas être exploitées tant que le statut final du territoire n’aura pas été fixé. Mais le Maroc rétorque que, de toute façon, il faudrait développer le territoire et que la politique internationale ne doit pas être un obstacle. L’entreprise de conserves de poisson Calavo a implanté une usine au Sahara occidental et l’Union européenne a conclu l’an dernier avec le Maroc un accord de pêche permettant à ses chalutiers d’opérer au large des côtes très poissonneuses du Sahara occidental. Aux yeux des indépendantistes sahraouis, comme Ahmad Haddad, « on leur permet ainsi de piller les ressources d’un peuple sous occupation ». Dès la fraîcheur du soir, des milliers de jeunes Marocains et Sahraouis déambulent sur les principales artères d’el-Ayoune. Dans les magasins, les Sahraouis ne sont pas toujours traités comme les Marocains, témoigne Fatiha, une jeune Marocaine, qui travaille dans un petit café et se défend de pratiquer une telle discrimination. Les immigrés marocains partagent les écoles, les services publics et même la pauvreté avec les autochtones. Certains des bidonvilles les plus déshérités de l’ancienne capitale coloniale espagnole sont aussi peuplés de chômeurs marocains, qu’on avait incités à venir au Sahara en prévision du référendum, devenu aujourd’hui hors sujet aux yeux de Rabat. Certains Marocains conviennent que, sur le marché du travail, les Sahraouis sont marginalisés, mais ils prétendent que c’est parce qu’ils seraient plus paresseux. En 2004, le taux de chômage officiel était de 30 % au Sahara contre une moyenne de 11 % au niveau national marocain. Mais le taux de pauvreté n’était que de 6,3 %, soit deux fois moins qu’au niveau du royaume, grâce, dit Rabat, à une protection sociale généreuse. Les partisans de l’indépendance affirment quant à eux que la plupart des bons emplois sont occupés par les immigrants et que lorsque des Saharouis en trouvent, ils se voient invités à aller au Nord, voire payés pour émigrer. « Je sais que le problème du Sahara occidental est très difficile, très compliqué. Mais qui, dites-moi, n’aime pas la liberté ? Nous n’en avons aucune ici », se lamente Mohammad, un Sahraoui originaire d’el-Ayoune. Brahim Laghzal, transfuge du Polisario, considère pour sa part que le mouvement indépendantiste « profite seulement de nos problèmes sociaux ». « Il suscite une agitation parmi les enfants sahraouis avec ses arguments, mais il ne convainc pas les adultes, les anciens et les intellectuels », assure-t-il, en précisant avoir rallié le Maroc parce que « le Maroc a changé ».
Le Maroc continue de mettre en valeur le Sahara occidental, confiant d’obtenir un jour de la communauté internationale la reconnaissance du fait accompli créé lorsqu’il a occupé en 1975 l’ancienne colonie espagnole dans la foulée de la « marche verte ». Le royaume espère ainsi conquérir la raison et le cœur de sa population sahraouie, dont le Front Polisario entretient...