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Des Français issus de l’immigration tentés par l’extrême droite

Le phénomène reste minoritaire mais prend une ampleur inédite : des Français issus de l’immigration, pères de famille ou jeunes de banlieue, se disent prêts à voter à la présidentielle pour Jean-Marie Le Pen, champion de la « préférence nationale ». « Je vais voter pour Le Pen », affirme sans hésiter Mourad Asfour, 25 ans, étudiant en histoire de l’art à Dijon. Pour lui, le candidat du FN, finaliste inattendu de 2002, crédité cette année de 13 % à 16 % des intentions de vote, est le seul candidat qui « incarne l’amour de la France ». Arrivé du Maroc à 1 an, ce musulman pratiquant approuve la priorité donnée à la lutte contre l’immigration car « les capacités d’accueil de la France sont saturées ». Il estime que M. Le Pen partage avec lui certaines « valeurs morales », comme l’opposition au mariage homosexuel. Il n’est pas isolé : Le Canard enchaîné a fait état d’un sondage réalisé pour le ministère de l’Intérieur, selon lequel 8 % des Français originaires du Maghreb seraient prêts à voter Le Pen. Soit plus de 100 000 électeurs potentiels. Le candidat d’extrême droite a réussi un coup médiatique vendredi dernier, en se rendant sur la dalle d’Argenteuil où l’UMP Nicolas Sarkozy, qui y avait parlé de « racaille », est mis par ses rivaux au défi de revenir. Il avait déjà surpris en choisissant une jeune fille d’origine nord-africaine pour illustrer une des premières affiches de sa campagne 2007. « Le pauvre chasse plus pauvre que lui », constate avec amertume Sophia Chikirou, 27 ans, membre des instances dirigeantes du PS et auteur de Ma France laïque. Également fille d’immigrés algériens, cette militante du XXe arrondissement de Paris a constaté que nombre de commerçants immigrés de son quartier s’étaient engagés pour Le Pen. Par exemple, propriétaires de petits hôtels réquisitionnés par les services sociaux pour l’hébergement de familles de sans-papiers, ils se retrouvent face à des dégradations. « Ils en veulent aux autorités et disent : “avec Le Pen on sera débarrassé des sans-papiers et de la polygamie” ». « Y en a marre de voir des Maliens sans papiers logés dans des hôtels », confirme Farid Smahi, membre du bureau politique du FN, qui se déclare « français patriote et musulman » et n’hésite pas aller vanter la « préférence nationale » dans des banlieues pauvres où il était autrefois « insulté ». Grâce à son association créée pour aider les enfants irakiens pendant l’embargo international, M. Smahi a réussi à se « faire accepter », puis se « faire entendre ». Il assure avoir apporté 3 500 adhésions d’immigrés en moins d’un an au FN.
Le phénomène reste minoritaire mais prend une ampleur inédite : des Français issus de l’immigration, pères de famille ou jeunes de banlieue, se disent prêts à voter à la présidentielle pour Jean-Marie Le Pen, champion de la « préférence nationale ». « Je vais voter pour Le Pen », affirme sans hésiter Mourad Asfour, 25 ans, étudiant en histoire de l’art à Dijon. Pour lui,...