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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉPIDÉMIE - L’OMS et l’Onusida publient de nouvelles recommandations pour se protéger du VIH La circoncision diminue le risque de transmission du virus du sida, mais ne l’élimine pas, souligne Jacques Mokhbat RUBRIQUE RÉALISÉE PAR NADA MERHI

La circoncision fait désormais partie des moyens de prévention dans la lutte contre le sida, d’après les nouvelles recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Agence spécialisée des Nations unies pour le sida (Onusida). Les deux organisations onusiennes estiment en fait que des millions de vies pourraient être sauvées, en particulier en Afrique orientale et australe, à condition que les hommes circoncis n’adoptent pas des comportements à risque en se croyant à tort protégés à 100%. «La circoncision doit être reconnue comme un moyen supplémentaire de réduction de l’infection au VIH acquise par des hommes pendant des rapports hétérosexuels, mais elle ne peut remplacer les autres stratégies de prévention», insiste cependant le Dr Kevin de Cock, directeur du département du VIH/sida à l’OMS. «Porteuse d’espoirs formidables», cette recommandation doit s’accompagner de messages de prévention, tels que «je suis circoncis et j’utilise le préservatif», a déclaré pour sa part le Dr Catherine Hankins de l’Onusida. Malheureusement, tout le monde ne prête pas attention aux avertissements et messages de prévention, déplore le Dr Jacques Mokhbat, spécialiste en maladies infectieuses. «Il s’agit bien sûr d’une bonne nouvelle, mais la circoncision, qui est un acte traumatique, doit être pratiquée dans les plus strictes règles d’art et d’asepsie chirurgicale, comme par des professionnels et non par des néomédecins ou des guérisseurs traditionnels. Dans le cas contraire, on va rencontrer un problème sérieux de transmission du sida à travers les outils tranchants utilisés, sans oublier bien sûr les traumatismes et les complications qui s’ensuivent et qui risquent d’être graves.» Diminution et non élimination du risque La circoncision diminue le risque de transmission, mais ne l’élimine pas du tout, insiste le Dr Mokhbat. «Il s’agit d’une décision de santé publique, mais elle n’a aucune valeur au niveau personnel. En ce sens que la généralisation de la circoncision entraîne une diminution globale de l’épidémie dans un pays, mais à titre personnel, un homme circoncis qui a des relations avec des personnes séropositives encourt toujours le risque d’attraper le virus du sida. Donc, il s’agit d’une diminution et non d’une élimination du risque de transmission du virus. Pour cela, il est important de maintenir les mêmes messages de prévention. C’est-à-dire que la circoncision doit continuer à être accompagnée de l’utilisation du préservatif, la fidélité dans les relations sexuelles, éviter autant que possible les relations sexuelles occasionnelles ou avec les travailleurs du sexe. Les messages ne doivent pas changer, parce que la circoncision ne signifie pas la protection. Sans oublier que le risque chez la femme est le même. En effet, la circoncision chez un homme séropositif ne protège pas la femme.» Pourquoi la circoncision protègerait-elle? «Il est connu que les hommes incirconcis développent parfois, à cause d’une mauvaise hygiène, une irritation, une inflammation, voire une infection, de la région située entre le gland et la peau du prépuce, ce qui augmente la présence du virus dans la région de l’infection, répond le Dr Mokhbat. Un homme qui a une bonne hygiène intime et qui ne souffre pas d’une balanite, c’est-à-dire d’une inflammation du gland, présente un risque de transmettre le virus semblable à n’importe quelle autre personne circoncise.» Et le Dr Mokhbat de préciser: «Un homme circoncis ne doit pas avoir des relations sexuelles pendant au moins six semaines jusqu’à ce que la blessure soit guérie et complètement cicatrisée, puisque avant cette période, le risque de transmission du virus à cause de la blessure est plus grand.» Un effet protecteur individuel Les recommandations de l’OMS et de l’Onusida ont été rendues publiques suite à une analyse par des experts de trois grandes études menées au Kenya, en Ouganda et en Afrique du Sud et qui ont montré que la circoncision réduit de 55 à 60% les risques d’infection par le virus du sida. Si en Afrique du Nord et de l’Ouest, quasiment tous les hommes sont circoncis, les taux sont plus variables en Afrique de l’Est et australe, selon les experts. C’est dans cette région, où le taux d’infection est élevé, que la circoncision pourrait avoir l’impact le plus positif sur l’épidémie. Selon l’OMS et l’Onusida, le bénéfice serait le plus élevé dans les zones où l’infection touche plus de 15% de la population, avec une propagation du virus principalement hétérosexuelle, et où plus de 80% des hommes ne sont pas circoncis. Les avantages seraient également considérables lorsque de 3 à 15% de la population est infectée, avec relativement peu d’hommes circoncis. «Si la protection individuelle est rapide après la cicatrisation, l’impact au niveau de la population va prendre des années et des années», a reconnu le Dr de Cock, conseillant de commencer par les adolescents et jeunes hommes, plus à même de contracter l’infection. En Afrique subsaharienne, qui concentre la grande majorité des personnes touchées par le VIH dans le monde (24,7 millions sur un total de 39,5 millions), la circoncision permettrait d’éviter, sur vingt ans, six millions de nouvelles infections et trois millions de morts, selon les projections. Sur les continents où l’épidémie se répand surtout parmi des groupes à risques (homosexuels, toxicomanes, rapports avec des prostituées), la circoncision aurait, selon les experts, un effet protecteur individuel, mais un impact global moins sensible. Des études restent nécessaires pour évaluer si la circoncision réduit directement la transmission du VIH de l’homme à la femme et si elle a un rôle protecteur au cours de rapports anaux, homosexuels ou non. Dans l’état actuel des connaissances scientifiques, la circoncision est recommandée aux hommes non contaminés par le VIH et non aux hommes déjà séropositifs.
La circoncision fait désormais partie des moyens de prévention dans la lutte contre le sida, d’après les nouvelles recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Agence spécialisée des Nations unies pour le sida (Onusida). Les deux organisations onusiennes estiment en fait que des millions de vies pourraient être sauvées, en particulier en Afrique...