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À l’ombre de Ryad Alexandre BAZ

La crise politique libanaise s’est exportée la semaine dernière à Ryad. On a tapissé ainsi de notre crise bien libanaise, devenue industrie au même titre que l’industrie du tapis perse, les discussions du sommet de la Ligue des impuissants arabes. Impuissance : le mot est lâché, comme si la situation au Moyen-Orient n’était pas déjà critique. Entre crises palestino-israéliennes, crises irakiennes, crises à rebondissement au Liban ou crise interminable, les pays arabes ont démontré leur incapacité, devenue aujourd’hui notoire, à résoudre les multiples problèmes qui se posent. Impuissance aussi à régler une crise qui dure et qui perdure. La communauté internationale, la Ligue arabe en la personne de son secrétaire général, nos grands parrains, frères ou sœurs s’y sont également attelés, jusqu’à présent sans aucun résultat. Ou plutôt résultat en attentat à défaut d’être en attente, chacun, au lieu de fourbir ses armes politiques au sens figuré, fourbissant les siennes propres. En attendant, la réponse à cette crise ne peut être libanaise alors que nos chers dirigeants pro ou antisyriens, américains, martiens, selon l’optique dans laquelle on se place, ont prouvé au monde entier notre inaptitude à être un pays à part entière. Les pays arabes, nos soi-disant frères, ont réussi à se construire, au-delà de leur différence, un sentiment de nation et d’État pendant que nous au Liban, nous continuons de nous entre-déchirer. Au lieu de régler notre crise politique, devenue maladie chronique, nous voyons les ingérences extérieures se multiplier : initiatives arabes, irano-saoudiennes, toutes se terminant sur un constat d’échec. Avant d’accuser nos voisins, qu’ils soient syriens et israéliens, faisons avant tout notre propre mea culpa. Ils n’ont fait, eux, que profiter des faiblesses de notre système politique. Nos divisions rejaillissent également sur l’ensemble de nos institutions, qu’elles soient présidentielles avec l’extension du mandat de Lahoud, le Parlement élu en 2005 sur la base de la loi de 2000 et enfin notre gouvernement qui ne gouverne plus grand-chose, et dont certains membres dénoncent l’illégitimité de Lahoud ou les ingérences syriennes tout en ayant été eux-mêmes, à un moment, fort proches de ces mêmes Syriens. Notre système, anesthésié par l’occupation syrienne et aujourd’hui bancal, ne reflète plus la réalité et les nouveaux équilibres de notre société. La Constitution libanaise, Taëf ne sont pas une réponse à nos problèmes, mais un frein au règlement de nos problèmes. Le confessionnalisme exacerbé est source de batailles sectaires; notre confessionnalisme étatisé est une des sources de notre manque de démocratie. Le Liban n’est pas démocratique. L’accaparement par certains de nos pompiers-pyromanes de leur communauté au profit de leurs intérêts personnels le prouve amplement, qu’ils soient pro ou antiétrangers. En attendant, on tourne en rond, et les Libanais en bourrique. Nos deux délégations, dans leur superbe ignorance chacune de l’autre, prouvent une fois de plus que le pouvoir libanais se trouve officiellement divisé, comme au bon vieux temps quand deux gouvernements régnaient chacun sur son territoire, du temps où le Liban disparaissait dans la tourmente moyen-orientale, éclipsé par l’occupation syrienne, vendu par ses mêmes pays et organisations qui, hier, siégeaient ou observaient à Ryad. Notre nation n’existe pas, chaque communauté ou secte ayant une conception différente du Liban. Le dialogue n’existe plus, comme nous le démontrons aujourd’hui au monde. Notre Liban n’est qu’une utopie, un rêve assassiné par nos hommes politiques. Alexandre BAZ Article paru le Mardi 3 Avril 2007
La crise politique libanaise s’est exportée la semaine dernière à Ryad. On a tapissé ainsi de notre crise bien libanaise, devenue industrie au même titre que l’industrie du tapis perse, les discussions du sommet de la Ligue des impuissants arabes. Impuissance : le mot est lâché, comme si la situation au Moyen-Orient n’était pas déjà critique. Entre crises...