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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Clôture définitive de la salle d’exposition de l’avenue Charles Hélou Fermeture de l’Espace SD: Sandra Dagher s’explique Zéna ZALZAL

C’est demain, samedi 31 mars, qu’aura lieu – au grand dam de ses aficionados! – la fermeture définitive de l’Espace SD. En fermant ses portes, cette galerie, devenue au fil de ses huit années d’activités, une véritable plate-forme artistique, laisse désemparée une foule d’habitués qui avaient trouvé dans la «formule SD» une réponse à leur demande artistique. Un lieu où s’exprimait la jeune scène créative libanaise, et cela autant dans le domaine des arts plastiques que dans ceux du design, de la musique ou encore des débats d’idées et de tendances. Sauf qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Car si Sandra Dagher, propriétaire et directrice de l’Espace, met la clé sous la porte, ce n’est pas, comme on a pu le dire, à cause de la situation dans le pays, mais tout simplement pour s’atteler à d’autres projets. Des projets toujours dans le même domaine. Et toujours avec les mêmes objectifs. À savoir, essentiellement, la promotion des œuvres d’artistes contemporains. Avec un groupe de personnes impliquées dans la vie culturelle et artistique, Sandra Dagher a déjà formé une association «dans l’idée de monter un centre d’art contemporain à but non lucratif». Cet espace, qui s’appellera tout simplement Beirut Art Center, présentera des expositions d’œuvres «qui ne seront pas à vendre». Le projet, en cours d’élaboration, bénéficiera du soutien de mécènes privés et institutionnels, «issus directement de la communauté libanaise», ainsi que d’organismes internationaux et non gouvernementaux. Cette initiative vise à combler un maillon manquant dans la chaîne artistique libanaise qui, en dehors des Centres culturels des ambassades étrangères, ne compte pas de lieux où peuvent être exposées des œuvres non commerciales, comme certaines pièces multimédias, performances, installations, vidéos, qui n’ont pas vraiment leur place dans une galerie traditionnelle. Un espace intermédiaire, en somme, entre la galerie et le musée d’art contemporain qui, à la différence d’un musée, «ne possèdera pas de collection privée et organisera des expositions individuelles, ce qui est rarement le cas dans un musée. Et dont les expositions régulières, à échelle locale, régionale et internationale, seront ponctuées d’activités diverses: workshops, projections et événements ponctuels», poursuit la jeune femme. Un lieu d’autant plus nécessaire sur la place locale, que « si le marché de l’art reste assez limité au Liban, les artistes et le potentiel ne le sont pas», signale Dagher. Un centre dont «l’esprit» ne sera finalement pas très éloigné de celui de l’Espace SD, «mais avec une direction artistique différente et le souci du commercial en moins». Un lieu vivant et dynamique En effet, avec une centaine d’expositions proposées au public et la promotion de plus de deux cents artistes et créateurs, sans compter les conférences, concerts, projections, performances et autres événements qui se sont déroulés tout au long de ces dernières années, l’Espace SD aura accompli sa mission: servir de vitrine pour les artistes libanais de tous horizons. D’ailleurs, «le fait d’avoir autant de retour sur la fermeture de l’Espace me rassure, c’est la preuve qu’il a vraiment joué son rôle», souligne la jeune femme. Ouvert en 1998 par Karine Wehbé et Wadih Safieddine qui y organisaient des expositions ponctuelles, l’Espace SD est repris par Sandra Dagher, fraîchement débarquée de France, début 2000. Sous sa férule, cet Espace va se développer, s’élargir, évoluer de salle d’exposition – qui donne en particulier leur chance aux jeunes artistes – en un lieu actif, vivant et dynamique, un vrai lieu d’activités culturelles. En aménageant un troisième étage consacré aux créateurs et designers, en créant un coin librairie, en programmant, parallèlement aux expositions, des cours, des ateliers, des débats, un ciné-club et diverses performances et installations conceptuelles, la galerie s’était forgée dès septembre 2002 une identité singulière dans le circuit artistique libanais, à mi-chemin entre la galerie et la salle d’exposition publique. Sauf qu’étant totalement autofinancée, l’initiative privée qui est à la base de l’Espace SD ne pouvait, à long terme, continuer à se développer. Dans le rôle public qu’elle s’était fixé, elle avait atteint ses limites. Car, même si cet Espace n’a jamais fonctionné dans une logique lucrative, il fallait quand même qu’il puisse rentrer dans ses frais. Cela supposait donc un équilibrage entre expositions d’œuvres «vendables» et présentation de performances et installations moins commerciales. Cela faisait un an et demi que Sandra Dagher prévoyait de fermer l’Espace de l’avenue Charles Hélou pour passer à autre chose. «Je devais normalement arrêter définitivement en juin 2006. Mais à cause de certains engagements déjà pris, j’ai prolongé de quelques mois», indique-t-elle, précisant qu’«il ne s’agit en aucun cas d’une décision consécutive à la guerre de l’été dernier. Nous ne fermons pas pour cause de difficultés financières car, sur ce plan, si la situation n’est pas florissante en ce moment, nous arrivons quand même à nous en sortir et à rentrer dans nos frais. D’autant que notre but n’a jamais été de faire de l’argent. La seule et unique raison est que nous étions arrivés à un rythme de croisière qui aurait pu continuer, mais sans vraiment évoluer. Il fallait donc passer à autre chose», dit-elle. La fermeture de l’Espace de l’avenue Charles Hélou n’est donc pas un adieu, plutôt un au revoir... L’aventure continue donc pour Sandra Dagher. La jeune femme, photographe de formation et diplômée en communication visuelle, qui soutient «n’avoir jamais cherché à être galeriste et encore moins marchande d’art», va pouvoir se lancer pleinement dans le rôle qu’elle préfère. Celui de découvreur et de «catalyseur» de talents artistiques. À suivre... Zéna ZALZAL
C’est demain, samedi 31 mars, qu’aura lieu – au grand dam de ses aficionados! – la fermeture définitive de l’Espace SD. En fermant ses portes, cette galerie, devenue au fil de ses huit années d’activités, une véritable plate-forme artistique, laisse désemparée une foule d’habitués qui avaient trouvé dans la «formule SD» une réponse à leur demande artistique....