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SOCIAL - Initiée dans les années 1950, l’action humanitaire bénéficie à plusieurs dizaines de défavorisés par an La Fondation du père Afif Osseirane, l’espoir d’un avenir plus prometteur pour les jeunes défavorisés

D’un simple élan visant à recueillir les « Chicklet’s Boys », l’action humanitaire du père Afif Osseirane, initiée il y a près d’un demi-siècle, bénéficie à présent à plus de 150 jeunes par an et à des dizaines de mineurs en conflit avec la loi. Issus de milieux défavorisés et souvent délaissés par leurs familles, ces jeunes reçoivent au siège de la fondation, qui porte le nom de son fondateur, une formation technique qui leur permet d’affronter leur avenir sous un jour plus prometteur. Tout a commencé dans les années 1950, lorsque le père Afif Osseirane a décidé d’accueillir dans une petite chambre qu’il possédait dans les environs de l’hôpital Rizk, à Achrafieh, les «Chicklet’s Boys» et les enfants qui vendaient des fleurs dans le quartier de Zeitouneh. Avec pour objectif de leur assurer un emploi plus «honnête». Son action grandissant rapidement, le prêtre s’est retourné vers l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Ignace Ziadé, qui a mis à sa disposition le terrain de Fanar, où sont situés actuellement les locaux de la fondation ainsi que le Foyer de la providence, qui a vu le jour en 1964. «Le père Osseirane œuvrait alors à assurer une réinsertion sociale à ces jeunes ainsi qu’une formation technique», explique la présidente de la fondation, Mona Choueiri, qui explique que le foyer a été «construit au rythme des donations». «J’ai fait la connaissance du père Osseirane en 1982 lorsqu’il m’avait demandé d’enseigner la langue française à des élèves de la classe de 4e, raconte Mme Choueiri. J’avais cru qu’il s’agissait d’une classe normale. Mais je me suis retrouvée entourée d’enfants dont certains étaient plus âgés que moi. C’est alors que j’ai été familiarisée avec cette cause.» En 1988, avec le décès du père Osseirane, le comité exécutif de la fondation a pris la relève. «À cause de la guerre et suite au déplacement des familles, nous avons dû restructurer le foyer en une école technique pour pouvoir permettre aux enfants des familles de déplacés de poursuivre leurs études ou de suivre une formation pratique.» Actuellement, la Fondation du père Afif Osseirane peut accueillir près de 110 enfants en interne et quelque 25 à 40 autres en externe. Leur âge varie entre 10 et 19 ans. «Les enfants obtiennent un diplôme de Certificat d’aptitude professionnelle (CAP), de Brevet professionnel (BP) ou de formation professionnelle accélérée en menuiserie et électricité, délivré par l’Office national de l’emploi, souligne Mme Choueiri. Les jeunes sont par la suite introduits sur le marché de travail. Ceux qui, par contre, désirent pousser plus loin leur formation sont dirigés vers des écoles similaires à la nôtre, notamment à Dékouaneh, où ils obtiennent un bac et une licence techniques. Cinq de nos jeunes ont poursuivi des études universitaires en génie. L’un d’entre eux a même obtenu une bourse pour poursuivre ses études en France.» Encadrés par une équipe de vingt enseignants spécialisés, un animateur social, quatre directeurs d’ateliers, une psychologue, une psychothérapeute, deux assistantes sociales, un avocat, un avocat juriste et des volontaires, les enfants ont la possibilité de choisir l’une des cinq formations suivantes: menuiserie, mécanique automobile, mécanique générale, électricité de bâtiment et soudure. «Nous leur assurons aussi des cours récréatifs comme le sport, le chant – nos enfants se sont reproduits deux années consécutives au palais de l’Unesco – et prochainement des ateliers de théâtre et de peinture», remarque Mme Choueiri, soulignant que les dépenses annuelles d’un enfant s’élèvent à près de 2 000 dollars. Le ministère des Affaires sociales couvrant 30% des dépenses. La fondation compte sur les donations et sur les levées de fonds pour subvenir aux besoins de ces enfants. Au sein des prisons En 2004, l’école étant «bien assise et cadrée», le comité exécutif de la Fondation du père Afif Osseirane s’est redirigé vers la vocation et la mission première de son fondateur, soit la réinsertion sociale des délinquants et des mineurs en conflit avec la loi. « Au lieu de les reprendre à la fondation, nous avons décidé d’œuvrer au sein même de la prison de Roumieh, explique Mme Choueiri. Nous avons ainsi collaboré, dans un premier temps, avec l’ONG suisse Terre des hommes, dont la mission arrivait à terme au Liban.» Terre des hommes s’était engagée au Liban en 1976 et s’est occupée de 1993 à 2004 des mineurs en conflit avec la loi, à la prison de Roumieh, leur assurant aussi un suivi au terme de la détention. À partir de l’année 2005, le programme initié par Terre des hommes a été entièrement pris en charge par la Fondation du père Afif Osseirane. «Dans le cadre de ce programme, la fondation assure aux mineurs un soutien psychologique et une formation sociale au sein même de la prison, explique Mme Choueiri. La réinsertion sociale se fait à partir de nos centres basés à Bourj Brajneh, à Saïda et à Tripoli.» À la prison, les mineurs sont pris en charge par l’équipe de la Fondation du père Afif Osseirane qui les accueille dès le premier instant de leur incarcération. «Nous leur apprenons leurs droits et leurs devoirs, et nous les orientons vers différents programmes, comme l’alphabétisation ou la formation technique, qui est assurée par le Mouvement social, indique Mme Choueiri. Ils ont également la possibilité de vaquer à d’autres activités susceptibles de développer leur personnalité.» «Depuis quelque temps, la fondation assure à ces mineurs un suivi juridique, ajoute-t-elle. Nous collaborons dans ce cadre avec l’assistance juridique au sein de l’ordre des avocats à Beyrouth. Le but est d’assurer à chacun de ces mineurs un avocat qui suivra leur dossier. Nous travaillons aussi sur une réforme de la loi pour les mineurs, pour que ces derniers puissent bénéficier de la présence d’un avocat lors de l’interrogatoire, ce qui n’est pas prévu dans le cadre de la loi actuelle. Nous travaillons de même sur les décrets d’application de la loi 422, notamment en ce qui concerne les mesures alternatives à l’emprisonnement qui doit être le dernier recours, d’autant que l’incarcération de ces jeunes à Roumieh est contraire à la convention sur les droits de l’enfant, que le Liban a ratifiée. En fait, nous combattons en premier lieu l’idée de mettre l’enfant en prison. Il doit au contraire être introduit dans un foyer où il bénéficiera d’un suivi social, psychologique, éducatif, etc.» La collaboration entre l’équipe de la prison et celle des centres régionaux «permet de réinsérer les enfants dans leurs milieux». «Nous essayons de raccommoder les choses, d’autant que ces enfants sont issus de familles disloquées. Si la famille rejette son enfant ou si ce dernier n’a pas de famille, l’assistance sociale dans les centres de réinsertion essaie de lui trouver une famille de remplacement. Notre action est centrée sur les parents et les enfants en même temps. Et parfois, nous nous retrouvons en train de payer aux parents pour qu’ils viennent rendre visite à leurs enfants», constate Mme Choueiri. Et de conclure: «Le programme des mineurs en conflit avec la loi ne bénéficie pas de l’aide du gouvernement. Nous comptons essentiellement sur les ONG internationales et sur les bienfaiteurs, sachant qu’il est très difficile de trouver un parrain pour les mineurs en conflit avec la loi. Malheureusement, les ONG ne paient pas les frais de fonctionnement, qui constituent la partie majeure de notre travail.» N.M.
D’un simple élan visant à recueillir les « Chicklet’s Boys », l’action humanitaire du père Afif Osseirane, initiée il y a près d’un demi-siècle, bénéficie à présent à plus de 150 jeunes par an et à des dizaines de mineurs en conflit avec la loi. Issus de milieux défavorisés et souvent délaissés par leurs familles, ces jeunes reçoivent au siège de la...