Rechercher
Rechercher

Actualités

Moscou veut réhabiliter l’image de son système carcéral Danseurs africains et jeunes séropositifs : un tour des prisons russes

Dans un pénitencier qui date de l’époque stalinienne, un groupe de détenus nigérians en costumes tribaux dansent et jouent du tam-tam devant des journalistes. « Tout va bien... Je m’ennuie de chez moi », affirme l’un des prisonniers, Omar Khamad, à l’issue d’un spectacle mettant en scène un esprit terrifiant agitant une hache. « J’écoute la BBC et Voice of America à la radio. J’étudie l’espagnol à la bibliothèque », ajoute le jeune homme qui purge une peine de 10 ans pour trafic de drogue. Les journalistes ont eu récemment le rare privilège de pouvoir jeter un coup d’œil sur la vie à l’intérieur de ce pénitencier pour étrangers situé dans la forêt de Mordovie, à 650 km à l’est de Moscou, ainsi que dans six autres prisons, alors que les autorités russes cherchent à réhabiliter l’image de leur système carcéral entachée par des décennies de répression soviétique. Au cours de la dernière décennie, les prisons russes « n’ont pas seulement fait quelques pas en avant, mais ont subi une transformation », affirme le directeur des prisons de Mordovie, Viktor Malkov. L’État verse plus d’argent qu’auparavant, les détenus sont mieux nourris et les cas de tuberculose sont en baisse, assure M. Malkov, rejetant les accusations, « subjectives » selon lui, des défenseurs des droits de l’homme selon lesquels les prisons russes sont inhumaines et insalubres. Tout au long de la visite de quelques-unes des prisons issues du complexe pénitencier soviétique Temlag, où furent emprisonnés de nombreux prisonniers politiques, le message se veut définitivement optimiste. Chaque enceinte entourée de barbelés attend les reporters avec des pâtisseries maison et des tranches de lard. Les détenus exécutent devant les visiteurs des spectacles de pantomime, de danse du ventre. Dans une prison pour mineures de la région de Riazan (200 km au sud-est de Moscou), des prisonnières défilent dans des robes du soir qu’elles ont elles-mêmes confectionnées, chantent et récitent des poèmes. Même son de cloche dans une prison pour drogués et alcooliques où Maxim Jdanov, un ex-héroïnomane séropositif qui purge une peine pour vol avec voies de fait et trafic de drogue dit avoir trouvé la sérénité. « Il ne reste probablement personne en vie parmi ceux de mon entourage qui sont restés en dehors de la prison. Cet endroit m’a sauvé », affirme l’homme de 27 ans au crâne rasé revêtu d’un uniforme noir. Mais le tableau n’est pas sans tache. Un prisonnier séropositif soutient avoir été transféré d’une prison tellement surpeuplée que les détenus devaient y partager les lits à tour de rôle pour dormir. La présence dans une prison pour femmes de Svetlana Bakhmina, une cadre de la compagnie pétrolière Ioukos, rappelle le retentissant procès contre l’ex-groupe de Mikhaïl Khodorkovski considéré comme inspiré par le Kremlin, qui a été accusé de se servir du système judiciaire comme d’une arme politique. Dans le pénitencier pour étrangers, les prêtres catholiques se plaignent d’avoir des difficultés à accéder aux détenus catholiques de la prison, une situation qui fait écho à la méfiance générale en Russie orthodoxe à l’égard des catholiques. « On ne comprend pas que c’est important pour les détenus de voir un prêtre », explique le père Michael Ryan, qui a reçu l’autorisation de célébrer une messe le jour où les reporters se trouvaient sur place. « Le système a subi d’énormes changements. C’est un endroit pauvre et dur, mais on traite les gens humainement », ajoute-t-il toutefois. Avec quelque 877 000 détenus, la Russie a l’une des plus importantes populations carcérales au monde. Les autorités espèrent pouvoir bientôt mettre à l’essai un système de bracelets électroniques pour la réduire.

Dans un pénitencier qui date de l’époque stalinienne, un groupe de détenus nigérians en costumes tribaux dansent et jouent du tam-tam devant des journalistes. « Tout va bien... Je m’ennuie de chez moi », affirme l’un des prisonniers, Omar Khamad, à l’issue d’un spectacle mettant en scène un esprit terrifiant agitant une hache. « J’écoute la BBC et Voice of...