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Le rapprochement entre ABN Amro et Barclay donnerait naissance au numéro deux du secteur Les fusions bancaires en Europe sont plus faciles mais pas inéluctables

Les fusions bancaires transfrontalières en Europe, longtemps considérées comme trop complexes, semblent désormais favorisées par un nouvel environnement réglementaire et technologique, même si les cibles privilégiées demeurent sur les marchés émergents. Des rapprochements ont déjà eu lieu en Europe ces dernières années, notamment le rachat de la britannique Abbey National par l’espagnole SCH fin 2004, ou celui de l’italienne BNL par la française BNP Paribas l’an dernier. Mais l’OPA envisagée par la britannique Barclays sur la néerlandaise ABN Amro serait d’une tout autre ampleur, la presse évoquant une fusion d’une valeur globale de 80 milliards de livres (117 milliards d’euros) donnant naissance à la deuxième banque en Europe. Si cette opération peut s’expliquer par les performances jugées décevantes d’ABN Amro, selon les analystes, elle témoigne également d’une évolution du secteur bancaire en Europe. « La réglementation favorise désormais davantage les fusions transfrontalières. Il y a moins de protectionnisme », explique Robin Down, analyste chez HSBC Global Research. L’absence de synergies potentielles, citée comme un obstacle dans un rapport de la Commission européenne de novembre 2005, ne se pose plus avec autant d’acuité. « Sur le plan des coûts, il y a eu une harmonisation des produits entre les différents marchés et aussi sur le plan technologique », selon M. Down. La mise en commun des plates-formes informatiques en cas de fusion est ainsi généralement beaucoup plus rapide et moins onéreuse. Ces nouvelles facilités d’exécution pourraient favoriser d’autres opérations, dans le sillage d’ABN Amro et Barclays, selon les analystes. « Ce qui peut arriver, c’est un effet de dominos. Que d’autres banques se disent : nous aussi, on veut faire partie de ce jeu-là », estime Jean-Pierre Lambert, analyste chez Keefe, Bruyette and Woods. De l’avis général, l’italien Capitalia, dont ABN Amro est le premier actionnaire (8,6 %), est la cible la plus évidente. Dans une note, la banque américaine JP Morgan cite également l’allemande Commerzbank et la britannique Lloyd’s. D’autres analystes citent la franco-belge Dexia. Cependant, le nombre potentiel de fusions majeures en Europe serait peu élevé : « Je ne vois pas la fusion entraîner plus d’une ou deux opérations de plus », prévoit M. Down. « Les opérations transfrontalières entre acteurs européens d’envergure sont en théorie limitées », juge l’analyste de CM-CIC Pierre Chedeville dans une note en l’expliquant par des prix élevés et un mouvement de consolidation concernant d’abord les cibles de taille moyenne. Les caractéristiques des marchés bancaires d’Europe de l’Ouest expliqueraient ainsi que les géants américains comme Citigroup ou Bank of America, régulièrement annoncés sur le Vieux Continent, ne s’y soient pas risqués. « Ils ne voient pas pourquoi ils achèteraient quelque chose au Royaume-Uni, qui est un marché mature et où la concurrence est très rude, plutôt qu’une banque chinoise ou coréenne », dit M. Down. Pour les banques américaines et européennes, les meilleures cibles se situent en priorité, selon les analystes, en Europe de l’Est, dans le bassin méditerranéen et en Asie.

Les fusions bancaires transfrontalières en Europe, longtemps considérées comme trop complexes, semblent désormais favorisées par un nouvel environnement réglementaire et technologique, même si les cibles privilégiées demeurent sur les marchés émergents.
Des rapprochements ont déjà eu lieu en Europe ces dernières années, notamment le rachat de la britannique Abbey...