Rechercher
Rechercher

Actualités

Au cours d’une brève escale à l’aéroport, le célèbre homme d’affaires émirati adresse un sévère avertissement aux responsables « Les investisseurs risquent de se retirer si l’État reste léthargique », souligne Khalaf al-Habtoor

«J’ai investi dans l’immobilier, sinon sans aucun doute j’aurais retiré mes investissements du Liban et je les aurais transportés dans mon pays. » Ce sont les termes de Khalaf al-Habtoor, PDG du groupe émirati al-Habtoor, qui a tenu hier une conférence de presse au salon VIP de l’aéroport Rafic Hariri. En réponse à un journaliste qui lui demandait si ses projets immobiliers étaient exposés à la vente, il a répliqué « qu’il doute qu’il y ait un génie ces temps-ci qui soit prêt à les acquérir ». Khalaf al-Habtoor a effectué hier une brève escale à Beyrouth. Son avion privé a atterri vers 11h30. Il a tenu sur-le-champ un point de presse pour retourner à Dubaï une fois ce point de presse achevé. Selon lui, il aurait préféré une rencontre avec les médias au siège de l’un de ses hôtels, mais la situation étant ce qu’elle est, il n’a pas voulu s’approcher du cœur du Liban. « J’ai voulu sciemment m’éloigner du cœur du Liban parce que je veux garder dans ma mémoire l’image d’un pays et d’un peuple que j’aime et non celle douloureuse de la situation actuelle, ou de mes expériences amères sur le plan de l’investissement », a-t-il souligné. « Je ne m’attendais pas à un retour sur investissement dans l’immédiat, mais j’avais confiance dans l’avenir du Liban. Aujourd’hui, j’ai perdu ma détermination », a-t-il dit. Le patron du groupe al-Habtoor a indiqué que sa déclaration à la presse est « un message et un avertissement » aux responsables, message selon lequel les investisseurs allaient se retirer du marché si l’État restait léthargique. Khalaf al-Habtoor a exhorté l’État à agir rapidement et impérativement en mettant de côté les différends politiques internes afin d’œuvrer à rétablir un climat de sécurité pour les investisseurs. Il a averti que « des investisseurs arabes et libanais envisageaient le recours au droit international afin d’obtenir justice et compensation pour les dommages énormes qu’ils ont subis ». « En raison du climat hostile aux investissements au Liban, plusieurs investisseurs arabes et libanais ont essayé de me persuader de me joindre à eux pour poursuivre l’État libanais en justice auprès de la Commission des Nations unies pour le droit commercial international (Unicitral) ou du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (ICSID). J’ai persuadé ces investisseurs de faire preuve de patience en usant de toute mon influence, croyant que la situation pourrait changer. » Al-Habtoor s’est cependant interrogé sur le fait de savoir jusqu’à quand il arriverait à maîtriser cette situation et surtout si les circonstances allaient prendre une tournure favorable dans un avenir proche. « Le Liban n’a pas l’exclusivité des mouvements de protestation, des manifestations et autres actes terroristes ; ils ont lieu partout ailleurs dans le monde, a-t-il souligné. Mais contrairement au Liban, ailleurs la paralysie n’est pas totale, les boutiques ne ferment pas, les hôtels ne sont pas déserts et la vie continue. La vie à Londres s’est-elle arrêtée durant des semaines après les explosions du métro qui ont tué un grand nombre de civils ? L’État doit donc impérativement assurer la paix et la justice équitable pour tous, et la sécurité pour les investisseurs. Le pays a besoin d’être dirigé par une autorité puissante. Sur un bateau, un seul capitaine commande, si la mer est démontée et le pouvoir éparpillé, le bateau va à la dérive », a-t-il dit. Khalaf al-Habtoor a insisté sur le fait que, malgré ses requêtes successives, aucune mesure concrète n’a été prise pour réparer les injustices subies par le groupe al-Habtoor. Il s’en est pris à IDAL avec laquelle il a signé un accord en vertu duquel les projets du groupe al-Habtoor allaient bénéficier d’un panier d’incitations fiscales, alors qu’il s’est avéré que le groupe al-Habtoor n’a été au final exempté d’aucune taxe ou impôt et a même payé le timbre de l’accord en vertu duquel il devait bénéficier d’exemptions fiscales. Il a évoqué, par ailleurs, ses déboires avec al-Habtoor Grand Hotel, lequel a obtenu un permis de construction alors que des retards excessifs ont été nécessaires pour obtenir la licence d’exploitation ou de fonctionnement, et pourtant toutes les autorités administratives concernées lui avaient délivré un accord écrit en aval concernant les spécifications de construction. Khalaf al-Habtoor a affirmé n’avoir jamais été informé de la présence d’un champ de tir miliaire adjacent au Habtoor Land, le parc d’attraction édifié à Jamhour. Par conséquent, la vie des visiteurs et des employés a été mise en danger et les familles se sont abstenues de visiter le parc. « J’ai aussi des réserves concernant le système juridique libanais et en particulier concernant le comportement de certains juges. Un tel système juridique, qui considère les conflits commerciaux comme étant des affaires pénales, effraie tout investisseur », a-t-il ajouté. Ce cri de douleur et de confusion est d’autant plus grave qu’il émane d’un investisseur arabe et non local. Il s’est soldé pour le moment par la suppression de 800 emplois. Liliane MOKBEL

«J’ai investi dans l’immobilier, sinon sans aucun doute j’aurais retiré mes investissements du Liban et je les aurais transportés dans mon pays. » Ce sont les termes de Khalaf al-Habtoor, PDG du groupe émirati al-Habtoor, qui a tenu hier une conférence de presse au salon VIP de l’aéroport Rafic Hariri. En réponse à un journaliste qui lui demandait si ses projets...