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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE - Le monarque ne peut s’adresser directement aux communs des mortels Gardien de 6 millions d’âmes, le Mogho Naaba règne sur les Mossis du Burkina

Le vendredi est d’ordinaire consacré aux visites pour le roi Mogho Naaba Baongho, souverain des Mossis qui règne depuis plusieurs siècles sur 40 % de la population du Burkina Faso, pays sahélien composé d’une soixantaine d’ethnies et sous-ethnies. Confortablement installé sur son trône, fiché entre deux sculptures géantes de lions dans son palais de Ouagadougou, le monarque reçoit enfants venus lui rendre hommage et adultes sollicitant son précieux jugement. Vêtu d’une robe blanche flottante et d’un chapeau brodé de rouge, vert et jaune, dont le port est l’exclusivité des rois et princes du royaume mossi, le Mogho Naaba maintient le sceau du secret sur son âge et le nombre de ses enfants. Le souverain, qui atteindra cette année 30 ans de règne, ne peut s’adresser directement aux communs des mortels – les journalistes en font partie – ou retirer son couvre-chef en public. « Il est plus vieux et plus jeune que tout le monde », affirme un de ses cinq « ministres », le Baloum Naaba, qui est autorité à s’adresser au roi et joue le rôle d’intermédiaire pour les personnes venues demander conseil ou aide au souverain. Dans son palais bâti sur un terrain de terre battue non loin du centre de Ouagadougou, le souverain a exposé ballons, trophées et maillots de football, témoignant de sa passion pour un sport qu’il a pratiqué en tant que gardien de but avant de succéder à son père. Parmi ces reliques modernes, figure une pièce enviée, le maillot du buteur ivoirien de Chelsea, Didier Drogba, qui trône à côté d’une photo présentant le roi en compagnie du président burkinabé Blaise Compaoré. En tant que chef spirituel et moral de quelque 6 millions d’âmes, le Mogho Naaba joue un rôle incontournable dans la vie quotidienne d’un peuple fermement attaché à ses traditions. Sa tolérance et sa tempérance sont unanimement reconnues. Il est immanquablement invité aux grandes cérémonies nationales et intervient régulièrement comme médiateur dans les conflits sociaux notamment. « Les chefs (traditionnels et coutumiers) sont d’importants leaders d’opinion qui jouissent de la confiance des populations. Ils sont les gardiens et les dépositaires de la coutume qui régente toujours la façon d’être et de faire de nombreux burkinabés », affirme le souverain dans un entretien écrit accordé à l’AFP. « La chefferie incarne les valeurs spirituelles et morales de notre société », poursuit le monarque, qui se dit à la fois musulman et animiste. « Les Mossis sont un peuple solidaire qui cultive l’intégrité, l’honnêteté, le courage et l’ardeur au travail, le sens de l’honneur et de la dignité », plaide le Mogho Naaba, vantant également leur hospitalité. Les historiens datent l’avènement de l’empire mossi à 1500 après J-C, date du début de leur expansion en Afrique de l’Ouest, qui s’est poursuivie jusqu’au XIXe siècle avant l’arrivée des colons français. Flanqué de cinq « ministres » conseillers ayant chacun une assignation propre, le roi demeure le garant de la culture et de l’organisation de ce qui reste du royaume de Ouagadougou, le plus influent des royaumes mossis. Le Ouidi Naaba est le plus vieux des «ministres». Premier conseiller du roi, il supervise les affaires de succession. Le Larle Naaba est « chef d’état-major », le Gounga Naaba « ministre de la Défense », le Baloum Naaba « ministre des Finances » chargé du patrimoine immobilier et le Kamsaogho Naaba s’occupe du harem. La société mossie est strictement hiérarchisée. Le roi est le chef suprême, suivi par ses ministres, qui sont des chefs de provinces, et par des chefs de districts, de villages et enfin de familles. « Si le chef de famille ne peut résoudre un problème, il sera étudié au niveau supérieur et ainsi de suite jusqu’à requérir l’arbitrage du roi si aucune solution n’est trouvée », explique un des « ministres ». « Il y a peu de chances que notre système traditionnel disparaisse », explique le Baloum. « On dit que si deux Mossis se rencontrent, l’un des deux sera toujours le chef. »
Le vendredi est d’ordinaire consacré aux visites pour le roi Mogho Naaba Baongho, souverain des Mossis qui règne depuis plusieurs siècles sur 40 % de la population du Burkina Faso, pays sahélien composé d’une soixantaine d’ethnies et sous-ethnies.
Confortablement installé sur son trône, fiché entre deux sculptures géantes de lions dans son palais de Ouagadougou, le...