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INDE Au paradis des délocalisations informatiques, les salaires explosent

Les services informatiques en Inde, paradis des délocalisations, continuent de se développer à un rythme effréné, provoquant une escalade des salaires des ingénieurs et le risque à terme d’une pénurie d’informaticiens hautement qualifiés. L’externalisation informatique (l’« offshore » et l’« outsourcing ») emploie 1,5 million de personnes et devrait réaliser en 2006/2007 un chiffre d’affaires de 48 milliards de dollars, dix fois plus qu’il y a dix ans, d’après l’association professionnelle Nasscom (National Association of Software and Service Companies). Les exportations de logiciels et de services proposés aux multinationales – gestion à distance de leurs comptabilités ou maintenance de leurs parcs informatiques – rapporteront cette année 30 milliards de dollars. Une manne qui va doubler d’ici à 2010, selon Harish Mehta, le fondateur de la Nasscom. Ainsi, les champions locaux comme Infosys ou Wipro alignent de juteux bénéfices et embauchent à tour de bras. Et ils ne sont plus seuls. Le Français Capgemini, qui salarie déjà 13 000 Indiens, veut faire de l’Inde son premier bassin d’emplois avec 40 000 ingénieurs sur les 100 000 que l’entreprise devrait compter dans le monde en 2010. De même, le cabinet de conseil Accenture veut porter ses effectifs indiens à 35 000 d’ici à cet été, soit plus qu’aux États-Unis. Les américains IBM, Dell ou Cisco prévoient aussi de puiser dans le vivier indien. Du coup, les salaires explosent et le rapport de force entre employeurs et candidats à l’embauche est clairement à l’avantage de ces derniers. « Le pouvoir de négociation est du côté des étudiants diplômés qui se retrouvent souvent avec quatre offres d’emplois », explique Krithi Ramamritham, doyen de l’Institut indien de technologie de Bombay (Ouest). Débauchés en quelques jours, les ingénieurs engrangent chaque année 15 % d’augmentation de salaires qui atteignent en moyenne 540 000 roupies par an (12 300 dollars), selon la Nasscom. À Bangalore ou à Hyderabad, les cités high-tech du sud de l’Inde, des dizaines de milliers de trentenaires gagnent fréquemment plus de 1 500 dollars par mois. Tarun Sainnani, informaticien débutant chez l’américain Kanbay à Hyderabad, a vu sa rémunération mensuelle passer de 16 000 à 26 000 roupies (de 360 à 590 dollars), en à peine dix-huit mois. Sa collègue Sajeda Hemani, embauchée il y a deux ans à la sortie de l’université, arrive tous les mois à placer en Bourse la moitié de son salaire. Quelque 300 000 ingénieurs débarquent chaque année sur le marché du travail, alimentant un « vrai réservoir de matière grise », se félicite Pierre-Yves Cros, directeur de la stratégie de Capgemini. De plus, une partie des informaticiens « partis il y a dix ans faire fortune aux États-Unis reviennent en Inde », complète Anil Nileshwar, directeur de la stratégie du centre de recherche de Microsoft à Hyderabad. Mais « vu la croissance de la demande informatique en Inde, il y aura pénurie de gens très expérimentés », craint M. Cros. De fait, le géant asiatique « manquera de 260 000 informaticiens en 2012 », renchérit M. Metha. À cette échéance, « 500 000 postes ne trouveront pas preneurs par manque de candidats aux qualifications requises », prévient-il. Pour l’instant, Capgemini assure ne « pas rencontrer de problème pour recruter de jeunes informaticiens ». « Mais pour les garder, il faut les former », reconnaît M. Cros. Si bien que les patrons sont aux petits soins pour retenir leurs salariés : bonus, intéressements, aides pour rembourser leurs emprunts, assurances pour leurs familles et formation continue.
Les services informatiques en Inde, paradis des délocalisations, continuent de se développer à un rythme effréné, provoquant une escalade des salaires des ingénieurs et le risque à terme d’une pénurie d’informaticiens hautement qualifiés.
L’externalisation informatique (l’« offshore » et l’« outsourcing ») emploie 1,5 million de personnes et devrait réaliser en...