Rony Abi Aad: «J’offrirais ma chair et mes os à un autre pays»

C’est le témoignage d’un auteur, compositeur et interprète de trente-trois ans, parti au Canada, revenu au Liban… puis reparti au Québec: «En effet, ce n’était jamais dans mon intention de rester au Liban. Après avoir passé dix ans au Canada, je suis retourné pour quelques années au Liban. Je comptais rester un an au maximum pour obtenir l’expérience de travail que je cherchais. J’ai beaucoup apprécié mon séjour ; ce qui m’a poussé à rester plus longtemps. J’ai décidé de rester pendant quatre ans, jusqu’à l’été 2007. Mais en 2006, j’ai eu une opportunité intéressante de travail au Canada, je l’ai donc saisie. Beaucoup de mes amis pensent que je suis retourné au Canada à cause de la guerre de l’été 2006. Mais cela n’avait rien à voir.» Pourquoi cette décision de retour en premier lieu ? «Je suis citoyen du monde. La curiosité culturelle me pousse à la découverte. La même curiosité est devenue insatisfaction au bout de trois ans passés au Liban. J’ai bu les trois quarts de la bouteille et il fallait trouver une autre bouteille. J’aurais pu rester jusqu’en 2007, suivant mon plan, et boire la bouteille jusqu’à la dernière goutte, mais quand j’ai trouvé une bouteille fraîchement brassée et toute pleine, j’ai sauté sur l’occasion. Je vais probablement retourner pour des visites. J’ai des amis au Liban qui vont me manquer. J’ai adoré mon séjour. Mais un an de plus, cela m’aurait blasé. Désolé pour le Liban, mais mon cadavre sera enterré ailleurs. Le Liban a déjà eu son lot de cadavres et, pour être équitable dans la vie, j’offrirais ma chair et mes os à un autre pays, pour pouvoir sauver mon âme!»