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Sentiment d’envie Claude ASSAF

Je ne suis pas d’un tempérament jaloux, mais j’avoue qu’il y a quelque temps, en regardant l’émission de TF1 J’ai une question à vous poser, un sentiment d’envie mêlé d’amertume s’est emparé de moi. Et pour cause : Nicolas Sarkozy, candidat à l’élection présidentielle française, se tenait debout, deux heures durant, à la disposition, ou plutôt à la merci d’une centaine de ses concitoyens qui le soumettaient à des interrogations, pas toujours amènes, se rapportant à la qualité de leur vie, à leurs allocations familiales, à leur droit à une retraite confortable, etc. Ses interlocuteurs insistaient, sans ménagement, pour obtenir des réponses précises et claires, afin de porter sur lui leur propre jugement qui, seul, déciderait du contenu de leur vote. Je n’ai pu alors m’empêcher de me demander, avec dépit, pourquoi, nous autres Libanais (directement ou par l’intermédiaire de nos députés, là n’est pas la question) ne sommes pas dotés de ce même pouvoir de choisir notre président de la République selon qu’il se préoccupe plus ou moins de nos besoins et de notre quotidien. Pourquoi le critère de notre choix doit-il être basé sur une allégeance à la Syrie ou à l’Iran ou aux États-Unis ou à l’Arabie saoudite ? En quoi cela va-t-il nous être bénéfique ? Quel effet positif sur notre santé, notre sécurité, notre éducation, notre travail et, plus généralement, sur nos conditions de vie ? J’ai réalisé à quel point les citoyens français exigent que leurs politiciens soient à leur service et même à leurs petits soins. Pour avoir le maximum de chances de gagner, et en réponse à toutes les questions qui l’assaillaient concernant la sécurité, la délinquance, la semaine de 35 heures, ou encore la réinsertion des handicapés, Nicolas Sarkozy devait prouver à des millions de téléspectateurs à quel point tous les efforts qu’il déploie devaient se centrer sur la satisfaction de leur bien-être. Des explications pointilleuses lui étaient demandées pour définir ses positions sur la protection des petits commerçants face aux grandes surfaces, sur l’ouverture des magasins le dimanche et sur la protection des non-fumeurs. Tels étaient les nœuds à défaire ! Les yeux écarquillés, je regardais M. Sarkozy s’appliquer religieusement à répondre à l’interpellation d’un homosexuel qui se plaignait de discrimination et qui réagissait à chaque réponse que le candidat tentait de lui fournir. Et, cerise sur le gâteau, ce très probable futur président français a très consciencieusement communiqué à une personne âgée ses propositions sur le remboursement des lunettes et des prothèses dentaires ! Cette fois, je me suis frotté les yeux ! Vous imaginez un candidat à la première magistrature libanaise se soucier de si près de votre confort qu’il va jusqu’à s’inquiéter de vos yeux et de vos dents? Cela relève du pur fantastique. Mais d’abord, avec les obstacles que certaines parties s’emploient à ériger et qui obstruent notre horizon le plus proche, nous est-il seulement permis d’espérer la possibilité d’une élection présidentielle à l’échéance prévue ? Rien malheureusement ne porte à le croire. Les problèmes sont décidément partout sur notre planète, mais leur importance et consistance, ainsi que leurs solutions et issues varient selon que l’on soit né dans une vraie démocratie ou sous nos cieux. Article paru le Vendredi 9 Mars 2007
Je ne suis pas d’un tempérament jaloux, mais j’avoue qu’il y a quelque temps, en regardant l’émission de TF1 J’ai une question à vous poser, un sentiment d’envie mêlé d’amertume s’est emparé de moi. Et pour cause : Nicolas Sarkozy, candidat à l’élection présidentielle française, se tenait debout, deux heures durant, à la disposition, ou plutôt à la merci...