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Infidèle, moi ?...

Cher ami, Je me sens infidèle. Pourquoi est-ce que je te préfère à lui qui m’a accompagnée pendant toutes ces années, lui que je présente souvent avant moi, lui qui me forme, qui constitue mon identité, lui avec qui j’ai grandi, qui m’a portée. J’ai honte. Comment avouer cette lourde vérité que j’essaie de dissimuler parfois en essayant de me convaincre que ce n’est qu’un coup de foudre, que ça passera, que tu n’es qu’un amour de vacances, que tu n’es qu’un «crush» éphémère qui disparaîtra avec le premier vent d’hiver, avec ma raison regagnée. Je suis embarrassée... Ça ne se fait pas. Je me sens mieux entre tes bras. Je parle comme toi, je t’écoute, je te désire, je t’admire, je me perds dans ta beauté, j’essaie d’imiter ton élégance. Serais-je habituée à lui? Terre, avales-moi. Serais-je en train de laisser tomber mon ami d’enfance? Silence... Je ne dirai rien. Après tout, je n’ai pas de comptes à rendre, et si j’ai envie de me lancer dans cette aventure qui s’avère délicieuse, ce ne sont pas les bonnes mœurs et les valeurs que vous voulez m’inculquer qui vont m’en empêcher. Mais le fait de ne rien dire ne soulage pas ma conscience! Arrête de me séduire, arrête d’user de ton charme, ça y est, je t’ai remarquée, laisse-moi tranquille. Paris, serais-je amoureuse de toi? Liban, mon ami, je suis désolée. Après tout, ça ne changera pas si je quitte, tu as beaucoup d’amis, tu n’as pas besoin de moi, je suis infidèle, je suis lâche, j’ai honte de moi. Tu as besoin d’hommes, tu as besoin de fidèles, de personnes à fort caractère, qui ne te laisseront pas tomber pour le premier sourire d’un inconnu dragueur, qui sauront qu’après les vacances, tu seras là pour eux. Tu mérites des gens non superficiels, qui restent de marbre face à la magie des couleurs, aux miracles de la musique, à l’harmonie des tableaux de peinture. Moi, je suis faible. Je suis attirée par les violons, touchée par les fleurs, marquée par les fontaines, saoule par la perfection des parcs... Je ne suis pas sérieuse, et mes sentiments maîtrisent ma raison, si elle existe. Alors ne m’en veux pas. Un jour, je grandirai. Je reviendrai, c’est promis. Ne me tourne pas le dos! Je ne t’ai jamais menti. Je t’aime. C’est juste que j’ai besoin de partir. Ne t’en fais pas, ce ne sera pas pour longtemps. Tu sais, je n’aime pas le froid. Je reviendrai bronzer et je te raconterai tout en détail, des yeux d’un étranger à la douceur d’un chocolat. Je sais que tu ne me croiras pas, tu sais que j’aime exagérer, que j’adore raconter des histoires, que j’ai tendance à m’inventer des vies, parfois même plusieurs par jour, tu sauras en me regardant dans les yeux que j’aime te faire rêver, parce que toi, tu me connais. Mais tu m’écouteras quand même, d’abord pour me faire plaisir, mais ensuite parce que t’aimes bien. Ici, on ne parle que de choses sérieuses, des choses des grandes personnes. On m’a dit que ça s’appelle politique. On m’a dit aussi que c’est elle qui tue les grands hommes, ceux qui donnaient une si belle image de toi. Tu as déjà entendu ça toi, par hasard? Parce qu’ici, on ne te parle pas, on te fait entendre. D’ailleurs, je me demande s’ils ont remarqué ta présence. J’aurais voulu t’aider, j’ai toussé quelquefois pour toi, mais j’en ai marre, j’ai besoin de faire un tour sur le chemin de la paix. Je ne suis pas digne de t’habiter, pas encore. Pardonne-moi. Sincèrement. Karen AYAT
Cher ami,
Je me sens infidèle. Pourquoi est-ce que je te préfère à lui qui m’a accompagnée pendant toutes ces années, lui que je présente souvent avant moi, lui qui me forme, qui constitue mon identité, lui avec qui j’ai grandi, qui m’a portée.
J’ai honte. Comment avouer cette lourde vérité que j’essaie de dissimuler parfois en essayant de me convaincre que ce...