Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Mise en place des éléments pour une guerre annoncée

Le Liban, de par sa position géographique sur la rive orientale de la Méditerranée, limité au nord et à l’est par la Syrie, au sud par Israël, de par son histoire récente ayant pris corps sous l’Empire ottoman et créé par la France mandataire suite à l’éclatement de celui-ci, de par le rôle qu’il se doit de jouer suite à sa création et la justifiant, de par sa structure politique multiconfessionnelle tendant davantage vers le confessionnalisme d’État et à expression pas si proche d’une démocratie, de par sa spécificité de terre de refuge aux persécutés et foyer des minorités de toutes les religions, de par sa faiblesse militaire eu égard à ses puissants voisins, de par sa résistance à tous programmes de démantèlement, ne peut se concevoir que comme un lien indispensable entre chrétiens et musulmans dépassant la politique locale et nationale qui ne peut, qui ne doit que réussir. Autrement dit, ce champ d’expérimentation a de longs jours devant lui où les idéologies les plus diverses s’affronteront sans plus de retenue, dans des combats qui le dépasseront et ne le concerneront que pour recréer à la fois l’assise suffisante et l’atmosphère favorable à encore plus de raisons «louables» pour réitérer la mise à l’épreuve, toujours à petite échelle, à de nouvelles conceptions de géopolitiques d’intérêts. Le clanisme est le résultat, ainsi que le vestige, d’une politique de soumission très longtemps imposée pendant des siècles d’occupation ottomane. Empire dont il fallait se méfier, interdisant toute référence au modernisme révolutionnaire identitaire représenté par l’Occident, qui était à l’opposé de tout sentiment national et à l’opposé de toute politique nationale. Le pouvoir du chef de clan, démesurément surestimé, est limité géographiquement, ne s’appliquera qu’à ses protégés même s’il est hissé au rang de député, ministre, Premier ministre ou président de la République. Le passage vers une démocratie, chez nous, ne s’est pas encore fait. La citoyenneté est absente et la démocratie à la libanaise se résume à une espèce d’amalgame de clientélisme, avec sa corruption inhérente au système, biaisant toute politique à visée nationale car alimentant, par manque de conscience et de maturité politique, une politique sélective réduite à un favoritisme doublé d’un enrichissement personnel net et augmentant, pour ceux qui en dépendent, l’aura et le prestige de celui qui a su tirer son épingle du jeu. La démocratie représente un devoir, vécu comme répressif, et une manne dont il faut profiter, c’est ce qui a pu être appelé liberté. Il n’y a pas, dans l’esprit de nos dirigeants, le Liban en tant que tel, ce pays de 10452 kilomètres carrés dont les vrais Libanais sont si fiers. Il y a, par contre, le Liban du nord ou alors celui du sud et de la banlieue sud, celui de la montagne, etc. Il manque chez nos politiciens la dimension nationale au vrai sens politique du terme. Il se trouve que le Liban contemporain a rendu l’âme depuis bien longtemps avec une asphyxie économique plus que prévisible, ouvrant la voix à un nouvel ordre politique. Soit le pays se divise en petits territoires répondant, à bien des égards, à ce que l’on attend de lui, soit il se réveille après des dizaines d’années d’anesthésie pour une prise de conscience nationale avant tout, afin de prendre enfin les choses en main. En politique, les successions se font principalement dans la violence. Nous avons comme l’impression qu’une guerre est en train de se préparer, et cela nous fait peur. Nous avons l’impression d’être floués, encore une fois, et que les préparatifs pour la guerre qu’Israël a ratée sont en cours. La présence de la Finul 2 n’y changera rien. Bien au contraire, elle protégera la ligne bleue des deux côtés, mais pas l’espace aérien libanais. Les pions, l’argent et les divisions sont en place, une nouvelle partie peut commencer. D’un côté les USA, de l’autre l’Iran. D’un côté Israël, de l’autre le Hezbollah. D’un côté les chefs de clan du gouvernement, de l’autre l’opposition. La population libanaise, dans son ensemble, doit maintenant se préparer à subir, par la force et le feu, un nouvel acte dans l’escalade pour un énième affrontement destructeur et sanglant visant le pays pour qu’il se précipite dans le chaos. Jusqu’à quand et pourquoi? L’appel à l’unité et au salut ne semble plus pouvoir venir des politiques, mais de la société civile qui, à l’image d’Offre-Joie, lance des initiatives dans ce sens et pousse les politiques et les religieux à assumer leurs responsabilités en se positionnant comme moralisateur à tous ces représentants de la morale, en se positionnant comme gérant l’unité en lieu et place de ceux qui devraient les garantir. Le Liban est aux Libanais et ne doit pas être le théâtre de nouveaux affrontements qui ne nous concernent pas. Maronites, orthodoxes, sunnites, chiites, druzes, juifs, communistes, socialistes ne sont pas autant de raisons de déstabilisation car le Liban n’appartient à aucun de ceux-là, mais il appartient à tous. Le Liban est un message, comme le disait si bien Jean-Paul II, ce pape visionnaire et ouvert. Est-ce ce message de tolérance, de solidarité, d’amour, d’exemplarité après celui du sacrifice et de l’oubli de soi? Riad JREIGE Médecin urgentiste

Le Liban, de par sa position géographique sur la rive orientale de la Méditerranée, limité au nord et à l’est par la Syrie, au sud par Israël, de par son histoire récente ayant pris corps sous l’Empire ottoman et créé par la France mandataire suite à l’éclatement de celui-ci, de par le rôle qu’il se doit de jouer suite à sa création et la justifiant, de par sa...