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SOCIÉTÉ - Un spectacle intitulé « Sha’er bil shareh » au théâtre al-Madina Les rappeurs libanais ont le blues à l’âme

«Pas de besoin de vous expliquer la guerre... nous sommes des soldats qui nous battons pour la paix », chante le rappeur RGB, Rajab Abdel Rahman, exprimant les angoisses de la nouvelle génération libanaise d’avoir à connaître elle aussi une nouvelle guerre civile. « Rébellion. Interdit de rester silencieux. Jeter des roses et tenez-vous la main », chante RGB qui tire son inspiration de la crise que traverse le Liban. Sur la scène du théâtre al-Madina, dans le quartier commerçant de Hamra, rythmant la musique avec un balancement du cou, Rajab, 26 ans, crache des paroles qui semblent sortir de la bouche d’un prédicateur. Elles mettent en garde contre les divisions religieuses et politiques qui risquent de jeter les Libanais de nouveau dans les affres de la guerre civile des années 1975 à 1990. Ses chansons expriment l’angoisse de ceux de sa génération confrontés en sus de l’insécurité au chômage, à l’injustice sociale et à la pauvreté, au poids des traditions, et pour qui la seule échappatoire est de partir loin d’ici. RGB a intitulé son spectacle Sha’er bil shareh (un poète à la rue). Il est assisté pour l’instrumental par Moe, Joker et 6K, le disc-jockey Lethal Skillz et un groupe de danseurs. « Nous venons de milieux sociaux et religieux différents. Nous respectons cette différence, et les hommes politiques devraient suivre notre exemple », affirme RGB, né à Beyrouth dans le quartier de Basta où des affrontements entre sunnites et chiites ont fait des victimes en janvier. « Au lieu d’utiliser les armes, nous nous exprimons par les mots, la musique et la danse. Voilà ce à quoi les jeunes croient », ajoute-t-il. RGB et ses camarades rappent en arabe, mais sont vêtus à l’occidentale : casquette de base-ball vissée de côté sur la tête, larges pantalons et pulls tombant jusqu’aux genoux. Contrairement à certains de leurs camarades occidentaux, les rappeurs libanais ne versent ni dans l’apologie de la violence et de la drogue ni dans la grossièreté. Lorsqu’il a commencé à rapper, RGB ne savait parler ni l’anglais ni le français. Faute de moyens familiaux, il a quitté l’école à 10 ans pour exercer de petits métiers. « J’improvisais lorsque j’étais au volant de mon taxi, et mes clients étaient amusés par mes vocalises imitant le roulement de la batterie. » Il y a un an, son taxi a été volé. Il est alors devenu chanteur à plein temps et se prépare à sortir son premier album. « Je compose une chanson avec le rappeur palestinien Moqataa qui vit à Ramallah. Nous travaillons via l’Internet car je ne peux pas aller chez lui et il ne peut pas venir me voir », affirme-t-il. « Unis nous resterons. Arabes, regardez-nous et apprenez », dit la chanson. Parlant par saccades, Moe est le seul du groupe à s’exprimer sur scène dans un anglais acquis au Nigeria où ses parents avaient émigré. Il se tient devant une affiche illustrant les effets des bombardements israéliens de l’été dernier. « Ces Israéliens veulent m’éliminer... ils n’ont aucune éthique... Ils ne pourront pas m’ôter ma dignité », vocifère Moe, de son vrai nom Mohammad Ali Kobeissi. Moe est un autodidacte comme RGB. Avant de rapper, il n’avait jamais touché à un instrument de musique. Le producteur du spectacle, Zeid Hamdane, affirme qu’à sa connaissance, « aucun des chanteurs libanais de rap n’a de formation musicale. Ils ont du talent à l’état pur, c’est pour cela que leur composition est expressive ». « Leurs paroles véhiculent des messages simples qui appellent à la fraternité quelle que soit la religion ou l’orientation politique. C’est des artistes engagés qui se démarquent de la chanson arabe de variétés, purement commerciale », ajoute-t-il. Nayla Razzouk (AFP)
«Pas de besoin de vous expliquer la guerre... nous sommes des soldats qui nous battons pour la paix », chante le rappeur RGB, Rajab Abdel Rahman, exprimant les angoisses de la nouvelle génération libanaise d’avoir à connaître elle aussi une nouvelle guerre civile. « Rébellion. Interdit de rester silencieux. Jeter des roses et tenez-vous la main », chante RGB qui tire son...