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EXPOSITION - Deux pièces de l’artiste brésilienne Rivane Neuenschwander prêtées par la Collection Thyssen-Bornemisza Interaction de vœux colorés à la galerie Sfeir-Semler

«Je veux deux maisons et deux nationalités», «Je désire mourir en dormant», «Je désire rencontrer un inconnu que j’aime et qui m’aime», «Je désire ne plus avoir de patrie», «Je désire ne pas avoir à désirer», «Qu’il n’y ait plus de conflits dans le monde», «L’éphémère illusion de la chair fraîche», «Exiler le prof de maths à Cochinchine»... Des plus sages aux plus farfelus, ces vœux, souhaits, désirs, émis par quarante personnes, à la demande de Rivane Neuenschwander, ont été imprimés, en cinq langues, sur 6500 rubans de couleurs vives et accrochés sur un vaste cadre rectangulaire pour former, au final, un immense tableau débordant de bienveillance et d’espoir. Cette pièce, intitulée Eu Desejo O Seu Desejo (I Wish Your Wish), réalisée, en 2003, par l’une des artistes brésiliennes d’avant-garde parmi les plus reconnues internationalement, fait partie de la prestigieuse Collection Thyssen-Bornemisza d’art contemporain. Laquelle l’a aimablement prêtée – ainsi qu’une œuvre vidéo de 6 minutes signée Neuenschwander et Cao Guimaraes – à la galerie Sfeir-Semler le temps d’une exposition. Il s’agit en fait d’une installation inspirée d’une tradition religieuse brésilienne instaurée par les pèlerins de l’église Nosso Senhor Do Bonfim de Saõ Salvador, qui, de retour de leur pèlerinage, arboraient autour du poignet un ruban ou un fil de couleurs à trois nœuds symbolisant leurs vœux dont la réalisation était titulaire de l’érosion du fil. Une tradition qui est à l’origine du fameux bracelet brésilien. Rivane Neuenschwander, dont le travail s’articule sur l’échange et l’interaction entre l’artiste et son public, convie les visiteurs de l’exposition à choisir parmi les rubans-vœux du tableau ceux qu’ils souhaitent voir se réaliser, pour les porter à leur poignet. En contrepartie, ils devront replacer, dans le trou laissé vacant par chaque ruban retiré, un bout de papier blanc enroulé en cylindre, à l’intérieur duquel ils auront rédigé un vœu personnel. Un bloc-notes et des stylos sont placés, à cet effet, à leur disposition près du tableau de rubans, qui devient, par le biais de cette transformation continue, véritablement de l’art vivant. D’autant que les vœux formulés par les visiteurs de l’exposition en cours seront, à leur tour, imprimés sur des rubans de couleurs et inclus dans la prochaine exposition. En digne héritière du mouvement brésilien «néoconcret», qui s’était développé dans les années cinquante à soixante-dix, Rivane Neuenschwander, née en 1967, privilégie, dans son travail, la perception de l’objet d’art par le spectateur aux préoccupations purement formelles de l’artiste. Jeu créatif et réflexion sur une bulle de savon Au-delà de la participation du visiteur au «jeu créatif», cette installation – qui illustre le principe de Lavoisier, selon qui «rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme» – pose aussi le questionnement de la transformation dans la pérennité d’une œuvre d’art. Des interrogations sur le sens de l’éphémère, de la réalité et des cycles de vie, que l’on retrouve dans la vidéo réalisée (en Super 8 / digital) avec son conjoint Cao Guimaraes, également plasticien. Intitulée Inventario das pequenas mortes (sopro) ou Inventory of Small Deaths (Blow), cette projection, en noir et blanc, suit le cheminement d’une bulle de savon qui, en survolant un paysage brésilien, donne, à travers sa membrane transparente, une image déformée de certains éléments comme les palmiers ou les nuages... Par ailleurs, tout en poursuivant sa trajectoire, cette bulle éphémère se transforme, se déforme, se scinde et se recompose, composant un cycle parfait d’éphémères recommencements. Une vidéo qui induit plusieurs strates de réflexions. Notamment sur l’impact que peut avoir sur la réalité une substance éthérée ainsi que sur la force de vie, la «résilience», dont peut faire preuve un corps considéré comme fragile et vulnérable. À la galerie Sfeir-Semler (secteur La Quarantaine, immeuble Tannous pour les métaux, 4e étage), une double œuvre de «collaboration avec le public» qui combine jeu et réflexion, à laquelle vous êtes vivement invités à participer. Jusqu’au 25 mars, de 12h00 à 18h00. Tél.: 01/566550. Zéna ZALZAL
«Je veux deux maisons et deux nationalités», «Je désire mourir en dormant», «Je désire rencontrer un inconnu que j’aime et qui m’aime», «Je désire ne plus avoir de patrie», «Je désire ne pas avoir à désirer», «Qu’il n’y ait plus de conflits dans le monde», «L’éphémère illusion de la chair fraîche», «Exiler le prof de maths à Cochinchine»...
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