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Actualités - OPINION

LA SITUATION - L’Iran aurait reconnu le rôle central du royaume wahhabite dans la recherche d’une solution L’Arabie saoudite au centre des efforts de règlement de la crise Fady NOUN

C’est autour du rôle de l’Arabie saoudite que se sont cristallisés hier les efforts en vue d’un règlement de la crise libanaise. Après le sommet de Ryad, samedi, entre le roi Abdallah et le président iranien Ahmadinejad, les dirigeants saoudiens donnent l’impression de vouloir accélérer les choses. Ce forcing s’est traduit hier par des développements dans plusieurs directions. Mais d’abord, qu’a donné, pour le Liban, le sommet irano-saoudien ? Concrètement parlant, rien encore, sinon des orientations générales favorables à un règlement. Le roi Abdallah et le président Ahmadinejad sont convenus de la nécessité d’éviter un choc entre sunnites et chiites, à la dimension du monde arabe, sinon du monde islamique, en raison des conséquences catastrophiques qu’il pourrait avoir pour tous. On peut donc tabler qu’au Liban, rien ne sera fait pour exacerber ces sensibilités confessionnelles. C’est un acquis qui met le Liban à l’abri des choix extrêmes, et peut-être de l’absurde appel à la désobéissance civile que continuent de brandir les boutefeux. Le sommet de Ryad a également débouché sur une sorte de reconnaissance, par l’Iran, du rôle central joué par l’Arabie saoudite dans le règlement de la crise. « L’Iran apporte son soutien aux efforts de l’Arabie saoudite pour calmer la situation au Liban et résoudre la crise politique », a affirmé une source proche du sommet qui a tenu à garder l’anonymat. «L’Iran et l’Arabie saoudite sont d’accord sur la nécessité de régler la situation de crise au Liban dans les plus brefs délais », a également affirmé la source précitée. Notons au passage qu’une évolution spectaculaire semble s’être produite dans la politique du président iranien qui, en souscrivant à l’initiative du roi Abdallah adoptée au sommet arabe de Beyrouth, en 2002, a renoncé ipso facto à son projet de faire disparaître Israël de la carte du Moyen-Orient. Pour en revenir au Liban, il est bien évident que pour ce qui a trait à un éventuel règlement de la crise, il faut éviter de fixer des dates et de créer des attentes qui n’auraient aucune chance de se réaliser. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a quand même espéré hier que cette entente pourrait se réaliser avant la tenue du prochain sommet arabe, le 27 mars. Ce qui nous amène au second point. Brammertz à Ryad Pour porter ses fruits au Liban, la médiation saoudienne est tributaire de l’assainissement des relations entre Ryad et Damas, en froid depuis l’été dernier. Les observateurs ont lié à ce dossier l’arrivée hier, dans le royaume wahhabite, du chef des renseignements militaires égyptien, Omar Sleimane, l’homme des missions difficiles. L’officier préparerait une rencontre, à Charm el-Cheikh probablement, entre le roi Abdallah et le président syrien Bachar el-Assad, sous le parrainage du président Hosni Moubarak. En prévision du sommet arabe, certes, mais aussi du sommet du 10 mars des pays limitrophes de l’Irak. C’est dans le cadre de cette délicate partie diplomatique que s’inscrit aussi l’arrivée, hier, en Arabie saoudite, de Serge Brammertz, le président de la commission internationale d’enquête sur le meurtre du président Hariri. On ignore exactement à quel titre M. Brammertz se trouve à Ryad. Est-ce au titre de l’enquête ou du tribunal ? Naturellement, l’un n’empêche pas l’autre. Et quand on sait que la question du tribunal international est l’un des plus grands obstacles à un règlement interne, on ne peut s’empêcher de songer qu’il pourrait y avoir un développement capital à attendre de cette visite. La micropolitique Sur le plan de la micropolitique locale, l’Arabie saoudite ne reste pas inactive. L’ambassadeur saoudien, Abdel Aziz Khoja, qui a suivi le sommet irano-saoudien à Ryad, est rentré hier soir à Beyrouth où, selon des sources bien informées, il devrait reprendre ses navettes diplomatiques entre les divers pôles du conflit, en commençant par le président de la Chambre, Nabih Berry. M. Berry a cru pouvoir dire hier qu’une solution pourrait être trouvée à la crise « en 48 heures ». Il l’avait déjà dit il y a deux mois... Si on hésite à lui emboîter le pas, c’est en raison de la désinformation dont l’opposition a parfois fait usage, dans le but de créer une attente, ou de nourrir une crainte diffuse, qui serait une forme de pression sur le camp de la majorité, et le pousserait à commettre des erreurs ou à approuver en hâte un règlement donné. Selon une source de la majorité, au contraire, il y a autant de chances de succès que d’échec des efforts de règlement en cours. Même son de cloche dans les rangs du Hezbollah, où l’on préconise une approche faite d’un « prudent optimisme », l’expérience nous ayant appris que les solutions échafaudées patiemment peuvent être compromises à la dernière minute. Un faux tiers de blocage ? Les paramètres de la crise, eux, restent le tribunal international et la participation au gouvernement. Sur ce dernier plan, la formule qui semble avoir le plus de chances d’être retenue est celle d’un gouvernement de trente où la majorité disposerait de 19 ministres et l’opposition de 11 ministres. Mais ce dernier chiffre correspondrait à un faux tiers de blocage, l’un des ministres de l’opposition devant être secrètement approuvé par le patriarche maronite. Mais, dans ce domaine, les « ballons d’essai » ne se comptent plus.
C’est autour du rôle de l’Arabie saoudite que se sont cristallisés hier les efforts en vue d’un règlement de la crise libanaise. Après le sommet de Ryad, samedi, entre le roi Abdallah et le président iranien Ahmadinejad, les dirigeants saoudiens donnent l’impression de vouloir accélérer les choses. Ce forcing s’est traduit hier par des développements dans plusieurs...