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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL AL-BUSTAN - La « Messe requiem flamenco » de Paco Pena en l’église Notre-Dame de Jamhour Le ciel vu de la terre…

En extrapolant à l’extrême le titre de «La terre vue du ciel» de la remarquable exposition de photos signée Yann Arthus Bertrand, l’on pourrait dire qu’avec le célèbre guitariste-compositeur Paco Pena, offrant à l’écoute sa Messe requiem flamenco, l’auditoire a droit au ciel vu de la terre… Atmosphère d’intense piété pour un chant liturgique détourné de ses assises conventionnelles pour prendre racine dans des accents folkloriques profondément ibériques. Tentative plus que réussie, car la prière ne s’arrête guère aux frontières des langues. Son expression est celle de la voix du cœur, des remous invisibles et intérieurs, du dialogue avec Dieu, de la paix avec la conscience, de la réconciliation avec soi et l’esprit du bien. Parée de son seul public, attentif et recueilli, l’église Notre-Dame de Jamhour, transformée pour l’occasion en annexe du Festival al-Bustan, est ornée par un collier de bougies allumées, ceinturant la nef centrale de l’autel éclairé par des spots. Arrivent, en noir et blanc, la chorale de l’Université Notre-Dame de Louaizé, celle des enfants de la NDU (formés par le R.P. Khalil Rahmé) ainsi que le chef d’orchestre Robert Vermeulen. Au premier rang s’installe la Paco Pena Compagnie composée de trois guitaristes (dont Paco Pena), trois chanteurs (dont une femme à la voix envoûtante) et un percussionniste enthousiaste et inspiré, ponctuant à grands gestes le rythme. Rythme du pouls de la terre dans ses pulsations les plus souterraines, puisque cette œuvre est un hommage, d’un grand lyrisme, à la boule opalescente millénaire, flottant dans les espaces infinis… Un chant jailli des entrailles de la planète Terre pour dire le mal qu’on lui a infligé, les sévices qu’on lui a fait subir, les horreurs dont elle est l’objet. Si les fleurs ne respirent plus, si les arbres sont décapités, si l’air est impur, si les sillons des labours sont viciés, tout cela tombe et rejaillit sur l’homme qui n’a jamais su préserver les richesses inépuisables des ressources humaines naturelles. Il en a toujours usé et abusé. Du tourmenté Mea Culpa aux notes claires, enfantines, d’espoir de l’Esperanza, en passant par le vigoureux Dies Irae, le tendre Agnus Dei ou le percutant Sanctus, ce chant est un cri déchirant, une invocation véhémente, une supplique, un lamento, une demande de pardon, de miséricorde, de mansuétude, une transparente incantation… L’espoir malgré tout Tout commence par les premiers accords enflammés et luminescents des guitares qui s’agrippent aux flancs de la Terre, la plus proche et la plus lointaine des mères. Grappe de notes incandescentes qui jette sa lave brûlante sur ce qui donne vie, une vie certes éphémère, mais dont l’essence volatile est vitale et inaliénable, sur une planète minée et guettée par la destruction. Monde sonore foisonnant de richesse et de beauté comme des images à la fois tumultueuses et somptueuses qui reflètent en toute puissance le chaos cosmique. Malgré tous les désarrois, toutes les damnations, toutes les déceptions et tous les dévoiements, le souffle de la vie doit l’emporter sur la folie et la cupidité des hommes. Cette terre qui nourrit, nous protège, nous soutient, donne à respirer, doit être gardée et sauvegardée. Nous en sommes tous les gardiens responsables. Les enfants, le seul pont avec le futur incertain, le disent, le confirment, s’en portent garants… Médusé, hypnotisé, tétanisé, le public, mis à contribution dans ce troublant constat des dégâts de la nature, a écouté ce chant de la mort où la résurrection est un espoir de plus quand tout est perdu. Une écoute intense comme une main tendue vers le firmament. C’est un bout du ciel vu de la terre à travers ce chant magnifiant la douleur et promettant les jours lumineux d’une apaisante éternité. C’est sans nul doute un des plus beaux et vibrants hymnes à la mystérieuse orange bleue qui fascine tant… Edgar DAVIDIAN

En extrapolant à l’extrême le titre de «La terre vue du ciel» de la remarquable exposition de photos signée Yann Arthus Bertrand, l’on pourrait dire qu’avec le célèbre guitariste-compositeur Paco Pena, offrant à l’écoute sa Messe requiem flamenco, l’auditoire a droit au ciel vu de la terre… Atmosphère d’intense piété pour un chant liturgique détourné de ses assises...