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Actualités - OPINION

HUMEUR Senatus Populus Que Libanus !

Un jour de l’an 27 av J-C est né l’Empire romain, institué par Octavien, devenu Caesar-Auguste. Mais, avant l’avènement du plus grand empire de tous les temps, que se passait-il dans l’Antique Rome ? C’est cet « avant » qui m’intéresse. Car si on relit l’histoire, cela ressemble à s’y méprendre à la situation qui prévaut aujourd’hui dans notre chaotique Béryte. Dans Rome l’Antique, il y avait la république Senatus Populus Que Romanus où s’étaient succédé quatre célèbres consuls : Marius, Sylla, Pompée et César. On sait exactement ce qui advint par la suite. Ne sommes-nous pas en train de vivre la même situation ? (toutes proportions gardées, bien sûr). Dans notre chère Beryte, « Oum Dounia » (mère du monde), comme l’a si bien décrite le poète Nizar Kabbani, nous, pauvres plébéiens, sommes en train de souffrir le martyre depuis plus de trente ans, et ce de par le comportement irresponsable des Luperci locaux, accrochés à leurs privilèges oligarchiques, et noyés dans leurs thermes aux décors cosmatesques. L’accord de Taëf avait installé un triumvirat pour gérer le pays, un triumvirat qui s’est bien vite transformé en tétrarchie, étroitement contrôlée par le satrape syrien. Actuellement, nous vivons une situation inédite : Emilius, l’imperator intronisé depuis huit ans, s’accroche stoïquement aux colonnes trajanes de son Domus Aurea de Baabdanum. Signorus, le questeur, continue de compter sur le factor-tempus et sur Lutèce III, refusant ainsi de sortir de son palladium. Nabius, le Sénatus-Legislator en chef, escamote toutes les décisions prétoriennes et paralyse la vie parlementaire du Forum, tandis que le patricien Walidus Drusus (entouré de ses licteurs) et du haut de ses cubitus harangue la plèbe selon… l’humérus du jour, secondé habilement par son édile fétiche Marwanus Amadeus. Entre-temps, le général Michelius Foga et le légionnaire Samirus Terminator croisent le fer dans l’arena-maronitas par gladiateurs interposés : rétiaires du 14 contre mirmillons du 8. Un combat « Sin Missione» mais très fer-plaie… vraiment ! Le décor est planté, les jeux du circus peuvent commencer. Quelquefois, les plaidoiries-verbum du tribun cunctator Petrus Harbus calment les esprits exacerbés par les mauvais augures ou oracles dépêchés de Persépolis, ou du Nouveau Monde. De son côté, Charlus le ministerpréteur peaufine le status du tribunal international pour redorer son blason terni quelque peu par son ambition de devenir trop vite futur princeps. Pour cela, il aurait intérêt à revoir son cursus honorum. Dans leurs odéons respectifs, les proconsuls, Saadus Crésus et Hassanus alias Spartacus, multiplient les menaces philippiques, le premier à coups de sesterces et le second à coups d’obus-mordicus. Ajoutez à cela les aboyeurs et bonimenteurs publics, tels que Attalus, Wiamus, Kandelus ou Eidus, qui déversent sur nous leurs racines vomitives à base de Laudanum. Sommes-nous aux portes de nouvelles guerres puniques ? Heureusement que dans ces curies, la présence des vestales comme Ghinwalina, Setridilia, Bahialina ou Solangelina atténue les souffrances et purifie les cœurs de la plèbe meurtrie, encouragées, urbi et orbi, par le Pontifex Maximus de Bkerkum. Par Mar Maronus ! prions que les combats d’arena ne débordent sur la Via Solidaria, déjà pavée de mauvaises intentions, et qu’une grande partie de ces pater-familias se retrouve au fin fond des Latomiae (cachots). En attendant l’arrivée sine die du censeur-consensus, Amrus Moussus, on continue d’écouter les diagnostics diacoustiques du procurator US Jeffreyus et du druide gaulois Bernardix. Sans oublier le judicis Brammertus qui se débat comme un diplodocus avec le dossier enigmaticus de l’ex-sphinx feu Rafikem Harirem. Coïncidence ou pas, le Viking Larsen a été rappelé par les Ases (à Thor ou a raison… ?) Il n’y a pas à dire, comme le Béryte d’aujourd’hui (qui pullule de minus) nous rappelle la Rome d’hier. Alors que dans le ciel s’amoncellent nimbus, cumulus et stratus, « songez, Libanais, que du haut de Damascus, trente ans de tutela amoritte vous contemplent » ! Pour qui donc, demain, va sonner l’Angelus, et combien d’entre nous se retrouveront-ils ensevelis dans les catacomba ? À voir évoluer tout ce monde, je me serine amèrement ces mots de Juvenalis : « Panem et circenses* ! » Mais attention ! il paraît que j’ai la langue bien pendue. On me conseille d’arrêter tous ces lapsus calami. Alors… motus et bouche cousux… Nahi LAHOUD Producteur de théâtre * Du pain et les jeux de cirque. Mots de mépris adressés aux Romains incapables de s’intéresser à d’autres choses qu’aux distributions gratuites de blé et aux jeux de cirque.

Un jour de l’an 27 av J-C est né l’Empire romain, institué par Octavien, devenu Caesar-Auguste. Mais, avant l’avènement du plus grand empire de tous les temps, que se passait-il dans l’Antique Rome ? C’est cet « avant » qui m’intéresse. Car si on relit l’histoire, cela ressemble à s’y méprendre à la situation qui prévaut aujourd’hui dans notre chaotique Béryte. Dans...