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Actualités - REPORTAGE

Reconstruction - Tournée-bilan du délégué suisse à l’aide humanitaire, Toni Frisch, à Beni Hayyan, Maroun el-Rass, Kafra et Maaraké Retour progressif à la vie normale dans les villages du Sud

Le délégué à l’aide humanitaire du ministère suisse des Affaires étrangères, Toni Frisch, a effectué hier une tournée au Liban-Sud, dans les villages de Beni Hayyan, Maroun el-Rass, Kafra et Maaraké. Villages qui ont été sévèrement touchés par la guerre de juillet et qui ont bénéficié, au même titre que d’autres localités, de l’aide humanitaire d’urgence de 11,5 millions de dollars allouée au Liban par la Confédération helvétique. C’est dans le cadre du bilan du programme « Retour aux villages » de normalisation, concrétisé aussi bien par des contributions financières aux habitants (à la reconstruction et à la subsistance) que par la réalisation de projets communautaires, que s’est située cette tournée. Le village de Beni Hayyan (situé non loin de Deir Kifa dans le caza de Marjeyoun) n’abrite plus l’hiver que 600 habitants qui subsistent grâce à l’agriculture et l’élevage. En été, sa population, initialement de 2 000 âmes, atteint à grand-peine 1 400 personnes. Beni Hayyan n’a pas été au cœur des combats. Il n’a pas non plus été la cible des bombes à sous-munitions israéliennes. Un seul habitant y a perdu la vie, alors que trois de ses 189 maisons ont été totalement détruites. Et pourtant, comme de nombreux villages, il a été sinistré avec ses 36 maisons partiellement détruites, sa centaine de maisons indirectement touchées, son école détruite, ses troupeaux de chèvres décimés et ses champs d’olives et de blé brûlés. Beni Hayyan panse aujourd’hui ses plaies grâce au Programme humanitaire suisse, unique donateur du village, qui a distribué 110 000 dollars pour la reconstruction et la réparation de 134 habitations et 25 000 dollars à 55 familles, pour le redémarrage de leurs activités professionnelles. « L’aide financière à la reconstruction était indispensable, a indiqué Toni Frisch, car elle a permis aux habitants de réintégrer leurs villages et d’y passer l’hiver. » Réparer les maisons « Il était également urgent pour les habitants de retrouver des moyens de subsistance », a expliqué M. Frisch. C’est ainsi qu’une aide financière à la subsistance a été distribuée aux habitants pour leur permettre d’acheter un troupeau de chèvres, de replanter leurs terres, de rembourser leurs dettes ou d’améliorer leur qualité de vie. Chacun d’entre eux ayant la liberté d’utiliser l’argent qui lui a été alloué. « À ce stade, il était essentiel de réduire le stress de l’après-guerre », a tenu à préciser le délégué suisse à l’aide humanitaire, ajoutant que les villageois avaient chacun une idée bien précise de l’usage qu’il ferait de cet argent. Seconde étape de Toni Frisch, Maroun el-Rass, village à l’extrême sud-est, situé à proximité de la frontière israélienne. Les habitants de ce village extrêmement sinistré par la dernière guerre, ont été indemnisés, de manière générale, par le Conseil du Sud (institution relevant de l’État libanais) et par Jihad el-Bina (organisation relevant du Hezbollah). Mais nombre d’entre eux n’ont pas figuré sur la liste des deux institutions. « Ce sont ces villageois sinistrés, et plus spécifiquement ceux dont les maisons nécessitaient des réparations de moins de 10 000 dollars, qui ont été pris en charge par le Programme humanitaire suisse, car il était important d’éviter la duplication », a précisé Toni Frisch. Dans le cadre des fonds alloués par la Confédération helvétique à la reconstruction, 98 maisons de Maroun el-Rass moyennement endommagées ont ainsi bénéficié de 300 000 dollars, en deux étapes, alors que nombre d’habitants ont également reçu des aides en espèces pour remettre en état leurs activités économiques. Une fermière et agricultrice, dont la maison a été occupée par l’armée israélienne, a ainsi pu remettre sa maison en état et acheter des poulets grâce à une contribution suisse de 5 000 dollars environ. Elle recommencera très bientôt à planter sa terre de tabac et de blé. Beni Hayyan et Maroun el-Rass ne sont que deux exemples mis en valeur pour constater les résultats concrets de la contribution financière directe du Programme humanitaire suisse aux habitants du Sud. Contribution qui s’est soldée par 670 000 dollars d’aides financières à la réparation dans 6 villages à 700 familles et 480 000 dollars d’aides financières à la subsistance dans 7 villages à 1 000 familles. Soutien technique au déminage Tout autres étaient les besoins du village de Kafra (non loin de Qana), dont le dispensaire a été totalement détruit par les bombardements israéliens. Dans l’attente de la reconstruction du dispensaire, le Programme humanitaire suisse a fourni un conteneur équipé qui sert désormais de dispensaire aux habitants de Kafra, mais aussi à ceux des villages avoisinants de Deir Amess et de Rechknanayh. Géré par la Croix-Rouge libanaise, alimenté en eau et en électricité par les habitants eux-mêmes, ce dispensaire, où consultent un généraliste, un pédiatre, un cardiologue et un gastro-entérologue, accueille désormais une quinzaine de patients au quotidien. Devant le conteneur, une tente offerte par les soldats du contingent espagnol de la Finul, sert de salle d’attente aux patients. Quant aux maladies les plus fréquentes, « elles sont liées au stress de l’après-guerre et aux difficultés financières des habitants », constate l’infirmière de service, Magida Abadi. À Maaraké, au nord-est de Tyr, c’est également la communauté qui a bénéficié de l’aide d’urgence suisse. Des ouvriers travaillent à la construction d’un réservoir d’eau d’une capacité de 200 m3, qui devrait être terminé fin avril. « Le réservoir du village était très vieux. Il était nécessaire de le reconstruire. C’est pourquoi nous avons ainsi répondu à la demande des autorités du village », a indiqué Toni Frisch, précisant que le coût total du projet est de 120 000 dollars. L’ensemble des projets du Programme d’aide humanitaire suisse est terminé ou en phase finale. L’occasion pour M. Frisch de faire le point sur le déroulement du programme et de passer en revue les différentes étapes de cette manifestation de solidarité de la Suisse à l’égard du Liban-Sud. Et ce lors d’une conférence de presse, en présence notamment de la conseillère à l’ambassade suisse, Evelyne Stampfli, et du directeur du Bureau national du déminage, le colonel Mohammad Fehmi. Saluant d’abord l’excellente coopération avec les différents partenaires du Programme humanitaire, notamment les autorités libanaises, les ONG, ainsi que les habitants eux-mêmes, Toni Frisch a expliqué que l’aide humanitaire suisse ne s’est pas limitée aux aides aux particuliers, mais qu’elle a touché les communautés. Elle s’est d’ailleurs concrétisée de manière générale par l’approvisionnement en eau de deux villages, Maaraké et Talloussa, la distribution gratuite de médicaments pour les maladies chroniques et l’installation de conteneurs médicaux de l’armée suisse dans 5 villages, la réhabilitation de 63 écoles, le nettoyage de la marée noire au niveau de l’île aux Palmiers et du littoral entre Enfé et Tripoli, l’aide aux réfugiés palestiniens par le biais de l’Unrwa et le soutien technique et en équipement au Bureau national du déminage (NDO). À l’issue de la conférence de presse, Toni Frisch a d’ailleurs remis au colonel Fehmi une ambulance entièrement équipée, don de la Confédération helvétique au bureau national du déminage. Le Programme d’aide humanitaire d’urgence mis en place par la Confédération helvétique touche à sa fin. Mais « la coopération avec le Liban se poursuit », a annoncé M. Frisch, notamment dans le cadre de programmes d’assistance technique et la fourniture d’équipements au ministère de la Défense, la formation d’équipes spécialisées dans les secours d’urgence, le soutien à des programmes de protection de l’environnement, sans oublier la poursuite de l’assistance au programme de déminage. Anne-Marie EL-HAGE

Le délégué à l’aide humanitaire du ministère suisse des Affaires étrangères, Toni Frisch, a effectué hier une tournée au Liban-Sud, dans les villages de Beni Hayyan, Maroun el-Rass, Kafra et Maaraké. Villages qui ont été sévèrement touchés par la guerre de juillet et qui ont bénéficié, au même titre que d’autres localités, de l’aide humanitaire d’urgence de 11,5...