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CORRESPONDANCE - Le « Rouge » dans tous ses états au Musée du textile De la précieuse teinture millénaire au ruban du sida en passant par la couleur favorite de Nancy Reagan WASHINGTON, Irène MOSALLI

Rouge la passion, la révolution, Satan, Cupidon, les peintures rupestres, les affiches d’Andy Warhol, le clergé… Sous le thème « Rouge », le Musée du textile à Washington a organisé une exposition qui explore l’utilisation et le sens qu’a pris, à travers le temps, cette couleur puissante, notamment en matière de tissage. De la culture précolombienne des Andes aux rues du New York du XXIe siècle, le rouge reste un symbole irrésistible de la ferveur et de la puissance. Avant la trouvaille d’une formule artificielle, il était extrêmement difficile de réaliser cette coloration à partir d’éléments naturels et une grande quantité de ces éléments était nécessaire pour teindre une seule pièce de tissu. D’où le caractère prestigieux qu’ont pris dans les sociétés les vêtements rouges. Les textiles exposés illustrent la signification donnée à cette tonalité complexe devenue aussi bien signe de statut social qu’expression d’émotion, célébrant l’amour, la beauté et la protection contre les forces maléfiques. Elle servait aussi à marquer les différents stades du cycle de la vie. Le plus ancien textile exposé date de 2 000 ans. Il s’agit d’un fragment de tunique péruvienne. Autres pièces rares, une tapisserie copte du XVIe siècle, un tapis de velours ottoman et un textile iranien (XVIe siècle), un suzani et un tapis Navajo (XIXe). Rouge, amour et politique Quant au rouge contemporain, il est dominé par une tapisserie-autoportrait portant la signature d’un artiste américain, Thomas Cronenberg, qui l’a réalisée en 2004. Il avait choisi cette couleur pour son impact visuel. Est-ce pour cette raison que les membres du Congrès américain portent des cravates rouges ? Sans compter que l’ancienne First Lady, Nancy Reagan, arborait en permanence des tenues de cette tonalité, comme en témoignent des photos faisant partie de cette exposition qui compte également un insigne devenu malheureusement célèbre, le ruban pour la lutte contre le sida. Il faut chercher très loin la fascination pour le rouge. Aussi loin, explique un spécialiste, que les peintures rupestres. Leurs auteurs se servaient de poudre d’ocre qui, une fois mélangée à une matière grasse, produisait une couleur rougeoyante. L’ocre ancienne a été trouvée dans plusieurs sites excavés. Une amulette d’ivoire peinte avec cette matière et datant de plus de cent mille ans a été découverte en Hongrie. Un morceau d’ocre, taillé en crayon, était utilisé en Australie, il y a soixante mille ans. Plus les paléontologues les cherchent, plus ils trouvent cette pigmentation rouge. Les anciens la mettaient aussi aux côtés des morts, pour donner une autre vie à leurs os et pour les immortaliser. Rouge est aussi la Saint-Valentin pour qu’amour continue à rimer avec toujours. Ce qui n’est pas le cas en politique, à en croire ce conseil de San Antonio : « Vote donc rouge, pour commencer, gamin. T’auras toujours le temps de blanchir par la suite. »
Rouge la passion, la révolution, Satan, Cupidon, les peintures rupestres, les affiches d’Andy Warhol, le clergé… Sous le thème « Rouge », le Musée du textile à Washington a organisé une exposition qui explore l’utilisation et le sens qu’a pris, à travers le temps, cette couleur puissante, notamment en matière de tissage. De la culture précolombienne des Andes aux rues du New...