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Actualités - CHRONOLOGIE

Le sanglant conflit du Darfour toujours présent sur le menu des discussions des dirigeants du continent noir L’Afrique a dit adieu à Chirac lors d’un sommet à Cannes dominé par les violences en Guinée

Les dirigeants africains ont dit adieu au président français Jacques Chirac, en fin de mandat, lors du 24e sommet Afrique-France de Cannes (Sud) dominé par les violences en Guinée et le sanglant conflit du Darfour. Plus de trente chefs d’État africains ont salué une dernière fois, parfois avec émotion, « Chirac l’Africain », 74 ans, qui s’apprête à se retirer de la scène après 12 années passées à la présidence. Dans une forme de passage de témoin, M. Chirac a demandé aux candidats à la présidentielle d’avril en France d’avoir « conscience de l’importance capitale que l’Afrique a pour le monde ». Les deux favoris à la présidentielle d’avril, Ségolène Royal (socialiste) et Nicolas Sarkozy (UMP, droite) entendent mener une nouvelle politique française à l’égard de l’Afrique, fondée sur plus de transparence. Les alliés fidèles avec qui M. Chirac « a tissé des liens personnels », au premier rang desquels le Gabonais Omar Bongo Ondimba, doyen des chefs d’État africain, au pouvoir depuis 1967, étaient là. En revanche, plusieurs dirigeants manquaient à l’appel de cette grande-messe, comme Laurent Gbagbo, alors que la France reste enlisée en Côte d’Ivoire, et le Sud-Africain Thabo Mbeki, dont le pays est la première puissance économique du continent. Le Malien Amadou Toumani Touré a salué son « cher Jacques » qui a « su apporter à la relation Afrique-France une touche personnelle, faite de chaleur humaine, de complicité et d’attention ». Endossant une dernière fois sans doute son rôle « d’avocat » de l’Afrique, M. Chirac a enjoint les grandes puissances occidentales à penser aux intérêts du continent, notamment au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). C’est aussi une « Afrique nouvelle en marche », selon les mots de Jacques Chirac, qui a été saluée lors du sommet, même si le continent compte plus de 300 millions de pauvres et reste frappé de plein fouet par le sida. Un continent où la France a perdu en influence et pour lequel Paris prône désormais une approche multilatérale, et un engagement accru de l’Union européenne (UE). Pour la première fois, l’UE était représentée par son président en exercice, la chancelière allemande Angela Merkel. « Ce n’est pas un passage de relais, c’est que je considère que toute l’Europe doit être concernée par l’Afrique », a dit M. Chirac. À l’Afrique, M. Chirac a demandé de renforcer l’État de droit, d’assurer une « bonne gouvernance » financière et démocratique, et ne pas « brader » ses immenses ressources naturelles aux puissances émergentes, telles que la Chine, qui ont lancé une vaste offensive sur les richesses africaines, dont le pétrole, pour soutenir leur croissance. M. Chirac s’est néanmoins réjoui hier de l’arrivée de Pékin sur le continent car l’Afrique « a besoin d’avoir des relations avec l’ensemble du monde ». Bon nombre de dirigeants africains apprécient que Pékin ne pose pas de conditions à son assistance et ne « s’ingère pas » dans les affaires politiques. Le sommet s’est aussi penché sur les principales crises qui touchent le continent, la Côte d’Ivoire, la Somalie et la Guinée, où le président Lansana Conté tente de sauver son pouvoir et où la répression de manifestations a fait plus de 110 morts depuis début janvier. Le sommet a condamné ces violences et les « victimes innocentes ». Les chefs d’État ont ainsi « exprimé leur vive préoccupation devant la grave crise institutionnelle qui secoue la Guinée et porte atteinte à la sécurité des populations civiles et menace la stabilité régionale », dans une déclaration commune à la fin du sommet de Cannes. Ils ont « appelé les autorités guinéennes à honorer leurs engagements conformément à l’accord signé le 27 janvier avec les syndicats afin de préserver la paix et la sécurité de tous les Guinéens dans le respect des principes démocratiques ». En Guinée, au quatrième jour de l’état de siège, la situation restait calme dans le pays, en l’absence notable de manifestation hier, alors que la présence militaire a été réduite dans les rues de Conakry et que les tirs d’intimidation entendus ces derniers jours ont totalement cessé. Mais s’est également le Darfour (ouest du Soudan), la pire crise en Afrique, qui a dominé le sommet. Présent à Cannes, le président Omar el-Béchir a campé sur une position intransigeante, réitérant son opposition au déploiement des forces de l’ONU pour tenter de mettre fin à une guerre civile qui a fait 200 000 morts et 2,5 millions de déplacés depuis 2003 et menace de déstabiliser toute la région, dont le Tchad et la Centrafrique. Ces forces « mettraient pratiquement le Soudan sous tutelle », a-t-il accusé, sans entendre l’appel de M. Chirac appuyant le déploiement d’une force de paix. Paris n’aura réussi qu’à obtenir une vague déclaration de principe, signée par M. Béchir, Idriss Deby Itno (Tchad) et François Bozizé (Centrafrique), qui se sont engagés à ne pas soutenir de rébellions à partir de leur territoire respectif.
Les dirigeants africains ont dit adieu au président français Jacques Chirac, en fin de mandat, lors du 24e sommet Afrique-France de Cannes (Sud) dominé par les violences en Guinée et le sanglant conflit du Darfour.
Plus de trente chefs d’État africains ont salué une dernière fois, parfois avec émotion, « Chirac l’Africain », 74 ans, qui s’apprête à se retirer de la...