Bonne humeur et bonnes affaires lors de l’événement mondain viennois de l’année Le Bal de l’Opéra, un déluge de luxe et de beauté

L’évènement mondain viennois de l’année, la 51e édition du Bal de l’Opéra jeudi soir, a une nouvelle fois été parfaitement à la hauteur de sa réputation avec un déluge de luxe et de beauté parmi les 5 000 personnes présentes, sans oublier le zeste de showbiz avec « la » Paris Hilton. La venue de l’héritière de la chaîne d’hôtels américaine a constitué le point fort médiatique de la soirée. Le crépitement des flashs des photographes à son arrivée, fort commentée dans le public, a largement dépassé celui réservé ensuite aux membres du gouvernement, même si tous, de gauche et de droite, affichaient un large sourire face aux caméras. Dans la loge de son hôte, le magnat de l’immobilier Richard Lugner, la starlette Paris Hilton, chèrement payée pour venir selon la presse populaire, faisait la moue et jouait avec son téléphone portable entourée de sa famille. La pluie battante semblait avoir refroidi les manifestants, dont à peine une centaine avaient fait le déplacement en début de soirée devant le prestigieux Opéra. Il y avait essentiellement des défenseurs des animaux protestant contre les manteaux en fourrure des convives en diffusant sur des écrans devant ses portes des films sur la cruauté du dépeçage des bébés phoques. Quelque 300 policiers avaient été postés aux abords. Le programme musical a alterné entre ballets des jeunes élèves de l’Opéra et extraits d’une nouvelle mise en scène de Manon Lescaut du compositeur français Jules Massenet. Nouveauté inédite à la Wiener Staatsoper, son directeur Ioan Holender, déguisé en cocher, a accompagné en scène sur une calèche authentique tirée par un vrai cheval la diva Anna Netrebko. D’origine russe, Anna Netrebko, autrichienne depuis l’été, a ensuite interprété, gratuitement, trois airs dont Je suis encore toute étourdie, fort applaudie par le public aux anges. La première entrée en scène des 176 couples de débutants et débutantes en queue de pie, robe blanche et diadème de pierres vertes a été plus crispée. Mais la Polonaise de Chopin et la polka française Bitte schön de Johann Strauss ont su les dérider avant qu’ils n’annoncent tous en chœur « Alles Walzer », invitation à la valse avec, tradition oblige, Le beau Danube bleu. Cet air avait été présenté en public pour la première fois il y a exactement 140 ans, le 15 février 1867 à Vienne. Alors que sur le parquet de la grande salle, les valseuses en robe de Sissi rivalisaient avec les tenues plus avant-gardistes à plumes et frou-frou, dans la loge gouvernementale les discussions et interviews télévisés – la soirée était retransmise en direct en Autriche – allaient bon train. Le chancelier Alfred Gusenbauer, sans médaille mais portant un ruban rouge antisida au revers du veston, venu avec sa compagne Eva Steiner pour sa première sortie mondaine, a trouvé la soirée « très sympa ». Dans sa loge, il a reçu son homologue slovène Janez Jansa, le romancier bulgare Dimitre Dinev et l’ex-président français Valéry Giscard d’Estaing. Ce dernier, visiblement ravi de sa soirée pour laquelle il avait revêtu une tenue de grand apparat bardée de médailles, a trouvé ce bal « charmant », en précisant y avoir été invité par « des amis autrichiens ». Peu après minuit, la valse a laissé la place aux rythmes de jazz dans la grande salle. Dans la salle de marbre, les tables de casino ne désemplissaient pas, et au 2e sous-sol, les plus ou moins jeunes se déhanchaient jusque fort tard sur des airs de disco. Enfin, à raison de 215 euros l’entrée pour une place debout, 16 000 euros pour une loge, 40 euros la coupe de champagne ou 7 euros la saucisse, les organisateurs espéraient bien faire cette année un bénéfice supérieur au 1,1 million d’euros de 2006.