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Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

Deux Liban, hélas ! Nos leaders ne font que critiquer l’autre camp, usant d’un langage indigne d’un homme politique. Ils n’essaient pas de remédier à la situation. Ce qui suscite l’amertume dans cette seconde commémoration de l’assassinat de Rafic Hariri, c’est la barrière barbelée entre les deux camps séparant un seul peuple qui a une même identité. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Une réponse vient à l’esprit : la mort de l’ancien Premier ministre représente une étape capitale dans l’histoire du Liban ; elle a bouleversé notre destin et notre vision du monde. Hariri a été l’unité de ce pays, il a pu effacer les séquelles de la guerre. Il s’est dévoué pour le pays, qu’il le voulait prospère. Aujourd’hui, on est en train de tuer son rêve, de l’écraser de notre haine. Rafic Hariri, personne n’avait tenté de faire ce que vous avez réalisé. Après votre mort, les Libanais sont devenus aveugles, inconscients ; ils ont oublié vos propos, ils se sont divisés, ils se sont entre-tués. Lors de la seconde commémoration de votre tragique disparition, l’unité que vous avez eu tant de mal à édifier a volé en éclats. Le Liban est devenu une scène affligeante : deux Liban que chacun conçoit à sa guise, oubliant que les gens de l’autre côté sont leurs frères et non leurs ennemis. Lama BADRAN Réveillons-nous ! Est-ce que le Liban va continuer à payer le prix de toute guerre ou opinion dans le monde ? Est-ce que nous continuerons toujours d’appliquer le principe « celui qui n’est pas avec moi est contre moi » ? Est-ce que commémorer l’assassinat d’un homme comme Rafic Hariri doit être pour l’opposition une source de critique contre le gouvernement ? Est-ce que nous ne pouvons pas voir ce qui est visible, à savoir que le peuple libanais veut vivre en paix ? Est-ce que nous ne voyons pas qu’il n’y a pas de majorité réelle ni dans un camp ni dans l’autre ? Est-ce que la majorité silencieuse, qui est progouvernement en grande partie, ne compte pas ? Est-ce que c’est difficile d’être avant tout libanais et, ensemble, de trouver des solutions libanaises ? Que celui qui n’a pas péché lui jette la première pierre. Au fait, où est-il celui-là ? De grâce, réveillons-nous et voyons ensemble ce qui est bon. Est-ce si difficile ? Assez de haine, assez de marchandage, c’est l’avenir de vos enfants qui est en jeu. Maud NASR Notre terre, nos ancêtres Mon rêve est le tien. Mon pays est le tien. Alors qu’est-ce qui me différencie de toi ? Ton père est là depuis des années, le mien aussi. Ton arrière-grand-père retournait la terre dans son village du Sud, le mien la retournait dans son village du Nord. C’était la même terre : elle était sacrée, elle l’est encore aujourd’hui. Mon arrière-grand-mère faisait le signe de croix en direction de son mari quand il quittait pour labourer la terre. C’était le bon vieux temps. Ton arrière-grand-mère, elle, lançait à son époux : « Allah maak. » Une bénédiction comme une autre afin que Dieu accompagne les maris. Elles étaient sœurs, ils étaient frères… Mais nous, qui sommes-nous aujourd’hui ? Que sommes-nous devenus ? Notre terre est la même, nos ancêtres sont les mêmes. Que seront demain nos enfants ? Nicole ABDUL-MASSIH Montréal L’exemple du Canada Je suis libanais d’origine, natif de Kfaryachit, près de Zghorta. Je vis depuis 1975 au Canada et, plus précisément, au Québec. Je vais presque tous les ans au Liban voir mes deux sœurs et mes lointains parents. Je suis choqué par ce qui se passe dans notre beau pays. Je ne peux comprendre et ne peux concevoir que des gens puissent faire autant de mal au Liban. Le Hezbollah et ses partisans ne comprennent pas et ne veulent surtout pas comprendre en prônant le dialogue sans violence. La liberté d’expression se doit d’être respectée. Je suis pour un Liban libre, qui a le droit de décider lui-même de ses valeurs et de ses croyances. Je suis pour un Liban laïc, où tous les Libanais, quelle que soit leur religion, pourront vivre ensemble. Je suis pour un Liban où le gouvernement respecte les citoyens et les protège, et surtout où l’égalité existera entre les hommes et les femmes. Je rêve d’un Liban avec les belles valeurs que nous avons au Canada, avec notre charte des droits et libertés. Je prie fort pour la paix au Liban. Toufic El-DAHER Québec – Canada Jamais banalisée Nous réagissons face à tout phénomène nouveau. Nous nous méfions de l’inconnu. Nous nous protégeons de l’étranger. Nous nous indignons quand nous jugeons une chose contraire à nos mœurs ou incompatible avec nos valeurs. Or quoi de plus inquiétant qu’une bombe ? Quoi de plus choquant que des morts par dizaines au quotidien ? Quoi de plus révoltant qu’un élève innocent soit assassiné du seul fait qu’il ait choisi d’emprunter, comme tous les jours, à la même heure, son bus pour se rendre à la fac ? Quoi de plus triste qu’une femme soit tuée alors qu’elle avait choisi un moyen pratique et économique pour pouvoir visiter sa mère ? Quoi de plus horrible qu’un homme ait perdu la vie en voulant gagner son lieu de travail ? Quoi de plus déprimant qu’un adolescent ayant fait confiance à l’État et à la sécurité, qu’il est supposé instaurer en choisissant ses services publics, ait été gravement blessé ? Ce sont des images vues à la télé, des images de citoyens libanais, des images de Libanais innocents, pacifiques, impuissants, victimes. Ce sont des images comme tant d’autres, qui relatent explosions, décès, sang, pleurs, orphelins, injustice. Des images qui se répètent inlassablement, se faisant à chaque fois plus violentes, plus tragiques, plus cruelles, mais surtout plus normales. Oui, normales. À force d’observer bombes et crimes, le paysage s’est fait habituel, la scène sans grande importance, la mort facile. L’habitude de la mauvaise nouvelle a eu pour effet de la banaliser. Il suffit de zapper, de changer le cours de la discussion, de penser à autre chose, de détourner le regard pour que l’image disparaisse. La mort s’est faite si fréquente qu’elle ne provoque plus la réaction qu’elle mérite. Impuissant, le citoyen libanais semble accepter son sort et restreindre la gravité du problème. Il m’est facile de zapper. Plus difficile de réagir. Je sais que ma réaction est pathétique. Mais je n’ai pas le droit d’habituer mes yeux à ces crimes. Même répétés, ils ne feront jamais partie du domaine de l’admissible. Même en quantité, ils ne refléteront jamais mon quotidien libanais. Même anonymes, ils n’échapperont jamais au jugement sage des bons citoyens que nous sommes. Tant que nous refusons de banaliser l’image véhiculée, nous ne serons pas en danger. Karen AYAT
Deux Liban, hélas !

Nos leaders ne font que critiquer l’autre camp, usant d’un langage indigne d’un homme politique. Ils n’essaient pas de remédier à la situation. Ce qui suscite l’amertume dans cette seconde commémoration de l’assassinat de Rafic Hariri, c’est la barrière barbelée entre les deux camps séparant un seul peuple qui a une même identité. Pourquoi...